Mon compte
    Tabou
    Note moyenne
    3,5
    857 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur Tabou ?

    155 critiques spectateurs

    5
    21 critiques
    4
    44 critiques
    3
    38 critiques
    2
    20 critiques
    1
    15 critiques
    0
    17 critiques
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    133 abonnés 1 622 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 31 décembre 2012
    Avant de parler de l'histoire, abordons la structure même du film. Découpé en 2 parties: "le paradis perdu" et "le paradis". Dans la première partie, on suit Pilar; une femme attentionnée et compatissante pour autrui mais terriblement spectatrice de la vie des autres et de la sienne (on la voit souvent au cinéma... c'est bien pour nous le montrer); et sa voisine Aurora accompagnée de son aide soignante black qui selon elle la persécute via des rites vaudous. Faut dire qu'Aurora déphase pas mal sur cette fin de vie. Aurora est le yang de Pilar; actrice d'une vie jalonnée de prises de décisions radicales... mais la seconde partie du film nous révèlera le passé mouvementé de cette femme. Là, on est au Portugal aujourd'hui et on ne sait pas trop qui est le personnage phare d'Aurora ou de Pilar: une référence cinématographique de Gomes à un Lynch friand d'histoires entremêlées. Transition habile dans un supermarché décoré d'arbres artificiels type savane et nous voilà plongé en plein Mozambique colonisé par les Portugais 50 ans plus tôt. Le personnage principal est donc... roulement de tambour: Aurora... On va suivre son histoire amoureuse et ses désillusions.
    Tout le film est en noir et blanc et filmé en 4/3... Dans la première partie, contemporaine, on comprend difficilement un choix esthétique inapproprié mais qui prend tout son sens dans la seconde partie. Dans cette seconde partie, Gomes y ajoute un muet rénové. Mais qu'est ce donc? Du muet mais avec l'ambiance sonore; une voix off très, trop, bavarde et même la musique par le biais d'un groupe rock jouant dans la pampa. Du muet reste donc seulement des acteurs inaudibles. Mais ici, la photo est magnifique tout comme le duo de comédiens vivant un amour interdit. L'image et le jeu des acteurs est un hommage à l'expressionnisme allemand et plus particulièrement Murnau (Aurora référence à "L'aurore" de 1927 et même le titre du film "Tabou" 1931). Bon voilà un film hyper référencé et esthétisant. Revenons à la très pénible première partie, elle aussi très référencée Almodovar dans ces histoires de femmes triturées. Que d'ennui difficilement supportable lors de la trop longue première partie de 50' qui vise à nous démontrer seulement le trajet de vie de 2 femmes radicalement différentes. Et d'émotions que nenni; même si les 2 amoureux secrets (sur la seconde partie) sont touchants et sortent au moins le film du marasme car de bonne facture scénaristique et esthétique... Et comment ne pas penser à l’imagerie africaine des films américains des 50’s : j’y ai vu Katherine Hepburn dans « African Queen »…
    Encensé par la critique, mon regard sur ce film est plus sévère malgré son côté novateur...
    Julien D
    Julien D

    1 195 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 janvier 2013
    Ce véritable ovni cinématographique que nous offre le portugais Miguel Gomes est une œuvre décalée incomparable qui sait osciller habilement entre de nombreuses émotions paradoxales grâce à sa construction en deux parties. La première moitié, qui s’axe essentiellement sur une image pleine de mélancolie du Portugal actuel, souffre d’un manque d’un manque de rythme regrettable. Elle fait face à la seconde moitié, un long flash-back ramenant vers une peinture fantasmée et ultra-référencée de l’ère colonialiste où se crée une histoire d’amour envoûtante. Le lyrisme de cette narration, la qualité des prises de vues et la multiplication des styles cinématographiques rendent cette romance enivrante et pleine de bonnes surprises. Malgré ses longueurs, cet exercice de style audacieux parvient judicieusement à s'inscrire parmi les films les plus humanistes et les plus insolites de ce début de siècle.
    B-Lyndon
    B-Lyndon

    78 abonnés 45 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 décembre 2012
    Perdu. Tout est perdu. Et pourtant : Aurora l'avait vu en rêve, cette fois ci. Un rêve étrange, qu'elle nous raconte, lunettes de soleil vissées sur les yeux, face caméra. Perdu. Tout est perdu. Elle a joué. Elle a perdu. Son argent. Son amour venu d'Afrique. Son paradis.

