John Carney signe ici un film délicat, une œuvre dédiée à son amour pour la musique populaire anglo-saxonne. New York Melody, c’est du moins son titre en version française, s’affiche comme une comédie sentimentale à peine voilée d’une certaine naïveté, là où les mélopées musicales et les doux projets rêveurs font se réconcilier les âmes. Le propos est donc sans ambivalence, classique jusque dans sa manière de faire se retrouver des êtres dans une ville de New-York qui joue une nouvelle fois un rôle majeur aux cotés des comédiens. D’une solitude insondable, d’une dépression naissante ou d’une situation professionnelle délicate débarque pour réchauffer les cœurs le projet audacieux d’un enregistrement sauvage d’un album aux quatre coins de Manhattan. Pourquoi pas.
Issue d’une bourgeoisie britannique en quête de célébrité Outre-Atlantique, Greta, alias Keira Knightley, se retrouve seule, larguée par son artiste de compagnon. Elle tombe par hasard, en interprétant une chansonnette de son cru, bon gré mal gré, devant une petite assemblée indifférente, sur un producteur à la ramasse. De leur rencontre naîtra un ambitieux projet qui donnera du baume au cœur, d’une manière dont l’Amérique sait dépeindre les nouveaux départs. Concrètement, le film n’affiche que très peu d’ambitions si ce n’est de faire partager l’amour du cinéaste et de la production indépendante pour la musique, sa composition, son élaboration et le succès qui peut en découdre. Les séquences musicales, passablement nombreuses, sont riches de sourires et d’émoi, des instants de grâce naïfs qui nous font oublier, ou du moins qui tentent de nous faire oublier, que la vie n’est pas facile en ce bas monde.
En dépit des maigres prétentions d’un tel film, certes léger et attachant, le casting ici est solide. Outre une Keira Knightley qui semble savoir s’y prendre pour jouer à la fois la faiblesse du démuni et la force du conquérant, au look exécrable, au passage, John Carney peut compter sur une réelle prestation de qualité de la part de Mark Ruffalo. D’ordinaire impeccable mais surtout discret, le comédien trouve ici matière à sortir de son petit numéro ordinaire en composant un personnage aussi complexe qu’attachant. L’acteur incarne ici l’espoir, le renouveau et surtout, à nos yeux, le divertissement. Il est en somme le force première de cette comédie, le moteur de notre curiosité alors qu’à plusieurs reprises, on pourrait se lasser des mésaventures de la chanteuse et compositrice qui prend sous son aile.
Que dire de plus de New York Melody si ce n’est que le film est sympathique, aussi lisse qu’une peau de bébé, aussi malveillant qu’une heure de cartoons sur une chaîne publique le dimanche matin? John Carney démontre qu’il est un metteur en scène délicat, appliqué. Mais il démontre aussi un certain manque d’ambition tant son film est formaté, tant il s’applique à ne pas dépasser le cadre dans lequel il s’inscrit. Mais enfin, pour ceux que la musique pop new-yorkaise tente bien, ou pour les amateurs du genre, le film fera pleinement l’affaire. 12/20