Chris Columbus fait clairement partie de ses cinéastes qui ont tendrement marqués mon enfance, scénariste des Goonies ou de Gremlins, il a aussi mis en scène Home Alone 1 et 2, Mrs Doubtfire ou encore les deux premiers Harry Potter. Pour chacun de ses films j'ai un attachement particulier, d'une certaine manière j'ai un peu grandi avec le cinéma de Columbus même si il était loin d'être le seul cinéaste à me faire rêver et qu'il n'était pas spécialement mon favoris. Ces films disposait d'un charme fou, et d'ailleurs toute cette génération de film des années 80/90 était fantastique par leur naïveté touchante et leur sincérité à toute épreuve. C'est un charme que l'on ne retrouve plus aujourd'hui, ou alors très rarement et que l'on ne retrouvera sans doute plus car maintenant les grosses productions sont souvent plongés dans le cynisme et l'opportunisme. C'est ce dans quoi tombe Columbus malheureusement, après un très mauvais Percy Jackson qui essayait de naviguer sur le succès de Harry Potter voilà qu'il fait Pixels, un film assez rebutant dans ses intentions et dans son exécution. Déjà voir que Adam Sandler est lié au projet n'a rien de rassurant, il a toujours été un acteur autosuffisant qui à toujours besoin de ses moments de gloire et d'être mis en avant. Il n'y a donc rien d'étonnant de voir un Adam Sandler Show, ou celui-ci non content de sauver le monde, fait aussi la morale et explique en quoi sa génération est meilleure que celle des autres. Certes pour certaines choses on peut dire que "c'était mieux avant", mais c'est une chose que je ne dirais pas sur les jeux vidéos qui a connu des évolutions de mentalités assez intéressantes et qui se font plus ambitieux et abouti même si c'est encore loin d'être parfait. Surtout qu'ici le scénario veut valorisé l'ancien face au nouveau sauf que le film est incapable de traiter correctement ce qu'il veut toucher et tombe dans l'irrespect le plus totale. Au final, il traite les gamers comme de vulgaires ratés, l'un est un beauf tricheur et arrogant qui vit dans le passé, un autre est un paranoïaque qui vit encore chez sa grand-mère tandis que celui-ci qui a réussi dans la vie est un névrosé mais il n'a jamais vraiment été un grand fan de jeux vidéos tandis que le plus brillant des quatre dans le domaine du jeu vidéo à un job minable car il n'a aucune confiance en lui. Non seulement le film cumule les clichés de manière assez impressionnante mais en plus il crache allègrement aux visages des spectateurs qui voulaient juste voir un divertissement sympathique qui aurait aussi appuyé sur leurs nostalgies. Même les plus jeunes spectateurs ne pourrait pas s'y retrouver dans ce film très référencé qui peut en laisser plus d'un sur le côté. Ce film est donc destiné à personne, il ne respecte pas les gamers, anciens ou nouveaux, et ne fait même pas l'effort d'être un divertissement familial correcte. L'intrigue étant attendu et prévisible allant même très vite dans la résolution des péripéties, avec probablement un des climax les plus pauvres que j'ai vu depuis un sacré moment. Ici pas d'enjeux, pas d'humour et pas de frissons malgré une envie de se la jouer très Ghostbusters. Malgré tout il y a quand même quelques scènes d'humour assez efficace dans le film, notamment celle qui implique Josh Gad qui brille par leurs aspects politiquement incorrecte car c'est quand même assez homophobe et raciste par moments mais il faut reconnaître que ça marche. Mais ça montre aussi que le film ne respecte vraiment rien dans sa vision des gamers allant même dans la misogynie car oui même si le film fait des gamers les sauveurs du monde, il en reste des êtres abjectes et ce qui est le plus abjecte c'est que pour le film cela parait normal. Ici les femmes ne sont que des trophées, des stéréotypes sans personnalités qui ne sont là que pour donner un but concret aux hommes, celui de pouvoir conclure à la fin du film. Les femmes ne sont réduites qu'a des objets sexuelles, avec la femme tirée d'un jeu qui est sexy et muette présentée comme la "femme parfaite", d'ailleurs c'est la seule qui n'est pas en pixels pour bien que un des héros puisse coucher avec elle, cela prouve le niveau du film... On a aussi la parfaite femme au foyer, qui fait des gâteaux pour son petit mari qui est d'ailleurs le président, et la vision que l'on a de la première dame c'est une femme présente et silencieuse qui fait la cuisine ! C'est honteux et réducteur. Tout comme le personnage féminin principal, qui est d'abord présenté comme une femme vénale et opportuniste qui ne s'intéresse au