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    Tabou
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    155 critiques spectateurs

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    Christoblog
    Christoblog

    834 abonnés 1 684 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 décembre 2012
    Il y a deux types de films qui me plaisent beaucoup.



    Le premier type est celui des oeuvres qui m'emportent par leur énergie, leur souffle, leur caractère entier. Je suis alors très indulgent quant à leur défauts, dans lesquels je peux même voir en toute mauvaise foi des qualités. Dans cette catégorie, de bons exemples pourraient être La guerre est déclarée, Polisse, Kaboom.



    Le deuxième type est constitué de films que je trouve admirables sur tous les plans (photo, mise en scène, direction d'acteur, scénario, son). Ils constituent des films-univers que leur auteur conçoit et développe en toute autonomie. Tout fait sens dans ces films, et tous les détails y sont importants. Je pourrais les revoir trois fois en y décrouvant de nouvelles choses à chaque fois. Mais la nature de la satisfaction y reste surtout intellectuelle, et l'émotion brute n'est pas toujours présente. Dans cette catégorie, je classerais Au-delà des collines, Il était une fois en Anatolie, Holy motors, et Tabou. La suite ici : http://0z.fr/fZfFE
    teklow13
    teklow13

    53 abonnés 9 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 décembre 2012
    Le fantôme et le crocodile. Ce sont les deux figures qui clôturent le conte introductif de ce film scindé en deux parties. Conte qui narre l’avancée dans la savane d’un explorateur, qui, suite à la perte de sa femme, part se perdre en Afrique et termine dans la gueule d’un crocodile.
    Ces deux éléments s’opposent et s’assemblent de la même manière que le font les deux parties qui composent le film. S’il résulte de ces deux figures l’image commune de la mort, elles mettent également en opposition d’autres caractéristiques. L’ancrage au quotidien face à l’idée d’exotisme, le flou, le vaporeux, face à la rugosité d’un corps rigide. Le mouvement, corps indéfini pouvant apparaître et disparaitre, face à un corps figé.
    Ces deux éléments parcourent le film, s’interpellent et se complètent.
    La première partie est sous l’emprise du crocodile. Dans ce quotidien triste et morne du Lisbonne d’aujourd’hui vivent deux vieilles femmes, Pilar et Aurora. L’une passe son temps à essayer de répandre le bien autour d’elle, son cœur et son amour pour l’autre déborde. L’autre, accompagnée de sa femme de ménage, semble délirer de plus en plus et devient irascible.
    Le crocodile a figé le cadre, les sentiments exprimés ne peuvent en sortir. Le trop plein d’amour de l’une, les éclats de folie de l’autre, et les fausses incantations de la troisième sont contenus.
    L’image est froide, rigide, les traits sont définis et ne semblent plus vivre. L’émotion n’apparaît que face à l’écran de cinéma, où, comme seule source d’évasion, on peut se permettre de verser une larme.
    Le cadre, qui ne peut se rompre de tous côtés, est percé dans sa profondeur de champ, à travers l’écran.
    C’est alors que sur son lit de mort, Aurora, la vieille femme irascible, va, en écrivant avec son doigt le nom de Ventura sur la paume de la main de sa femme de chambre, évoquer un fantôme. Un tout petit fantôme dans un premier temps. Ventura. Qui est cet homme que cette femme évoque juste avant de mourir, qu’est qui se cache derrière ce nom. L’air de rien, en épelant ce prénom, Aurora va percer le cadre, créer une brèche dans une narration qui s’endormait, ronronnait. Elle meurt, mais n’emporte par le plan avec elle, en libérant ce fantôme, elle lui donne une chance, réinsère une petite lumière, brise une écaille.
