Grand fan de la série "Les mystères de l'Ouest", j'étais assez curieux de voir ce que pouvait donner l'adaptation ciné de ce monument de cool attitude (et accessoirement gay friendly avant l'heure). L'annonce du casting, qui en avait déjà rebuté certains, m'avait presque enthousiasmé (qui était plus cool que Will Smith à l'époque ?) et la bande-annonce annonçait de l'action décomplexée. Malheureusement, "Wild Wild West" déçoit et ne peut s'en prendre qu'à lui-même puisque le film cumule les mauvais choix qui font oublier tout le reste. Ainsi, malgré des effets spéciaux plus qu'honorables (voire la tarentule géante) et un scénario pas inintéressant (à commencer par l'évocation de la construction des Etats-Unis sur les cendres encore chaudes de la Guerre Civile), on retiendra "Wild Wild West" comme une énorme trahison à la série d'origine... trahison qui s'explique par une volonté délibérée de céder aux sirènes de l'entertainement primaire (pour s'attirer la sympathique du public ado) et une faiblesse criarde face aux exigences de la méga-star Will Smith qui venait d'aligner quatre merveilles, à savoir "Bad Boys", "Independance Day", "Men In Black" et "Ennemi d'Etat". Résultat, le film n'est pas tant une adaptation que le "nouveau film de Will Smith", avec les recettes habituelles, c'est à dire omniprésence de la star à l'écran (au détriment de son partenaire Kevin Kline qui campe Arthemus Gordon), multiplication de vannes de bas étages et, bien évidemment, chanson-titre interprété par Will Smith himself à la gloire de son personnage. L'acteur a beau s'amuser (et s'avérer convaincant en cow-boy classe), il phagocyte totalement le projet, à tel point qu'on peut se demander pourquoi il a jeté son dévolu sur "Les Mystères de l'Ouest" au lieu de créer un univers inédit avec un cowboy solitaire. Ce show Will Smith rend les trahison à la série d'autant plus énervantes. A titre d'exemple, le diabolique nain Loveless (Kenneth Branagh, cabotin dans le mauvais sens du terme) est ici un cul-de-jatte revanchard et raciste, le coté fantastique (qui lorgnait parfois du côté des classiques horrifiques d'Universal ou de la Hammer) a totalement disparu au profit d'un déluge d'effets explosifs et, surtout, l'essence même du personnage de James West est foulée au pied, le petit blanc vaguement misogyne campé par Robert Conrad s'étant transformé en grand black homme à femmes. Même constat pour son comparse, Arthemus Gordon (Kevin Kline, donc, qui reste la plus grande satisfaction du casting et qui, accessoirement campe, également, le Président Grant) qui, en plus d'être relégué au rang de sous-fifre, est devenu une sorte de caricature d'anglais rigide alors que son alter-ego visuel brillait par son côté facétieux. Il va sans dire qu'on ne peut que regretter que les deux personnages ne soient pas placés sur un pied d'égalité et que leur complicité soit, à ce point, réduite. Pour le reste, les seconds rôles sont sans grand intérêt (Salma Hayek bombesque mais inutile, Ted Levine dans l'outrance, M. Emmet Walsh en conducteur de train...), les dialogues sont, la plupart du temps, lourdingues (les affrontements verbaux entre West et Lovelace, les explications poussives de West face aux Sudistes qui veulent le pendre...) et certaines scènes sombrent dans le grotesque (la danse orientale de West est très gênante). Pour autant, pour peu qu'on fasse le deuil de la série et qu'on pardonne ces défauts, on se prend à trouver la film gentiment attrayant dans sa globalité, la réalisation rythmée, les décors soignés et la BO aidant à faire passer la pilule. Et puis, les films divertissants sur le Far West sont trop rares pour top faire la fine bouche... même si le film n'aurait pas du s'appeler "Wild Wild West" ! Will Smith a, d'ailleurs, été bien puni, le film marquant sa premier échec au box-office et la fin de sa suprématie à Hollywood.