héros que parce qu'il sauve le monde. Ici les femmes ne sont pas des personnes, ce sont des récompenses, des objets que l'on peut noter et réclamer à sa guise, que l'on peut tout simplement acheter comme bon nous semble. Le scénario du film est tout simplement irrespectueux et avilissant, comment peut on oser faire un truc pareil en 2015 et surtout pour un divertissement familial qui va attirer des jeunes. C'est ça les leçons qu'ils veulent qu'on en retirent ? J'ai jamais vraiment compris comment on a pu tomber dans la misogynie, le racisme et l'homophobie par le passé mais je comprends encore moins comment on peut encore persévérer là dedans aujourd'hui, preuve que les mentalités n'ont pas évolués et qu'elles ne sont pas prêtent de le faire. Pour le casting c'est pas glorieux non plus, Adam Sandler est assez mauvais comme à son habitude, la seule fois où je l'ai vu vraiment bon c'était dans Punch-Drunk Love, Kevin James est égal à lui-même, c'est à dire assez insignifiant tandis que Peter Dinklage s'en sort assez bien sans pour autant faire des étincelles, son look vaut néanmoins le détour, et Josh Gad sauve les meubles comme il peut. Gad est d'ailleurs un acteur assez brillant, arrivant à être poignant dans les rôles dramatiques comme totalement hilarant dans la comédie. Ici même si il n'est pas dans un grand rôle il s'en sort admirablement, il est pour moi un savant mélange entre Jack Black et John Belushi, tout proportion gardée évidemment. Pour ce qui est du reste des acteurs ils sont tout aussi inégaux, certains caméos sont sympathiques sans plus et la pauvre Michelle Monaghan essaye de garder la tête hors de l'eau et peine à marquer, faute à un rôle catastrophique. Sinon la mise en scène de Chris Columbus ne profite pas du propos du film pour se montrer inventive et tenter des choses. Néanmoins même si elle va pas au bout du potentiel du film, elle se montre très efficace et maîtrisé avec même quelques scènes d'actions plutôt sympathiques. Notamment la course poursuite qui implique Pac Man qui se montre parfois ludique dans certaines astuces de mise en scène. D'ailleurs le montage du film se montre assez habile dans certaines transitions et assure un rythme soutenu au film. La photographie se montre très travaillé et plutôt léchée, les effets spéciaux sont globalement réussis mais en terme d'ambiance on est quand même assez loin du court métrage dont le film s'inspire. Ce qui fait que le film ne sera pas à la hauteur des promesses du court métrage ce qui est relativement dommage, car malgré quelques fulgurances de réalisation, on reste devant une comédie américaine classique et calibré. En conclusion Pixels est un mauvais film car il ne respecte rien, ni ses personnages, ni ses spectateurs, ni même la culture dont il s'inspire et du court métrage qu'il adapte. On est en face d'un film misogyne, rarement drôle et peu inventif tout en étant pas très bien joué. Après tout n'est pas à jeter non plus, le film est certes rarement drôle mais il l'est quand même à quelques reprises mais surtout le film est relativement bien filmé. Chris Columbus reste un metteur en scène inspiré et il le prouve encore même si il aurait pu clairement être plus inventif. Même si le film tente de toucher la corde nostalgique, il n'y parvient pas faute à un opportunisme trop présent et qui rebute. Certains peuvent se dire que c'est nous en grandissant qui devenons cynique et qui ne se laisse plus émerveillé, ce qui est peut être vrai mais ce n'est qu'une partie de la réalité. Car certains films arrive encore à toucher à cette nostalgie des films des années 80, comme par exemple le cinéma de J.J. Abrams avec notamment Super 8 qui renvoyait directement à l'âge d'or production Amblin. Plus récemment il y a eu Tomorrowland, qui malgré son aspect pub pour un parc d'attraction arrivait à retrouve cette émerveillement naïf de notre enfance malgré quelques défauts, ou encore Mad Max Fury Road. Pourquoi de telles réussites ? Qu'est ce qui différencient ces films aux autres ? Tout simplement parce qu'ils sont dirigés par des cinéastes passionnés, qui font leurs films avec leurs cœurs et leurs tripes. Des films de passionnés pour des passionnés, qui font passer leurs amours de leurs disciplines avant les impératifs du studio pour toucher au plus profond de notre imaginaire et nous donner tous ce que l'on peut attendre d'un grand cinéma de divertissement. Ici on est juste en face d'une entreprise autosuffisante qui n'est là que pour faire du profit en se fichant de ce qu'elle touche et de comment elle le touche.