Je n'ai vraiment pas pour habitude de parler, dans mes critiques, de films remontant avant les années 80-90, jeune de la nouvelle génération oblige. Ca ne veut pas dire que je n'en ai pas vu, seulement que je préfère critiquer les plus récents. Sauf que la semaine dernière, j'ai vu "La Traversée de Paris". Et ne sachant pas si j'allais en faire la critique, j'ai profité des cent ans qu'aurait eu De Funès y'a quelques jours pour vraiment m'y mettre. Au début, je voulais lui rendre hommage le jour même, mais comme mon blog est inaccessible pour beaucoup ( enfin, pour tout le monde ) cela aurait été complètement inutile de faire un tel article ( sachant que personne ne l'aurait lu à temps ). Et donc, quelques temps après, je vous rédige mon avis sur cette excellente comédie, qui plaira plus qu'elle ne décevra ( tout du moins pour ceux que les anciens métrages ne dérangent pas, parce que oui, certains ne supportent pas les vieux films ). Pour tout vous dire le plus simplement possible, j'ai adoré ce film. Je ne dirais pas que c'est un chef-d'oeuvre, ou qu'il est hilarant, mais quelle foutu film, quand même! Passionnant, amusant, très drôle, même, porté par un duo-trio des plus appréciables, ultime rencontre de trois grands du cinéma français. Je sais pas si ça va te parler, ce que je vais écrire, si t'es plutôt jeune, mais je vais le faire quand même. Et puis, si ça ne te touche pas, il faudra que t'essaies d'approfondir la chose, juste pour ta culture. Bref. Comme je le disais, c'est la rencontre de trois monstres du cinéma. Mais des vrais, hein, pas des Dany Boon en puissance, ou des Omar Sy, des acteurs, des durs de dur, des mecs à films cultes quoi. Et ces mecs, justement, ils sont trois : Bourvil ( décédé beaucoup trop tôt, après seulement 28 ans de carrière ), Louis de Funès ( pour une apparition remarquée qui a fait l'effet d'une bombe dans sa carrière, en gros, elle a tout explosé ) et Jean Gabin, le monstre des monstres, surnommé le "Monstre Sacré". Que du beau monde, et quoi qu'en dise certains, le cinéma français, c'était beaucoup mieux avant. Vous n'avez qu'à voir ce qu'on a aujourd'hui, comme acteurs. Thierry Lhermitte et Jean Reno? Avant, y'avait Belmondo et Delon. Christian Clavier et Gérard Jugnot? Vous aviez Bernard Blier ( le grand absent de ce film, selon moi ) et Coluche ( un poil plus tard ). Je ne suis pas là pour faire mon grand nostalgique, juste pour que vous compreniez que maintenant, depuis fin 90, les seuls bons acteurs que l'on ait sont seulement des acteurs, pas des "Monstre Sacré" ou des Bourvil, des De Funès ou des Gabin. Mise à part Depardieu, notre pote nouvellement russe. Lui, je crois qu'on peut le dire sans crainte aucune, c'est le dernier Vrai monstre que l'on ait dans le cinéma ( vivant, cela va de soi ). J'adore Dujardin, ça, il faut l'admettre, mais force est de constater qu'il ne vaudra jamais un Bernard Blier ( que j'ai déja cité, je sais ). C'était juste une petite ( énorme ? ) parenthèse pour vous faire comprendre à quel point le cinéma français d'avant était différent de celui de maintenant. Et le pire avec ce trio de dingue, qui oscille plutôt vers le duo après la première partie ( désolé pour les passionnés de De Funès, c'est lui qui reste le moins longtemps ), c'est qu'on ne sait plus où tourner l'oeil, vers qui regarder, qui suivre plutôt qu'un autre. Tous trois jouent tellement bien, sont tellement imprégnés de leur personnage, croient tellement à ce qu'ils font qu'il sera dur d'en préférer un aux autres. Perso, je ne suis pas arrivé à me décider. C'est surtout parce que ces trois grands jouent complètement différemment, avec un style qui leur est propre et pour lequel ils ont énormément contribué ( s'ils ne l'ont carrément pas créé ). De Funès sera plus énergique, plus stressé, mais aussi beaucoup plus drôle que ses deux comparses ( ses mimiques sont légendaires ), Gabin beaucoup plus hargneux, méchant et rural, alors que Bourvil, lui, oscillera entre le touchant et le pauvre gars sans jamais vraiment se montrer comique comme le premier que j'ai cité. Des styles radicalement différents qui leur collent à la peau ( oui, je sais que ce sont leurs personnages et non pas eux qui ont ce style, mais De Funès, par exemple, en a fait sa marque de fabrique ). La scène de leur rencontre est tout simplement mythique, avec le génial "Jaaambiiier!!" et un jeu d'acteur du gendarme qui frôle le génie, y'a pas à dire. Il a apporté sa propre touche, et fait plus rire que n'importe lequel de ses deux comparses. Ses expressions faciales sont géniales, ses mouvements du jamais vu, et ses répliques vraiment drôles. D'ailleurs, parlons en, des répliques. Elles sont finement ciselées, écrites de sorte à surprendre ou à faire rire, d'une qualité indéniable et d'un réel talent. Et puis, dès le début c'est drôle, quoi, avec la scène de l'allemand sortant du métro, assez différente de ce que l'on aurait fait de nos jours. Malheureusement pour moi, je ne l'ai vu qu'en version recolorisée, qui, il faut le dire, n'est vraiment pas terrible, tellement faite avec les pieds que certains passages sentent clairement le noir et blanc. Et puis, le noir et blanc, c'est un peu ce qui fait l'identité des films de cette époque. Imaginez, vous prenez n'importe quel film sortis cette année, et vous le foutez en noir et blanc. Il perdra de sa saveur, nous sommes d'accord? Bien. Donc, si tu veux voir ce film, mate le toi en noir et blanc, si ça ne te refoule pas. Et puis "La Traversée de Paris" c'est un assemblage de scènes cultes, comme celle des bouteilles dans le bar ou, précédemment citée, de la découverte de De Funès. Un excellent film, aussi bien scénarisé que c'est une très bonne comédie. Avec une fin crédible et satisfaisante, qui plus est!