Le Colosse de Rhodes est le premier film de Sergio Leone, pas son plus connu, pas son meilleur sans doute, mais dans le registre péplum on reste quand même sur le haut du panier de l’époque pour le cinéma italien. Ok, l’ensemble n’est pas exempt de défauts, et en particulier, dans le scénario. Outre qu’on est sur une histoire de complot pas très passionnante et qui est vraiment un leitmotiv beaucoup trop utilisé dans le genre péplum, il y a pas mal de choses un peu grotesques, des facilités (le coup du levier !), d’heureuses coïncidences légèrement abusé. Si le film tient plutôt bien ses deux heures grâce à de l’action, des revirements de situation, des scènes de foule et de destructions plutôt sympathiques (quoique redondantes à la fin), force est de constater qu’il y a beaucoup de facilités dans un scénario qui prend parfois des tournures assez bancales, sûrement à cause du nombre abusivement élevé de gens crédités au scénario !
Ces soucis d’écriture, qui donnent quand même un charme assez kitsch à l’histoire (il y a un côté naïf), sont dommages, car le film a par ailleurs des moyens et ça se voit. Les scènes de foule sont impressionnantes, les décors opulents, les passages de destruction fonctionnent vraiment bien, le film a visuellement de l’allure encore aujourd’hui. Sergio Leone assure une mise en scène plutôt dynamique, notamment lors des passages d’action, nombreux et particulièrement appréciable pour la touche de violence qui s’en dégage. C’est bien de voir un peu de sang dans un péplum de cette époque. Après, et je dois quand même le reconnaître, Leone étire souvent trop longuement ses scènes d’action. Il y a notamment un combat interminable, mais vraiment, et l’épilogue s’étire aussi et se répète parfois.
Côté casting, on ne peut pas dire que ce soit hyper relevé. Rory Calhoun assure ce qu’il faut, mais force est de constater qu’il n’a pas du tout le type athénien ! Son brushing ne fait pas illusion, et autant on peut croire aux seconds rôles, dominés par des types latins très crédibles, autant Calhoun fait cow boy et pas émissaire grec ! Cela dit il joue pas trop mal, face à une Lea Massari plutôt convaincante et qui hérite du personnage le plus intéressant du film. Il est ambigu, rusé, c’est vraiment le personnage qui surnage dans un ensemble un peu caricatural entre des méchants très méchants, des gentils sans peur et sans reproche. Elle apporte le gris qui manque un peu à cette production somme toute trop académique, réalité qui se retrouve aussi dans la bande son sans aucune originalité.
C’est probablement cet académisme qui fait du Colosse de Rhodes le film le plus mineur de la filmo de Leone, et cela, alors même que Leone le tenait en particulière estime. Néanmoins, il faut avouer que sous ses moyens opulents qui en font un spectacle encore très solide aujourd’hui, ses scènes d’action plutôt emballantes quoique trop longues, l’intrigue reste convenue, les personnages globalement assez plats et que seul le personnage de Lea Massari apporte de l’ambiguité et une dimension tragique à une production qui ne lésine pas sur le manichéisme et les facilités. Franchement, à voir comme un honnête divertissement de luxe, mais en dépit de ses qualités, Le Colosse de Rhodes ne peut pas s’élever aux côtés des meilleurs péplums américains. 3