Abel Ferrara avait déjà fait dans le drame sulfureux avec "Bad Lieutenant" mais là il va au delà en voulant transposer à l'écran l'affaire DSK en prenant bien soin de nous dire textuellement que tout reste fictif, bon d'accord ... Je ne m'était pas forcément passionné pour ce fait divers mondial, je l'ai plus subis qu'autre chose, en avoir une vison romancée pouvait être intéressante d'un certain sens, et revoir Depardieu dans un premier rôle me semblait suffisant pour me convaincre de voir ce film, au delà de tout son abattage médiatique. Le long métrage démarre curieusement par une conférence de presse intimiste de Depardieu himself déclamant sa haine des politiques et sa dérision de les interpréter, sorte de petit clin d'œil de son "devoir" en tant qu'acteur et pour d'ores et déjà se dédouaner directement de ce choix d'incarner DSK. La première demi heure nous montre cet homme de pouvoir assoiffé de sexe, qui a tout ce qu'il veut, qui manipule les femmes comme des objets, son apparence est énorme et monstrueuse, baisant comme un animal en rut poussant des grognements, ça en devient franchement gênant ... Le film prend un tournant suite à la séquence du viol du personnage de Nafissatou Diallo, c'est même limite si il ne commence vraiment qu'à ce moment là, ce déluge de sexe n'était présent que pour insister sur la pathologie addictive de Devereaux, la suite s'avérera plus sérieuse. La séquence de l'arrestation et de mise en garde à vue est plutôt maîtrisée, Ferrara prouve ses qualités de metteur en scène, Depardieu se ballade, même si on n'échappe pas au malaise de le voir nu comme un verre bedonnant remontant son froc tel Obélix, ayant un mal de chien à remettre ses chaussettes. Second personnage principal du film, celui de Anne Sinclair interprété par Jacqueline Bisset, introduite lors d'un repas entre membres de la communauté juive la remerciant pour son action, drôle d'idée d'appuyer cet aspect, la remarque "casque ou capuche" durant l'arrestation m'avait déjà interpelé, et s'en suivra également une remarque étrange plus tard dans le film de Devereaux à son épouse faisant allusion au passé de sa famille durant la fin de la seconde guerre mondiale "1945 une grande année ! Garde le ton fric", cela peut il être rattacher à de l'antisémitisme ? Peut être, provocation ?; elle est dépeinte comme une femme d'influence ayant pour obsession la campagne présidentielle de son mari à laquelle les événements devrons la contraindre péniblement à s'y résoudre. Les dialogues Depardieu / Bisset sont brillamment interprétés même si ils paraissent par moment faiblards au niveau de l'écriture, la qualité de la mise en scène masque ces petits défauts. Ferrara va encore un peu plus loin dans la provoc' avec cette réplique de Devereaux face caméra "qu'ils aillent tous se faire enculer !", message à nous, public qui jugeons cet homme, ce personnage, ce film ... La dernière demi heure est clairement la plus intéressante, avec cet individu tiraillé entre son égoïsme, son déni, son fatalisme et ses regrets éternels, bien que la finalité de l'affaire soit un peu prémâchée (séquence authentique de l'avocat de Diallo devant la presse, fiction toujours ?). Le film se termine en présentant Devereaux comme un homme abattu qu'il faut soi enterrer soi pardonner, l'ultime regard caméra au spectateur nous laisse volontairement comme seul juge ... "Welcome to New York" est un long métrage osé, dont finalement on se demande le réel intérêt mis à part jouir de son côté sulfureux et subversif, il a le défaut d'être sorti un peu tard, la vague est passée, je n'en retiendrais personnellement que son excellente mise en scène, ses quelques traitements thématiques intéressants et le charisme de Depardieu.