Voilà une drôle de film...
Notre cher Ridley a la désagréable habitude d'être inégal, et voir un de ses films, c'est forcément prendre un risque..
La bande annonce, un vrai petit bijou au demeurant, annonçait une couleur bien sombre, esthétisante, sur un fond sonore plutôt bien vu... Un film de gangster en costume, comme Hollywood nous en abreuve depuis plusieurs décennies. Et bien... Pas du tout ! Pris à revers dés une première scène, dans un face à face intime sous les draps, ou notre place de spectateur devient bigrement inconfortable.
Et la suite part là où l'on ne l'attend pas.
Le postulat de préconçu vole en éclat, et l'on va être pris dans une toile d'araignée gluante, faîte de cynisme, de manipulations et de prédateurs. S'en sortir n'est même plus possible. Des dialogues au scalpels, d'une rare intelligence, pointus, incisifs et justes, vont prendre le pas sur l'action qui est peu présente dans ce jeu macabre. Tel le vrai prédateur, en finesse, en observation, en souplesse, au jeu des faux semblants à plusieurs tiroirs, ce film déroule dans un mode peu vu au cinéma-blockbuster de ces dernières années.
Il n'y a pas pire violence que celle qui n'est pas dans l'effet visuel, mais dans la profondeur des âmes noires, des jeux de pouvoirs et le défi des apparences.
Alors évidemment, si vous êtes a-mateurs de muscles, cascades et tueries aux rythmes effrénés, vous risquez une grande déception. Ce n'est pas du tout le sujet.
Il s'agit de bien autre chose. Il s'agit de la vivisection de la chaîne alimentaire... Et ce n'est pas forcément facile. Mais c'est redoutable tant la construction est habile.