Le film excelle sur deux points: son esthétique et son jeu d'acteur qui sont tout de même loin d'être des détails dans la qualité finale d'une oeuvre, et pourtant.... Une chose est sûre tout de même c'est que j'ai rarement vu un film si mauvais être si bien réalisé et interprété. Esthétiquement donc c'est de grande qualité, les plans sont étudiés, les couleurs également et les mouvements de caméra effectués avec beaucoup de précision, ce qui est toujours agréable à voir. A l'écran tout le monde est invité; Fassbender, Cruz, Diaz, Bardem, Pitt et bien d'autres. Et malgré les caricatures idiotes et bourgeoises que sont les personnages qu'ils campent, tous offrent de très belles performances, pas grand chose à redire sur ce point. Encore que le casting fasse un peu cache-misère et que l'affiche soit représentative du film hormis sont titre Français très mal choisi, n'affichant que les têtes d'affiche (j'ai perdu mon dictionnaire des synonymes) et rien d'autre. Très franchement dès le premier coup d’œil sur l'image on sent que le film ne proposera pas grand chose de plus. Et bingo. Une belle image et une bonne interprétation, en un mot une belle forme c'est très bien. Seulement si le fond ne signifie rien, n'a aucun message, aucun but ni même une construction,alors le film est raté ! Et ce malgré le talent de l'équipe technique, ce ne sont pas eux qui lisent le scénario, du moins si Scott se donne encore la peine de le faire. D'abord Prometheus puis ça, franchement j'en doute. L'intérêt du film c'est simplement ça: suivre un homme qui se retrouve dans la merde avec les cartels, et c'est dingue qu'un scénario comme celui-là qui tient sur un bout de post-it puisse se révéler aussi (inutilement) compliqué et ne se réveiller qu'après une heure d'acte 1 (!) interminable qui radote encore et encore. En fait c'est parce que Ridley Scott s'évertue pendant tout le film à boucher les trous pachydermiques du scénario et use de moult tentatives toutes plus ratées les unes que les autres. On retrouve çà et là du symbolisme qui tente de relier l'intrigue à l'histoire des USA, à l'instinct de prédateur, à une quelconque psychologie de comptoir...à la vie quoi. Il s'amuse aussi à faire dériver les scènes de dialogues (enfin, plus proches des monologues que d'autre chose) vers des sujets qui s'écartent complètement du sujet de base, qui s'enchaînent sans réel lien entre eux. Sauf que non, n'est pas Tarantino qui veut. Si ça marche chez Tarantino c'est parce que ses personnages ont quelque chose à dire. Ici rien alors quand ils ont fait le tour de tout le symbolisme poussif qu'ils peuvent ajouter, ils parlent de...oh j'ai compris. Je crois en fait que si toute cette histoire de cartel est vide et sans intérêt, c'est qu'elle ne sert qu'à développer ce qui est visiblement le plus important aux yeux de ce vieux réalisateur libidineux de Ridley Scott. J'entends par là ENCORE ET TOUJOURS PLUS D'HISTOIRES DE CUL BORDEL !!!