    Et lorsque l’on retrouve Ventura, vieil homme qui apparaît dans le plan avec une veste et un chapeau d’aventurier en cuir, et qu’il énonce ce « Elle avait une ferme en Afrique » on comprend alors que le fantôme va s’installer pour de bon dans le plan.
    Cette phrase est énoncée lors d’une séquence de transition fabuleuse. Pilar accompagnée de la femme de ménage et de Ventura vont boire un café dans un centre commercial. Ils pénètrent le cadre en croisant un petit manège pour enfant en forme de crocodile avant de se retrouver dans une fausse jungle in vitro. Cette séquence est à la fois le pivot du film et son point de rupture dans laquelle se confrontent réalité et facticité, chair et plastique.
    La première partie, qui portait le titre de Paradis Perdu, perd son adjectif dans la deuxième partie.
    Ce Paradis, il ouvre ses portes avec les mots de Ventura, qui résonnent comme un Sésame ouvre toi.
    Ce Paradis il prend la forme d’un long flash back, un récit raconté comme un rêve, en voix-off, dans lequel le son ne sort jamais de la bouche des personnages mais des bruits de l’environnement et des musiques qui en émane. Du crocodile on passe au fantôme. Le cadre perd sa rigidité, les plans vibrent, tremblotent, deviennent éclatants et vivants. La petite et fausse romance qui émanait de la première partie, entre Pilar et un peintre au talent relatif, laisse place à une histoire d’amour d’une grande amplitude romanesque. Ventura raconte l’histoire d’Aurora en Afrique, au pied du mont Tabou. Son histoire d’amour impossible avec elle. Elle est déjà mariée et attend un enfant.
    La Aurora grimée de la première partie dévoile ici une visage pétillant avec des traits qui s’animent et des lueurs changeantes.
    Le plan est vaporeux, onirique. Mais le crocodile n’a pas disparu. Il apparaît cette fois matérialisé dans le plan, ce petit crocodile offert en cadeau à Aurora. Ce petit crocodile est une curiosité du plan, il intrigue. Il catalyse autant un pouvoir exotique, une peur, un désir, et une idée de mort. C’est lui qui fait la liaison entre Aurora et Ventura lorsque celui-ci va s’échapper.
    Ce petit crocodile est à cette romance impossible en flash back, ce que le petit fantôme sur la paume de la main est au quotidien morne de la première partie. Le tragique de cette histoire d’amour impossible s’accentue et avance alors que le crocodile grandit. En grandissant il durcit le cadre, et le mène à sa fixation du départ, celle de la première partie. Pourtant les deux étaient là dès le début. Aurora en vivant cette histoire d’amour avec Ventura, est consciente du crocodile, de la probable mort de leur amour, au même titre qu’elle fait naitre le fantôme au fur et à mesure que leur amour disparaît face à l’impossibilité de s’incarner dans le plan. Aurora vieillit avec un crocodile qui grandira de plus en plus jusqu’à la dévorer. Le fantôme, lui n’aura jamais vraiment disparu et l’accompagnera jusqu’à bout, jusqu’à ce qu’elle le libère sur la paume d’une main.
    Miguel Gomes réalise là un film magnifique, qui n’est pas un objet maniéré (comme peut l'être davantage un film comme Independencia de Raya Martin, auquel on pense un peu dans son imagerie notamment) ni un simple fantasme de cinéphile dans lequel il se ferait uniquement plaisir à triturer les outils et les codes cinématographiques et à jouer avec les références (Murnau, ...). C'est surtout un objet qui s’incarne au profit d’un superbe mélodrame, d’une belle tragédie romanesque, qui se double d’une autre histoire d’amour envers le cinéma. Car il est évident que cette opposition et cette communication entre les deux parties, c’est aussi celle entre le monde réel et celui du cinéma et donc du rêve.
    nicolas t.
    nicolas t.

