L’objet étudié ici s’appelle Hit and Run, n’est pas une mauvaise traduction française, est réalisé, écrit et monté par un acteur, sympathique à défaut d’être vraiment génial, Dax Shepard. Oui, ça ne sent pas très bon.
Les 15 premières minutes sont pénibles, le film ne semble aller nulle part et manque de rythme. Et là, la grosse surprise intervient : il se trouve que le deuxième film du duo David Palmer / Dax Shepard est une œuvre étonnante, pleine de chaleur, de cœur, écrite avec talent par Dax Shepard himself, qui en signe aussi le montage. Le couple principal, aussi uni à la ville, est vraiment excellent, avec une alchimie proche de la perfection, et les seconds rôles ne déméritent pas. Michael Rosenbaum, Tom Arnold, Jess Rowland et le trio de méchants débiles Bradley Cooper, Joy Bryant et Ryan Hansen sont fabuleux. Comme dit auparavant, le film vaut surtout pour ses dialogues plus que pour son postulat de départ, très peu original. Ceux-ci sont très soignés, bourrés de bons mots dont un magnifique : "Un flingue, c’est comme un micro. Tu l’as pas, tu la fermes", des gags amusants et jamais vraiment offensants (le personnage gay est un modèle du genre, jamais grande folle, toujours très drôle et limite touchant) et des échanges mouvementés mais toujours réalistes entre Kristen Bell, toujours aussi malicieuse et Dax Shepard, qui peut ici expérimenter de nouvelles choses dans son jeu.
Fait pour 2 millions de dollars, Hit and Run possède pourtant des cascades en voiture vraiment efficaces, assez novatrices et accrocheuses pour satisfaire un spectateur en manque d’action. De plus, la mise en scène des deux compères évite l’écueil principal des films d’action fauchés : pas trop de chichis cache-misères, les ralentis et accélérés sont logiques et on évite les ellipses honteuses. Mais où le talent de Shepard et Palmer se dévoile, c’est dans le choix de la bande-son, dans sa richesse et dans son placement. On notera tout particulièrement la meilleure utilisation d’une chanson dans un film en 2012 : "Pure Imagination" de Lou Rawls lors du démarrage d’une course poursuite. Impensable, original et purement jouissif. D’autres grandes chansons comme "Sweet Emotion" sont à recenser. Au total, c’est 50% du budget qui est passé dans la musique. Ca se sent et c’est utilisé à bon escient tant elle participe au bon ressenti du film.
Hit and Run ne ressemble à aucun film de ses 20 dernières années, de par sa chaleur, son talent comique et ses acteurs vraiment excellents. Si Dax Shepard voulait réaliser son Smokey & The Bandit, il n’aurait pu mieux faire. En plus y’a Jason Bateman dedans. Et ça, ça c’est remarquable.