Nous y voilà.
Le Projet Blair Witch, film culte diront bon nombre, film passable selon d'autres. Je ne sais pas si c'est parce que ce fut mon premier film d'horreur (on trouvera aussi la dénomination "film de suspense" sur certains sites Internet) ou parce que je ne suis pas spécialement enclin à ce genre mais j'ai adoré ce film.
L'idée en elle-même me plaisait bien : trois étudiants lâchés dans la forêt avec une caméra, partit pour enquêter sur la légende d'une sorcière. Un concept qui joue sur la sobriété et non sur le déferlement d'effets spéciaux gores et lassants typique d'une face bien navrante d'Hollywood. Ce film se présente donc sous la forme d'un "faux documentaire" qui a eu beaucoup de succès à l'époque de sa sortie parce qu'il avait été présenté comme un vrai documentaire, ce qui a sans doute contribué à son succès.
J'arrive donc, plus de dix ans après sa sortie, et je m'attaque à ce film dont la tension ira croissante jusqu'au dénouement final. C'est sur cette tension que repose tout le film. Désolé, vous ne verrez ici ni jet de sang, ni membres immondes révélés à vos yeux ébahis (ou vraiment à peine, rien de bien terrible). Tout repose sur l'ambiance de huis-clos : ils sont heureux de partir, ils se perdent, ils s'énervent, ils paniquent et à partir de cet instant, vous paniquez aussi puisque vous faites partit de ce groupe d'étudiants un brin inconscient. Le système de vue-caméra renforce cette tension et vous aide (ou vous oblige) à entrer dans cette ambiance, dans ce groupe.
On trouve de très bonnes idées tout en restant dans un classicisme typique du film d'horreur ou même de toute film qui veut entretenir un suspense qui va crescendo : vous révéler ces bonnes idées seraient gâcher la surprise, aussi vais-je me taire.
J'ai eu la très mauvaise idée de regarder ce film à minuit passé, pensant que ce n'était pas un petit film d'horreur à bas budget qui allait me faire frémir. Une heure dix plus tard, je reposais l'ordinateur portable sur mon bureau et passait le restant de la nuit à tourner et retourner des séquences de ce film, en boucle, incapable de trouver le sommeil.
Le jeu des acteurs est assez fort et crédible et le film distribue quelques scènes intéressantes (notamment celle qui sert d'affiche, où l'héroïne filme son propre visage et vous oblige à fixer son œil, à entrer dans sa panique, son horreur), ce qui permet de dissimuler quelques problèmes de scénarios (je crois qu'ils s'éloignent délibérément de la rivière alors qu'ils sont déjà perdu, ce qui n'est pas extrêmement finaud de leur part).
La fin de ce film peut prêter à confusion et certains sites Internet proposent deux versions de l'histoire dont une assez intéressante puisqu'elle n'est pas la plus évidente. A la fin de ce film, pourtant, je pense que vous ne chercherez pas à savoir le fond de la chose tant l'horreur aura prit possession de vous. Ceux qui disent ne pas comprendre la fin du Projet Blair Witch m'étonnent puisque, pour ma part, je n'ai sur le coup pas cherché à comprendre, j'ai juste subit cette horreur final (dans le bon sens du terme).
Il est clair que ce film est, pour moi, un film culte, quel que soit le genre auquel vous le rattachez. Évidemment, si vous vouliez un film d'horreur bien gore, passez votre chemin. Évidemment, si vous vouliez des effets spéciaux à tire larigot, passez également votre chemin.
Ce film est un film brut, sans la moindre fioriture, la moindre musique, et distille une horreur brut, pure. Le Projet Blair Witch ne m'a pas fait croire aux sorcières pour autant mais il m'a fait voir différemment les coins noirs et les pièces sombres.
Regardez ce film en tant que premier film d'horreur parce qu'il est très doux (mais pas moins effrayant pour autant) comparé au clichés que l'on se fait de ce genre. Regardez ce film comme si c'était le premier que vous ayez jamais vu.
Ah, et un dernier conseil : si vous craignez de mourir de peur, regardez-le de jour, fasse à une fenêtre grande ouverte par une belle après-midi ensoleillée, la main droite posée près d'un verre de limonade, l'horreur en sera peut-être moindre... encore que.
Si vous aimez vous faire peur sans être dégoûtez, regardez-donc ce film. Il n'est peut-être pas le plus original, il n'est peut-être pas le plus fouillé, le plus travaillé, le plus horrible de tous mais il remplit son contrat : vous faire cogiter une fois l'écran totalement noir. En bien ou en mal...