Vivant à Los Angeles, Laurence Thrush a toujours été fasciné par le nombre de personnes qui viennent habiter dans cette ville sans y avoir de racines particulières et par le sentiment de solitude qu'elles éprouvent parfois. En faisant des recherches sur les personnes mourant seules dans la ville, le cinéaste a voulu faire un film sur ce sujet rarement abordé au cinéma et à la télévision.
Pour se documenter sur le sujet abordé par Pursuit of Loneliness, Laurence Thrush a longuement collaboré avec le département des coroners de Los Angeles, en allant sur le terrain avec les officiers de police. Il a aussi passé beaucoup de temps auprès du bureau du curateur, chargé de gérer les biens des défunts. C'est au contact de ces employés que le metteur en scène a pu définir la structure du film.
L'authenticité a été un maître mot tout au long du processus de création du film, comme l'explique Laurence Thrush : "Je voulais que le film renvoie de l'authenticité, que les personnages et les situations soient crédibles. Je voulais que le spectateur se sente immergé dans un véritable hôpital, au coeur de ces conversations privées, et qu'il soit captivé par l'histoire de cette vieille dame. Je ne me suis jamais vraiment posé la question de la distinction entre fiction et documentaire, je voulais juste que le spectateur croie ce qu'il voit et qu'il s'identifie à ce que vit ou a pu vivre le personnage anonyme central."
C'est pour donner plus d'impact au cadre de l'hôpital et à la plupart des scènes de nuit que Laurence Thrush a choisi le noir et blanc. Le réalisateur voulait également par ce procédé souligner le caractère dur et austère de ce qui se déroule. "A Los Angeles, la lumière est très directe, très aride, et je voulais capturer cette sensation de suffocation, de stérilité, de saison interminable où le temps semble s'être arrêté. Il y a quelque chose d'immuable, d'impassible dans les paysages de cette ville qui contribue à l'histoire."
Le choix des acteurs a été un travail de longue haleine, Laurence Thrush cherchant des gens n'aspirant pas à jouer dans un film et qui puissent apporter quelque chose à leur personnage en étant eux-mêmes. Il voulait des acteurs ayant un physique collant parfaitement à la réalité et que l'on voit rarement dans les médias, à savoir des gens âgés, malades, en surpoids, d'ethnies diverses, tous témoins d'une réalité tangible, celle de Los Angeles aujourd'hui.
Laurence Thrush a cherché, via le son du film, à donner l'impression au spectateur qu'il se retrouve par moments comme face à une langue étrangère dans cet hôpital, mais qu'il puisse suffisamment comprendre les propos des employés pour suivre la narration : "La première scène que j'ai écrite est celle du vieil homme hospitalisé qui réclame de l'eau la nuit. Ses appels répétés étant ignorés par le personnel soignant, il finit par boire l'eau du vase posé sur sa table de nuit. Les sons ambiants, les conversations à l'hôpital ou au bureau des coroners dans un jargon très technique, tout cela apporte de la texture à l'histoire et fait que les situations prennent vie."