    D'abord, on hésite. On ne sait pas. On se pose là, entre ces trois personnages, on ne sait rien. On ignore tout. Et pourtant, ces voix, on les entend encore. Et ces visages fermés ne disent, en revanche, rien.

    Et puis, soudain, tout démarre. Il suffit d'un changement de plan pour suggérer le changement de pays, d'atmosphère, de vie. Un vieil homme raconte, parmi les bruits du blé et des champs africains, ce qui est parti et ne reviendra jamais. Et les voix, soudain, se taisent. Et les visages, soudain, s'ouvrent. Rire. Pleurs. Corps qui se mouvent. Yeux regardant les nuages qui dessinent, dans le ciel, des animaux contournés au crayon.

    Tout dans ce film est une question de souvenir, de retour, d'oubli. Oublier. Ce serait si simple, d'oublier... Mais c'est impossible. Si les voix s'effacent, les visages restent. Ils nous regardent, de longues minutes. D'infinis nuances chavirent dans leur yeux gris. Tant de cris se devinent dans ces bouches qui se taisent...

    Et cette fois, on le sait. On a vu. On a tout vu. On a vu Aurora seule, vieille, morte, perdue. Et c'est insoutenable, car on voudrait qu'ils s'aiment, qu'ils s'embrassent, se touchent, se caressent, s'envolent, fuient, courent, loin, ensemble...

    Perdu. Tout est perdu. Et pourtant, tout semble là. Car Gomes, à la fin, ne revient pas au présent. Un travelling sur un paysage d'Afrique, et Tabou se termine.

    Dans le noir, on se relève. Les lumières se rallument. Et que fait-on, alors, à l'instant, comme à tout les instant ? On se souvient. Encore. Encore et toujours, on se souvient. Car la vie et le cinéma ne sont qu'une suite de souvenirs. Des souvenirs qui fuient, doucement, sans bruit, à travers la savane d'un paradis perdu, d'un paradis rêvé, comme celui d'Aurora, il y a bien longtemps.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 28 décembre 2012
    La première partie du film est un peu difficile d' accès mème si la galerie de personnages et leurs situations est interessante (le personnage de Pilar qui,comme le souligne le réa' dans l' itw au Cahiers est très altruiste et se retrouve pourtant toute seule le soir du 31). La deuxième partie est captivante. On peut faire le lien avec le film eponyme de Murnau (cadre exotique, amour dissimulé) en effet mais il n' y a pas que cela comme influence (par exemple, Miguel Gomes evoque aussi le "Out of Africa"). Personnellement , le fait de mélanger la nostagie avec l'air d' une chanson ("Be my baby") me fait penser un petit peu à "Casablanca" . Ce couple dans une situation de changement radical dans le pays évoque aussi I Bergman et Bogart tombant amoureux dans Paris envahi ("Le monde s'écroule et nous tombons amoureux").
    Michelle G
    Michelle G

    1 abonné 30 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 28 décembre 2012
    On est 4 à s'être bien ennuyés! aucune émotion ressentie;cette histoire d'amour assez banale m'a laissée de marbre, et notamment l'héroîne fait d'autant moins rêver qu'on l'a vu vieille et ridicule en début de film..encore un film dont on aurait pu se passer sauf peut-être si on est nostalgique des années 50!
    AlexTorrance
    AlexTorrance

