Vampire in Vegas est une réalisation assez curieuse de Wynorski, qui certes à mon avis ne mérite pas une critique très positive, mais qui tout de même m’est apparu bien sympathique.
D’abord il faut bien avouer que le casting n’est pas folichon folichon, avec des acteurs qui ne proposent pas un bien grand jeu, et cela malgré la présence de Tony Todd. En fait on sent que tous se sont bien amusés avec des personnages hautement caricaturaux propices à bien des excès. Todd en rajoute trois couches dans le super-méchant vampire, Delia Sheppard et Gigi Erneta font un concours de celle qui sera la plus sexy cougar, au milieu de tout cela on a un lot de jeunes tout droit sortis d’un slasher, des strip-teaseuses vampires qui se baladent continuellement en sous-vêtement, bref la galerie de personnages vaut le déplacement. Car en effet même si les interprètes jouent souvent comme des patates, s’ils sont souvent à la masse, en revanche ils dégagent une sympathie communicative, et ils sont parfois franchement drôles tant ils vont jusqu’à l’extrême limite du n’importe quoi.
C’est le cas d’ailleurs aussi de l’histoire. Celle-ci en effet ne vaut pas un kopeck, avec ce pauvre Todd qui cherche à faire un vaccin contre le soleil avec l’aide d’une biochimiste aussi crédible que moi en évêque. Se concluant d’ailleurs sur une séquence ridicule, et commençant avec un monologue de Todd devant lequel il est difficile de garder son sérieux, Vampire in Vegas est cependant fun. Il est en effet très bien rythmé, avec plein de rebondissements et de passages sympas. Certes les bagarres semblent sorties d’une cour de récré, certes Wynorski a bien compris que les plastiques de charmantes jeunes femmes aidées bien à combler les trous, certes on se tape souvent un humour balourd, mais honnêtement il se dégage de Vampire in Vegas une liberté, une générosité qui à mon sens le rende bien cool. C’est d’ailleurs en général exactement les termes qui ne caractérisent pas les réalisations de Wynorski, aussi c’est une bonne surprise.
La réalisation est pas mal elle non plus. Wynorski surprend avec une mise en scène dynamique, alerte et réfléchie. Il y a même quelques plans surprenants (la contre-plongée lorsque Jason parle avec les inspecteurs par exemple, franchement très étonnante dans un film), et des idées certes racoleuses mais qui dans un film de Wynorski montre qu’il s’est un minimum décarcassé par rapport à d’habitude (la discussion dans la voiture avec une caméra constamment braquée sur le décolleté généreux de Delia Sheppard !). A cela s’ajoute des décors un peu faible mais loin d’être mauvais dans un petit téléfilm (même si c’est dur de croire qu’on est à Vegas), et une photographie correcte. Je relève que ce film est clairement orienté comédie, ce qui explique aussi ma note plutôt positive, et il y a peu de séquences horrifiques. En tout cas pour sursauter il faudra vraiment mettre du sien. Enfin la bande son très nerveuse et souvent présente est une belle surprise. Ça donne un vrai punch à l’ensemble.
Au bout du compte ma note pour ce Vampire in Vegas, tranchant avec le massacre qui le concerne sur allocine, se justifie par un réel dynamisme de l’ensemble, une générosité certaine, une légèreté qui fait du bien, comme devant certaines productions Asylum. C’est plein de jolies filles (et Delia Sheppard et Gigi Erneta ne dépareillent pas par rapport aux jeunes d’ailleurs), Todd s’en donne à cœur joie en pseudo-Dracula, il y a de l’action, c’est coloré, l’histoire est brinquebalante certes, mais finalement ça passe en second. Bref, c’est frais, terriblement kitsch déjà, mais pas d’ennui et une bonne tranche de rigolade entre potes, que demander de plus à une petite production de ce genre.