James Wan est à l’épouvante ce que Spielberg est au divertissement, une machine bien huilée distribuant frissons à tout-va. On l’a découvert avec Saw, constaté avec Insidious et compris avec Conjuring : Les Dossiers Warren. Et, pour réaliser la passe de quatre, le réalisateur poursuit la franchise Insidious avec un Chapitre 2, reprenant les faits là où on les avait laissés. Mêmes acteurs, même maison, mêmes problèmes, mais d’une toute autre ampleur. Bien (trop) souvent, avec les franchises horrifiques, redonner un second souffle à un métrage peut s’avérer risqué, tant les probabilités d’échec sont nombreuses et difficile de combler un public surconsommateur il s’avère. Mais, dans une optique marketing, un succès engendre rapidement un petit frère. Alors, Insidious échappera-t-il à la règle ou confirmera-t-il que seul le premier ne vaille le coup ? Ce qui est facilement reprochable à un film d’épouvante, en général, c’est sa mise en scène, jugée trop classique ou adoptant des codes conventionnels vus et revus des centaines de fois (pigeons et autres matous censés provoquer la frayeur, personnages rassurés qui périssent finalement les premiers, twists finaux annonciateurs de cliffhanger plus ou moins bien amené). Mais, avec James Wan, la peur, la vraie, est toujours au coin de chaque porte, longeant chaque mur, blottie dans chaque placard. Insidious 2 ne déroge pas à la règle : dans un environnement des plus angoissants, où la BO mélange violon diabolique et piano effréné ; le spectateur se retrouve embarqué dans un train fantôme sombre et glauque dans lequel la musique joue d’elle-même et les démons appa/dispa-raissent comme l’éclair, revenant avec brutalité sans crier gare. Acteur d’une tension palpable irréprochable, James Wan catapulte ses effets bus avec brio et répond au passage à quelques interrogations du premier Chapitre. Un travail de fond louable, qui contribue à la satisfaction générale et dont la finalité se retrouve d’autant plus dans sa finesse narrative. Inversement, ce qui handicape le film, c’est le goût de réchauffé qu’il transmet quasi-immédiatement. Certes, les ingrédients restent les mêmes, mais quitte à proposer une recette semblable, autant éviter l’opportunisme de conserver le même fil conducteur. En effet, les similarités d’avec le premier sont nombreuses, à quelques détails près. L’intrigue secondaire, d’ailleurs, aborde un côté jusque-là inexploré, mais ralentit le récit et lui confère un sentiment d’inégalité. Enfin, comme dans le premier, décrédibilisant le reste, l’humour relativement niais des deux experts tend à tirer le film vers le bas. Ainsi, ce qui est regrettable avec cette séquelle, c’est la présence d’éléments perturbateurs dans une chronique pourtant sérieuse (le mariage humour/horreur ne fonctionne pas, les dialogues longs et répétés entraînent léthargie). Toujours prenant dans la forme, mais victime dans le fond d’une vieille image de recyclé, Insidious : Chapitre 2 est donc le fantôme de trop sur le polaroid. A défaut d’obtenir le même niveau qu’avec le premier, consolons-nous d’avoir ressenti la même terreur. Est-ce un signe que James Wan change de direction, prenne de la vitesse, et soit prochainement derrière la caméra de Fast and Furious 7 ? Réponses l’an prochain.