Ce film de Jon Turteltaub basé sur un scénario original de Gerald Di Pego a pour objectif de mettre en exergue ce que l’Homme fait de la nature, de son usage et souhaite amener le spectateur à réfléchir sur son impact personnel sur la nature en général. Vaste programme ou film utopiste et niais, Instinct a reçu bon nombre de critiques partisanes des deux côtés. On peut bien évidemment séparer les genres et évoquer ainsi le film sous divers angles. L’aspect technique du film en lui-même, le sens cinématographique, puis sur un autre plan, l’intérêt de l’histoire et sa portée philosophique. Pour ce qui est de l’aspect cinématographique, il est vrai que le scénario ne laisse pas place à un suspens terrible et que l’on se doute assez vite de la nature du drame qui a plongé Ethan Powell dans ce mutisme, empreint parfois de violence à l’encontre de l’espèce humaine. Anthony Hopkins y est très bon, toujours en retenu et trouve avec Cuba Gooding Jr dans le rôle du psy, star en devenir, le Dr Theo Caulder, un excellent sparing partner. Maura Tierney dans le rôle de la fille, (Lynn), du Dr Ethan Powell apporte la larme et le charme. Donald Sutherland en patron du Dr Caulder permet une rhétorique psychanalytique exempte de toute émotion, base s’il en est, de la psychanalyse. Reste George Dzundza dans le rôle du Dr John Murray, psy dépassé mais faisant ce qu’il peut, au sein d’une prison en surchauffe, ce qui permet d’aligner les parallèles entre les Hommes et les Zoo, mais aussi d’évoquer la misère humaine par ailleurs. Les images sont plutôt bonnes et l’animation des gorilles crédibles et plutôt bien faites. N’oublions pas que ce film a été tourné en 1998 et que depuis de très nombreux progrès ont été fait dans le cadre des animations animales, de plus en plus réalistes et souvent ajoutées post prod. Tout cela en fait un film de très bonne qualité, agréable à voir et qui ne laisse pas indifférent. Reste alors la partie philosophique, la partie message du film. A cet endroit, les discussions deviennent très animées, enflammées même et la modération perd visiblement pieds dans bien des cas. C’est assez étrange de voir que ce que cherche à dénoncer ou à exprimer le film, trouve un écho aussi décalé dans la lecture. Certains osent dirent que défendre la nature est une connerie, qu’il vaut mieux défendre les êtres humains et que finalement les amis des bêtes sont des sous produits humanoïdes, (si presque) Les autres, les ultras de la défense animale, ne réagissent pas avec beaucoup plus de modération et fustigent les antis, mêlant ça et là, les combats contre la tauromachie, les bébés phoques, l’élevage de bovins, ovins, caprins, porcins et déclarent parfois tout de go, que les porcs sont leurs cousins et les poulets leurs frères. Nous voilà donc rendu aux extrêmes, sans pensées positives et progressistes, car évidemment, il y a un juste milieu dans tout cela et Ethan Powell l’exprime clairement dans son action et sa démonstration au jeune Caulder, si impliqué dans ses propres illusions, qu’il en oublie l’essentiel. Lors des dessins (spoiler) d’Ethan Powell dans sa cellule pour exprimer l’environnement, la terre et son fonctionnement, il place les origines, la nature, les êtres vivants, puis les ‘’takers’’, les ‘’preneurs’’, les kidnappeurs, qu’ils dessinent de couleur rouge. Rouge, la couleur du sang, de l’agressivité, de la dominance. Il n’oublie pas cependant de placer les Hommes préhistoriques, en bleu, ceux qui comme lui dessinaient sur les murs pour témoigner de leur relation à mère nature. Ces hommes en bleu qui existent toujours, (indiens, peuplades reculées, etc..) en parfaite harmonie avec l’environnement, ne prélevant que ce qui est nécessaire et utile à leur survie, sans excès et sans avoir à bruler dans des fours, les surplus de viandes, afin d’éviter que les cours ne s’effondrent. C’est la 3ème voie, celle de la tolérance, de la compréhension, de l’acceptation. L’absence de lutte, de guerre est par contre une vision relativement idyllique et niaise pour le coup. En réalité, les luttes de territoire, de possession n’existaient pas tant que l’Homme était nomade. Rien ne lui appartenait et tout lui appartenait. Dès la sédentarisation, la notion de possession est apparue et les affrontements avec. Il en est de même dans le monde animal qui est loin d’être aussi charmant que l’on veut bien le faire croire. Une meute de loups à besoin d’un certain territoire pour vivre, comme les lions ou les chimpanzés et garent à ceux qui viennent y traîner sans y avoir été invités. Instinct est un très bon film pour soulever ces questions et amener à la réflexion, à partir du moment où l’on intègre une certaine retenue et où l’on recherche l’équilibre. Ces idées sont assez en avance, sachant que ce qui en 2011 semble être un lieu commun, l’était beaucoup moins en 1998. Bon film.
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