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ldi-maria78
3 abonnés
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4,0
Publiée le 22 décembre 2020
La Traversée de Paris enchaine les scènes cultes et les bons mots inoubliables avec un rare cynisme teinté d'une vision désabusée de la condition humaine.On y retrouve un excellent duo Gabin-Bourvil.
Tiens je n'ai pas envoyé de critique pour ce chef-d'oeuvre ? Réparons donc cet oubli, film que j'ai vu une dizaine de fois et que je re-regarde aujourd'hui pour le plaisir. Tellement de scènes cultes dans ce film qu'il m'est difficile d'en choisir une. Évidemment et sans hésiter cinq étoiles !
« La traversée de Paris » est un empilage de réussites. En premier dans une description caustique des français sous l’occupation. Combinards mais peu débrouillards, peureux mais hâbleurs, suspicieux et réfugiés dans un vernis moral qui s’écaille au premier écart venu. Ce que Bourvil synthétise, loin de ses rôles de paysan sympathique. A l’opposé, Gabin interprète un artiste reconnu, cultivé et mondain, à l’opposé de l’habituel homme fort (ouvrier, truand, militaire, bourgeois). A partir de ces contres emplois très réussis, s’appuie une mise en scène très enlevée où alternent des scènes extérieures et d’intérieurs. Entièrement filmées en studio, les premières sont souvent angoissantes grâce aux prouesse du décorateur Max Douy et du photographe Jacques Natteau qui pallient le manque de moyens. Quant aux seconde elles offrent des numéros d’acteur impressionnants, bénéficiant des dialogues de Jean Aurenche et Pierre Bost au mieux de leur forme, y compris la célèbre invective de Gabin : « Salaud de pauvres ! ». Et de livrer quelques très grands moments comme le premier dîner misérable au café restaurant où lorsque Grandville (Gabin) déstabilise complétement l’épicier (De Funès) qui passe ainsi de la dureté arrogante à une panique à la limite de la convulsion. Cruel, truculent, vulgaire, le réalisateur par ses excès livre un très grand film, épique, brillant mais sans complaisance et désabusé, surtout dans sa conclusion. Incontestablement un des meilleurs dans la filmographie plutôt moyenne de Claude Autant-Lara.
Il y avait tout pour que ce film devienne un chef-d'œuvre : un casting trois étoiles, un postulat aux mille possibilités, un contexte historique fort. Malheureusement on nous a servi une soupe tiède sans saveur : l'intrigue est totalement plate, il n'y a aucun rebondissements alors que le potentiel était quasi infini. La traversée se déroule finalement sans grands encombres alors qu'on s'attendait à un périple semé d'embûches... Et que dire de cette fin abrupte et bancale... Pour couronner le tout, le film a été tourné en studio et ça se ressent, certes certains arrière-plans sont réussis, mais l'effet carton pâte est bien présent et la gestion de l'espace dans la mise en scène est limitée. La déception est à la hauteur des espérances élevées placées dans ce grand classique du cinéma français.
