Gabrielle Vincent ne voulait pas de son vivant adapter son œuvre (ni n'en a donné l'autorisation)... Mais bon... Vu qu'elle est morte, hein !
Quand j'ai ouvert il a longtemps La Naissance de Célestine, j'ai pleuré. Et je ne peux ouvrir ce chef d'œuvre sans être infiniment ému.
Par conséquent, malgré la trahison de l'auteure de la série, je souhaitais voir ce que j'y trouverai. Et bien, rien. Ça n'a aucun rapport avec Ernest et Célestine. On a piqué le style de dessin et le titre... Mais aucun rapport entre ça et l'original. Ce n'est même pas une copie, c'est un vol.
Dans l'original il est sujet de paternité, de l'incompréhension d'une société contre un un ours qui non seulement décide de paterner, seul, mais d'adopter la différence (quoique les souris et les ours cohabitent). Les Naouri, les Rufo, tous ces pedopsys réacs doivent être bien content : c'est bien seule une môman qui peut s'occuper d'un bébé (Le Pseudo Ernest n'en fera pas la preuve) : Ici Ernest est juste un ami balourd, pas un papa... Gabrielle Vincent infirme tout cela - sans dire du mal des mamans (on est pas dans un épisode des papas montent sur une grue pour taper sur les méchantes mômans).
Ici, ben Ernest, c'est un opportuniste, et il ne trouve pas un bébé mais une souris déjà pré-ado... tout le parti pris anti-normes est évacué, ou presque. Ça me fait penser aux "nouveaux" pères qui ne s'intéressent à leurs gosses que pour jouer (les torcher, et se lever la nuit pour le biberon, ça non !), l'Ernest du dessin animé n'aura pas eu à changer les couches, de manière malhabile, mais avec tellement d'amour. Et pis là, de toute manière, Ernest est pas papa, c'est un ami. Ca change tout.
On se trouve dans le déjà vu 500 000 fois : le type bourru qu'il faut CONVAINCRE, parce qu'à la base, il est intolérant, ou qu'il s'en fout, plutôt (voire il est intéressé : il est prêt à bouffer la souris, le salaud !?). Et "Ernest" Et "Célestine" ne se choisissent pas, là... Ils finissent par faire contre nécessité bon cœur. Et puis tous ces flics ?! D'où ils sortent ! Là c'est de la science-fiction. Et Feu Gabrielle Vincent ne donne pas dans la science-fiction.
Alors certes, il y a procès, incendie à grand spectacle... Tout un tintamarre utilisant de grosses grosses cordes. Adieu simplicité, adieu lente révolte contre une société qui - comme la nôtre - nous ronge doucement par ses normes, et a juste besoin (c'est toute sa force) de nous emprisonner dans des cages mentales invisibles.
Ernest, le vrai, n'écoute que son cœur, et en subi les conséquences. Il paterne, donc, et connaît toutes les difficultés face à l'éducation d'un petit bébé. Certes, Célestine grandit (et connaît avec son papa plein d'aventures - d'ailleurs La Naissance de Célestine n'est pas le premier album, même si c'est bien le début de leur histoire), mais c'est avec son papa ours à ses côtés. Sans procès, sans grandiloquence. Juste de la tendresse. Pas besoin de noircir le trait, tout coule de source.
Émerveillez vous devant les albums de Gabrielle Vincent... Et vous comprendrez à quel point dans cette société certains sont prêt à tout pour se faire des succès sur le dos des autres. En trahison l'imaginaire, surtout quand il est décalé.
Dire que certains et certaines ne connaîtront que le film... Et ne verseront pas de petite larme en ouvrant la Naissance de Célestine. La seule scène du film, la seule selon moi, qui fait ressentir cette atmosphère, c'est quand l'ours et la souris s'étreignent après leur évasion réciproque - ça dure 8 secondes.
Parti de rien, créé et pas volé, ç'eût été mignon, bien que convenu... là, c'est loin, bien loin de la simplicité tout en douceur d'une auteure qui ne souhaitait pas faire de film.