    30 abonnés 486 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 décembre 2012
    Comme très souvent, j’allais au cinéma sans autres informations que le titre, l’affiche et quelques brefs avis. La caméra s’installe dans une jungle tropicale à la fois étrange et étouffante. Le style documentaire instaure une certaine fascination. Ce n’est que l’introduction. L’annonce de la première partie débarque et l’image carrée en noir et blanc demeure – cette fois-ci avec une mise au point plus travaillée. Nous n’avons pas affaire à un long-métrage comme les autres et c’est tout d’abord avec curiosité que nous sommes introduits dans le quotidien de Pilar, vieille dame cinéphile et altruiste qui se plait à venir en aide au voisinage : Aurora, femme gâteuse et paranoïaque, assistée par Santa, sa gouvernante. La médisante aura vite fait de soupçonner cette dernière de pratiquer un genre de sorcellerie, du fait de ses origines africaines. Lorsque la folie s’accentue, Aurora s’éteint en prononçant le nom de son ancien amant. En partant à la recherche du fameux Gian Luca Ventura, Pilar et Santa s’apercevront bien vite que la défunte menait plus jeune une vie insoupçonnée. Foudroyante de beauté, la seconde partie nous plonge au cœur d’un cinéma déchu. Au moins autant que cette romance vécue par notre nouvelle protagoniste : une jeune Aurora de toute beauté. À demi-muettes, les images nous parviennent telles des archives, narrées par une voix-off permanente – celle de Gian Luca, désormais résident dans l’hospice du coin. Alors que la musique se fait aussi belle que rare – au même titre que les dialogues – seules les sonorités ambiantes semblent avoir survécu à l’épreuve du temps. D’ailleurs, qui soupçonnerait l’espace d’une seconde que le fou que l’on a comme oncle se trouverait quelques années durant au centre d’une romance à son paroxysme ? Personne d’autre que l’homme en question, si ce n’est son amour de jeunesse, qui aura finalement emporté ce secret six pieds sous terre. Les jeunes acteurs eux-mêmes sembleront sortir des années 20, que ce soit pour le charisme vintage de Carloto Cotta ou la frivolité d’Ana Moreira. Deux interprétations à la hauteur d’un conte magique. Outre sa romance tragiquement sublimée, Tabou parle aussi du temps qui passe. Ce même temps qui, en un siècle, a rendu si improbable la réalisation d’un tel long-métrage. Un si bel objet qui puise toute sa richesse du cinéma muet, notamment de celui de Murnau – qui est tout de même à l’origine du film romantique par excellence. Le long-métrage de Miguel Gomes surprend parce qu’on ne s’y attend pas. Il surprend si on ne s’y attend pas. Les personnages sont suffisamment intéressants pour que – à l’instar de Pilar et Santa – nous soyons complètement immergés dans les contrées exotiques, au pied du Mont Tabou. La relation est vécue du commencement à sa fin et ne manque pas de créer l’émotion à de nombreuses reprises, comme lors d’un crime passionnel où la relation interdite entre nos deux protagonistes devra prendre une toute autre direction. D’un scénario à la fois simple et charmant, Miguel Gomes parvient à tirer un univers fictif de toute beauté où le charme ensorcelant des terres d’Afrique n’a d’égal que l’œil du Crocodile Dandy, superbe bête qui représentera Tabou jusque sur son affiche : belle et dangereuse. Les lieux sont beaux et dangereux. L’aventure des amants est belle mais dangereuse. En cette année 2012 où sortent par dizaines les blockbusters en tous genres, on ressent un immense plaisir lorsque l’une des surprises majeures de l’année se sert d’un cinéma passé à la trappe pour laisser libre court à l’innovation. C’est dans cet esprit que nous parvient cet hybride atypique qu’est Tabou ; objet filmique non-clairement identifié qui nous fournit par la même occasion un état des lieux quant au cinéma portugais, habituellement dominé par le doyen du cinéma, Manoel de Oliveira. Tabou a la saveur d’un grand classique, le piquant d’un film d’aventures et le charme d’une romance impossible. Difficile de ne pas être touché par la résurrection grandement poétique d’un cinéma oublié du grand public depuis bien des décennies. Si le long-métrage de Gomes n’aura pas la chance d’être vu de tous, c’est sans mal qu’il provoquera chez le cinéphile un profond sentiment de nostalgie – en même temps qu’il nous rappellera que le passé aura beau être passé, il n’en demeure pas moins réel.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 26 décembre 2012
    Un très beau film. Original, audacieux, un film exceptionnel par rapport à ce qui se fait en ce moment. Aurons-nous, comme cette femme, au moment de mourir, un être tant aimé, dont la vie nous a séparé, qu'on désire revoir une ultime fois ?? C'est simplement
    merveilleux...
    Myene
    Myene