un film dramatique, sous l'occupation allemande, la folle nuit de 2 passeurs de cochons, un casting de fou, bourvil et gabin exceptionnnels, la scene avec de funes dit janbier,restera dans l'histoire pour toujours, une folie
Bien que Claude Autant-Lara et ses scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost soient généralement ses exemples du "cinéma de Qualité française", François Truffaut a régulièrement couvert de louanges La Traversée de Paris. Il faut dire que cette adaptation de Marcel Aymé est toujours aussi succulente plus de 60 ans après sa réalisation. Tout en conservant les codes classiques de réalisation de ce type de cinéma, Claude Autant-Lara signe une œuvre mordante et très acerbe envers la société française de l’Occupation (le réalisateur ayant lui-même été accusé de délation lors de cette période par Pierre Braunberger depuis) : d’un côté, nous trouvons des profiteurs de guerre (le célèbre Jambier campé par un Louis de Funès encore limité aux seconds rôles à cette époque) et, de l’autre, des gens envieux mais sans couragespoiler: (les fameux "Salauds de pauvres") et profitant eux-mêmes des autresspoiler: (les patrons de bars qui exploitent la jeune fille juive, séquence d’autant plus surprenante quand on connait les propos antisémites tenus par Autant-Lara à la fin de sa vie) . Même Bourvil, acteur pourtant catalogué comme étant le benêt au grand cœur, joue ici un personnage plus sombre qu’à l’accoutumé mué par la jalousiespoiler: (pouvant aller jusqu’à des gestes violents) avec des accès de lâchetéspoiler: (il part sans être payé par Jambier) et de roublardisespoiler: (il cherche à ce que Grandgil le paye pour rattraper cela).Le seul moment où il adopte son rôle habituel, c’est uniquement pour tromper le policier qui s’intéresse à eux . Autant-Lara fait le portrait d’une France vaincu tiraillée entre des collaborationnistesspoiler: (l’ancien détenu de guerre qui prend parti pour l’Occupant dans le bar) et des personnes moins engagées mais souffrant de manques nutritifs (les différentes pénuries alimentaires, concernant notamment le cochon, amenant le marché noir) et affectifs ("Moi, ce que je voudrais manger maintenant, c’est du rognon d’homme"). Même si elle est souvent rattachée au genre, La Traversée de Paris ne peut donc pas être totalement considéré comme une comédie mais plutôt comme une comédie dramatique à l’humour acerbe et plein de cynisme. Ainsi, il est surprenant de voir que l’humour ne vient pas de Bourvil comme on pourrait l’attendre mais d’un Jean Gabin jouant la plupart du temps sur l’ironie pour mesurer la lâcheté des gens l’entourant. Il est d’ailleurs étonnant de voir que le film rencontra un beau succès (presque 5 millions d’entrées) tant le miroir qu’Autant-Lara renvoie à son public est dur. Cela peut toutefois s’expliquer par la qualité de l’ensemble servi par une interprétation mémorable du duo Gabin-Bourvil, auquel on peut associer la courte mais mémorable apparition de de Funès, des dialogues géniaux et quelques scènes cultesspoiler: (le chantage de Grandgil envers Jambier, la colère de Grandgil dans le bar, la séquence devant la boutique de Marchandot…) . Ainsi, malgré les critiques que l’on pouvait lui faire, le "cinéma de Qualité française" pouvait tout de même offrir de grands moments et La Traversée de Paris en est une preuve puisqu’elle reste un des sommets du cinéma français.
Triomphe mérité du cinéma français, ce film met pourtant à plusieurs reprises mal à l’aise par l’ambiguïté de son discours et son aspect purement misanthrope. Il dénonce en tout cas avec force une situation scandaleuse et ose se mettre à dos une partie de l’opinion à une époque où le souvenir de la guerre est encore très présent. Autant-Lara et ses scénaristes ont osé s’emparer d’un sujet sensible. Ils offrent au passage à Jean Gabin un rôle d’anthologie et son duo avec Bourvil fonctionne à merveille. Quant aux dialogues très écrits, ils sont un pur délice. A voir et revoir sans jamais sans lasser.
A cheval entre la comédie et le film de guerre (l'histoire a pour thème le marché noir sous l'occupation), la traversée de Paris se regarde très agréablement. La photo est très soignée et l'histoire est rondement menée. Mais surtout c'est le duo magique de ces deux comédiens que sont Bourvil et Gabin qui excellent avec des scènes d'anthologie comme : "Jambier ! j'veux 2000 frs ! " gueulé par un Gabin en contre-emploi inattendu.
