Mohamed Hamidi, metteur en scène très présent dans le milieu humoristique (Jamel Debbouze, Malik Bentalha, Abdelkader Secteur), réalise son premier film, Né quelque part, et réunit à l’écran ces comiques avec lesquels il travaillait déjà, dans une quête identitaire issue de son propre passé. Alors que son père est malade, Farid (Tewfik Jallab) doit se rendre en Algérie pour empêcher la destruction de la maison familiale. Arrivé là bas, son cousin (Jamel Debbouze) lui vole ses papiers et part en France… Farid doit alors faire face à ses origines puisqu’il est coincé dans un petit village algérien. Pourtant il ne connaît rien de son pays, ni de sa langue. Il s’embarque alors dans une épopée à la fois drôle et éprouvante.
Le film qu’on pourrait croire, à première vue, réalisé pour un public ciblé, sort de ce carcan pour rappeler à tout à chacun ses origines, peu importe sa culture. Un scénario accessible mêlé à une histoire émouvante est une recette qui a fait ses preuves dans le cinéma. Et c’est avec brio que le réalisateur réunit humour et situations délicates, une véritable comédie dramatique avec un fond incontestablement politique. Si l’originalité n’est pas le point fort de la production, les acteurs arrivent à créer une impression de proximité qui permet d’émouvoir de le spectateur. On notera la performance attachante et très juste du jeune Tewfik Jallab accordée aux élans comiques de Malik Bentalha et Abdelkader Secteur. Jamel Debbouze reste en retrait, il disparaît après la première demi heure et laisse le champ libre à la nouvelle génération, pour le meilleur !
Mais malgré, un casting sans faute, le film n’échappe pas aux clichés. Même s’ils ne sont pas pleinement exploités, la présence d’un cousin algérien un peu voyou, d’un français faisant des études de droit, met en avant la volonté de Mohamed Hamidi d’opposer les deux sans aucune subtilité. Ce contraste entre la France et Algérie se ressent tout au long du film et fait percevoir une tension aux spectateurs qui n’existe finalement que dans les préjugés, le scénario révèle un véritable manque d’ambiguïté à ce sujet.
Malheureusement, ce n’est pas le seul bémol de cette production, en effet, la réalisation elle même pêche. Si on peut observer des panoramas absolument époustouflants, les plans semblent tous droit sortis d’un téléfilm de France 2, ce qui peut surprendre le spectateur et l’empêcher d’apprécier à sa juste valeur un film, certes loin d’être complètement accompli, mais tout à fait accessible et divertissant.