« La forêt d’émeraude » est un conte réaliste de John Boorman…
C’EST UN CRI !
Voici : le monde rétrécit ! C’est en tous cas ce que ressent le grand sage indien guide et mémoire des Hommes Invisibles…
Un monde en rétrécissement dans toutes ses dimensions : la forêt, poumon de la terre qui s’étiole sous la charge puante et bruyante des gros engins de chantier, le cours des eaux enchaîné dans le béton des digues des barrages, la pollution morale par des avoirs factices (ici des armes), par la prostitution et par l’alcool… Et, plus profondément, par la perte de l’union homme/nature…
Plus qu’un rétrécissement c’est plutôt d’entropie, d'ailleurs, qu’il est question dans ce film initiatique… De désorganisation irréversible…
Car ce que nous désignons sous le terme de progrès, ou de civilisation aboutit, dans la réalité, à la déstru...cturation de relations, de liens établis sur des périodes multi-millénaires entre les composantes physiques et organiques gérant la partie superficielle de notre globe : atmosphère (destruction de la couche d’ozone, disparition des calottes glaciaires…), climat (gulf-stream en perte de vitesse d’où modification du cours des cyclones/anticyclones…), biodiversité (chaque année des dizaines d’espèces disparaissent…), déséquilibre des biotopes, pollution (effluents et déchets radioactifs ayant des périodes se comptant en milliers d’années…), appauvrissement génétique global du fait des manipulations…etc…
Boorman prend l’exemple de l’Amazonie, d’un petit groupe d’hommes en Amazonie… Il ne cherche pas à faire œuvre ethnographique… Les acteurs ne sont pas des indiens vivant sur le mode traditionnel… Et, preuve de l’importance du thème abordé pour Boorman, c’est son fils qui joue l’un des rôles clés !
La photographie, comme il se doit, est magnifique…
Et la musique assez imbuvable !
On insiste sur le fait que le film est inspiré d’une histoire vraie… Ce n’est à mon avis que très secondaire…
Boorman à sa façon illustre le propos de Rousseau : l’homme fondamentalement bon est perverti par la société…
Et c’est par là peut-être que le film montre quelques faiblesses…
Les bons sauvages mènent une vie quasi-idyllique ! Et il leur arrive même de communier (buvez en tous car…)
Et dès que vous aurez entrevus les jeunes filles de la tribu, des bombes sexuelles, vous n’aurez qu’un désir! De foutre le camp en Amazonie !
(Boorman, gros cochon !)
Autre faiblesse, un manichéisme effarant : Les féroces pervertis par les occidentaux (le Diable c’est l’Occidental) sont toujours sur le pied de guerre, n’ont de cesse que de se procurer des bâtons de feu, et comme par hasard, ils ont le teint bien plus foncé que celui des invisibles ! Eux sont beaux, doux, gentils, amoureux, pacifiques... Et ils ont le teint clair!
Allons ne boudons pas notre plaisir.
Le film est un splendide plaidoyer pour la sauvegarde de la forêt amazonienne…
Si seulement le propos était suivi d’effets !
FILM IMPORTANT, MESSAGE IMPORTANT !