Claude Autant-Lara, au sommet de son art, livre avec la Traversée de Paris un authentique chef-d'oeuvre. Quelle idée sensationnelle d'avoir réuni dans ce long-métrage trois acteurs légendaires à savoir Jean Gabin, Bourvil et Louis de Funès. Ces monstres sacrés restent inégalés. Aujourd'hui encore, je ne vois personne dans le cinéma français qui leur arrive à la cheville. Le passage avec Jambier est purement inoubliable, anthologique, cultissime. Une réalisation fantastique. Du grand cinéma comme on en fait peu ou plus du tout…
ce film oui est un bon film on passe un bon moment mais c'est tout le film n'est pas drôle sauf quelques moment qui font sourire . oui une scène culte . mais sinon le film est plutôt survendu c'est bon film mais c'est tous il est pas extraordinaire même avec les scène de Louis de Funès
Tout le monde crie, tout le monde gueule dans La Traversée de Paris : Gabin, Bourvil, De Funès ! et les autres... même les Allemands sont battus par de tels gouailleurs. Les clébards aboient, les valises passent : c'est l'esprit grande gueule du béret traficoteur, de la baguette et du cochon y compris et surtout sous l'Occupation.
Plutôt que de dépeindre soit les collabos, soit les Résistants (bien que les deux n'aillent pas l'un sans l'autre), La Traversée se fixe sur la ligne médiane, ceux qui n'étaient ni des héros ni des traîtres, juste des Français médians : un point de vue intéressant... et très réjouissant.
Car se dessine une comédie hilarante qui n'hésite pas à dénoncer les "curieuses" mentalités (pour ne pas dire odieuses) de cette drôle d'époque sans jamais verser dans la gaudriole ridicule, bien au contraire : on n'est pas dans la 7ème Compagnie !
En vérité, on se situe à mi-chemin entre la comédie et le drame, car le drame et sa tension sont toujours sous-jacents et on sent dans ce Paris si mal éclairé et sinistre le poids écrasant de la botte allemande et de la paranoïa.
Si l'on peut reprocher quelque chose à La Traversée, ce sera sans nul doute cette "drôle" de fin qui semble juxtaposée et facultative... à la vraie fin. Néanmoins, elle ne déséquilibre nullement le film qui reste une référence d'humour féroce, une référence portée par des acteurs tonitruants au faîte de leur art.
Dans un Paris fait de décors de théâtre, se joue le combat quotidien de ses habitants en tant de guerre. Non ce n'est pas le front ni les armes, mais bien la faim et la générosité qui sont en jeu. Claude Autant-Lara montre la difficile nécessité pour les habitants d'accéder à une nourriture décente, tout en préservant un souci de l'autre. Il y a forcément du chacun pour soi et c'est ce qui saute aux yeux dans "La Traversée de Paris". Du reste, entre un Gabin déchaîné et un Bourvil trouillard, on se régale à les voir flâner sur les trottoirs parisiens.
Mis dans le même sac que des metteurs en scène comme Marc Allégret ou Marcel Carné dans l'article "Une certaine tendance du cinéma français", en janvier 1954, par celui qui était à l'époque le jeune Turc de la jeune revue des Cahiers du Cinéma (François Truffaut), Claude-Autant Lara ne prêchait pourtant pas précisément le conformisme - "un film ne vaut rien s'il n'a pas de venin" a-t-il ainsi déclaré.
La retranscription cinématographique d'une nouvelle de Marcel Aymé lui permet ici d'aborder pêle-mêle les thèmes du marché noir, de l'Occupation, de l'amitié tout en traçant en filigrane un tableau des mentalités françaises pendant la Guerre.
Si, malgré tous ces thèmes intéressants, le film se fait assez rapidement oublier en raison d'une forme quand même trop lisse du récit, quelques morceaux de bravoure se démarquent cependant: le "Salaud de pauvres" que Gabin alias Grandgil, un peintre qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, lance aux propriétaires d'un bistrot, une grosse femme bien potelée et un homme penaud, qui étaient à deux doigts de le dénoncer; évidemment aussi la scène où Grandgil fait du chantage à un marchand de viande noire particulièrement irascible, incarné pour notre plus grand plaisir par un Louis de Funès encore peu connu à l'époque.