    18 abonnés 373 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 décembre 2012
    On en a fait un peu trop avec ce film, certes c'est une oeuvre remarquable qui signe une nouvelle personnalité à suivre N'en déplaise aux grognons puristes j'ai été plus touchée par "the artist" dont les protagonistes et l'histoire ont ma préférence, reste avec Tabou un film qui renouvelle notre lien aux images et qui a su trouver l'osmose musique et images
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 27 décembre 2012
    Deux choses sont vraiment intéressantes dans ce film: 1- le noir et blanc et certains cadres - sublime - , 2- l' intérêt sociologique qu il y a etudie ce groupe de critiques francais qui pensent que ce film est génial , encensant un de leurs confrères critiques réalisant son premier film. Un effet de miroir autistique de la critique sur elle- même que l historien , lui vraiment génial, Marc Bloch ou le passionnant Isaiah Berlin ou mieux encore l extraordinaire sociologue allemand Norbert Elias auraient durant quelques secondes trouve amusant.
    Sinon je vous en prie n allez pas voir ce navet prétentieux - espèce de cours sur l'esthétisme du cinéma à prétention historiciste !
    Allez voir et revoir et recevoir ce très grand chef d' œuvre du cinéma qu est le film de Murnau "Tabu" . Plongez vous dans la beauté d une chef d œuvre qui illuminera votre vie en profondeur!
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 27 décembre 2012
    C'est un vrai miracle de cinéma. Ce film est un choc :mélange de lyrisme et de romance sur fond colonial. Bravo.
    lancelo25
    lancelo25

    31 abonnés 78 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 25 décembre 2012
    Voilà un "non film". Une salle pleine à craquer, impatiente de voir le chef-d'oeuvre annoncé et quand même une quinzaine de personnes quittant la salle tout au long du film. Car on attend, le sens, le mystère, le secret, la révélation...mais il n'y a rien, le réalisateur n'a rien à dire, juste à montrer de belles images en noir et blanc. La 1ère partie du film "le paradis perdu" est censée nous apporter quelques clés mais elle ne sert à rien, On a l'impression de voir une série de 50 mini-sketches sans liens les uns avec les autres qui se veulent parfois drôles mais ne le sont pas. Rien qui fasse visuellement ou cérébralement réver. La seconde partie, "le paradis" n'est qu'un récit déjà vu 1000 fois au cinéma, celui d'une femme adultère, le tout sans dialogues avec une voix off en "portouguech"...Emmenez votre oreiller!
    Jean-françois Passé
    Jean-françois Passé

    117 abonnés 231 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 décembre 2012
    magnifique film surtout dan s la forme , car le fond reste une histoire d'amour de s plus classiques entre deux amants qui se rencontrent fortuitement et qui essaient d e vivre leur amour à l'abri de s regards e t autres histoires ! par contre la forme , noir et blanc muet avec tout de même tous les sons qui ne sont pas des paroles , reste originale sans pour autant en faire un copie de film mue t d'époque loin de là ; avec une voix off prenante sur un vocabulaire riche et imagé ! alors a voir .
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 21 décembre 2012
    Un film en deux temps; une première partie très ennuyeuse... On s'endort. Et puis une deuxième partie qui traite d'une histoire somme toute banale d'une manière originale qui m'a beaucoup plu. Un peu un ovni ce film dont je suis sorti surpris et enthousiaste.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 21 décembre 2012
    Le film de Miguel Gomes joue avec les codes du cinéma jusqu’à confondre le medium et son sujet dans une interrogation métaphysique sur le temps qui passe et qu’on aimerait figer. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2012/12/21/tabou-critique/
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 19 décembre 2012
    « Une vieille dame au fort tempérament, sa femme de ménage Cap-Verdienne et sa voisine dévouée à de bonnes causes partagent le même étage d’un immeuble à Lisbonne. Lorsque la première meurt, les deux autres prennent connaissance d’un épisode de son passé : une histoire d’amour et de crime dans une Afrique de film d’aventures. »

    Tabou est un OVNI comme on en a peu vu ces dernières années. C’est un film souvenir et le réalisateur a su utiliser à la perfection tous les outils que le cinéma a mis à sa disposition pour parvenir à ses fins. C’est un film fou, un film en trois temps, à trois vitesses, un éloge de la mémoire, de l’amour et de l’Afrique, un film sur la vieillesse aussi, le temps qui nous rattrape et dans ce film, la forme est mise sur un piédestal, c’est un véritable hommage indirect au cinéma.
    Tout de suite, le film assume son coté retro, ce n’est pas tous les jours que sort un film en 4/3 au 21e siècle. Un noir et blanc passé, qui n’est pas sans rappeler celui des débuts du cinéma, pour la première et la dernière partie, qui, ajouté à une somptueuse voix off sur des plans bruités mais sans parole, parvient à nous transmettre à la perfection la chaleur et la moiteur de l’anachronique Afrique coloniale qu’il décrit mais aussi les sentiments de son personnage. Gomes est un maitre conteur, le film est fouillis et plein de trouvailles scénaristiques et de montage, c’est ce qui fait son charme, sa magie. La seconde partie, la partie « réaliste » est centrée sur le personnage de Pilar, une femme bonne et attentionnée tout particulièrement envers sa voisine, la vieille Aurora, bipolaire, convaincue que sa bonne lui fait du Vaudou. Au premier abord, cette partie semble en dessous du magnifique prologue, il n’est pas rare qu’on s’y ennuie et elle peut sembler un prétexte à la dernière partie « paradis ». On comprend toutefois très vite que c’est ce « paradis perdu », cette partie réaliste qui apporte son charme à la dernière, dans laquelle on retrouve Aurora, jeune et belle, vue de manière diamétralement opposée et c’est ainsi que la nostalgie opère, on découvre à travers l’homme qui l’a aimée la face cachée d’Aurora, celle que la vieille dame essaye d’oublier pour ne pas se faire de mal, pour ne pas se rappeler qu’elle a jadis été jeune et aimée.
    J’entendais il y a quelques semaines sur arrêt sur image, le réalisateur Florent Emilio Siri parler de son film Nid de Guêpes et dire « ce film aurait pu être sans parole, pas muet, sans paroles » je me suis alors demandé, pourquoi alors ne pas avoir supprimé les paroles ? Pourquoi ne pas supprimer des dialogues si la compréhension, l’intention et la démarche artistique du réalisateur n’en sont pas entachés ? Au contraire, si cela est fait avec talent cela ne peut que rendre le film exceptionnel sans à aucun moment réduire la performance d’acteur. Tabou en est la preuve, le réalisateur a su faire la part des choses en supprimant tous les dialogues de la partie souvenir, mais en accordant un place très importante aux bruits, et en ajoutant une voix off qui ne s’impose pas, dévoile ce qu’il faut, quand il faut. Ainsi, Gomes a pu se permettre d’accorder des plans qui ne correspondent pas au récit de Ventura, l’homme qui nous conte son histoire, et créer un amalgame d’instants purs et beaux, ceux qui ont traversé le temps dans la mémoire de ce vieil homme, ceux qui ont permis que cet amour impossible perdure et qui sont, au fond bien plus importants que la trame. Les acteurs interprètent cela magistralement, on entend pas le son de leur voix mais tout est la, ils sont timides, ils sont drôles, ils ont le trac, ils s’aiment... Tout est fait pour jouer sur les mimiques sans faire un pastiche. Pour finir le travail sur le son on peut opposer la partie centrée sur Pilar, sans musique, rythmée par le lent bruit des pas de ses personnages, calme et tout en retenue, à l’image de son personnage principal, et la partie centrée sur le couple Aurora/Ventura dotée de ringards morceaux pré pop occidentales et de fantastiques musiques Africaines, à l’image de leur amour et du Mozambique, tout en fougue et en joie de vivre...

    Tabou est un véritable chef d’œuvre, un meli melo d’inventions, de trouvailles à toutes les étapes de la création cinématographique et un magnifique travail sur le souvenir, le conte, et bien sur, le cinéma.

    Pour lire mes autres critiques: http://profilcritique.wordpress.com
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top