    59 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 7 décembre 2012
    Très ambitieux, mais d'un ennui mortel, surtout la première heure
    qui se passe aujourd'hui. La seconde partie muette en Afrique est plus
    attachante, poétique et légère. Pour Happy few seulement...
    Robin M
    Robin M

    74 abonnés 283 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 décembre 2012
    Blog de Critiques cinématographiques: http://lecinemaduspectateur.wordpress.com/2012/12/14/tabou/

    L’évocation du colonialisme est toujours un sujet tabou dans les sociétés européennes qui s’enorgueillissent maintenant d’être des modèles d’égalité entre les hommes. Dans les faits « les hommes naissent et demeurent libre et égaux en droit », cependant comment le faire comprendre à une génération vieillissante, dernier vestige de ce passé coloniale, pour laquelle la domination des hommes noirs étaient une banalité. Il serait réducteur de catégoriser ce comportement sous un pur racisme, puisqu’ils découlent non pas d’une pensée pseudo-naturaliste mais d’un mode de vie qu’ils ont toujours connu. En effet, comme pour le personnage d’Aurora (Laura Soreval), ce racisme lattant (« négresse », « maudit vaudou ») est la conséquence même d’une enfance où la hiérarchisation était visible et donc indiscutable : le maître était blanc, et les domestiques noirs. D’ailleurs, Michel Gomez continue cette hiérarchisation à travers le personnage de Santa, une bonne noire cap-verdienne. Si la supériorité blanche ne se base plus sur la « race », c’est maintenant le facteur économique qui maintient les anciennes populations colonisées dans une autre forme d’infériorité. Les bases d’éducation qu’Aurora a reçues ne sont alors plus en accord avec le monde dans lequel elle vit maintenant : un Portugal appauvri. Nous avons toujours du mal à imaginer le Portugal comme une puissante nation coloniale. Le film nous plonge alors dans la nostalgie d’une sorte d’âge d’or dont le Portugal doit faire son deuil. Ce « Paradis perdu », en référence à l’appellation de la première partie du film, était une porte ouverte sur l’exotisme et sur la richesse. Des notions que Michel Gomez transforment et incorporent dans la société portugaise appauvrie avec une certaine ironie. La luxuriance des terres africaines ne se résume maintenant qu’à la végétation factice d’un centre commercial.

    Si « Tabou » se permet de replonger dans ce passé d’un autre-temps et pourtant proche, c’est qu’il utilise la vieillesse de son personnage pour basculer dans les souvenirs et les révélations d’une Aurora qui n’a plus rien à perdre. C’est de ses délires de crocodiles que part un récit captivant. Michel Gomez joue de la polysémie qu’il crée autour du mot même de « Tabou ». Il ajoute alors la désignation d’un Mont d’Afrique imaginaire. Mais surtout il rajoute au tabou du colonialisme, les tabous moraux ancrés par la religion que représente le personnage de la pieuse Pilar. Le réalisateur garde la même forme du noir et blanc de manière judicieuse. D’un côté, le noir et blanc est le moment des souvenirs d’un passé figé. De l’autre, il exprime un présent terni par la quête d’un retour à un âge d’or inatteignable. Aurora ne vit plus dans son présent, elle survit rongée par les remords. Michel Gomez le montre par les différentes perceptions temporelles par lesquelles il définit les deux parties. Pendant que le présent bloqué s’écoule avec lenteur de jours en jours, le passé glorieux se consume à la rapidité des mois accéléré par la passion et l’effervescence de la jeunesse. La poésie des images est accentuée par l’audace du réalisateur dans son traitement des souvenirs. En effet, il exclue toutes formes de dialogues. Il y a ici une logique et une cohérence puisque rajouter des dialogues seraient presque mensonger vu la distance de temps qui sépare le moment où les actions ont été vécues et le moment où on en fait le récit. Michel Gomez se rapproche alors au plus près des procédés de mémorisation du cerveau. Il ne retient que des ambiances, des détails comme la chaleur ou le bruit de la savane environnante. Le spectateur entre alors entièrement, presque physiquement, dans ce passé qui pourtant n’est pas le sien. Il ressent la chaleur étouffante de l’Afrique, l’ambiance festive et l’amour naissant.

    « Tabou » est un film sensoriel parfaitement maîtrisé qui dévoile un profond amour pour le cinéma et qui représente également le meilleur de ce dernier. Une réussite plastique et scénaristique hors du temps.
    islander29
    islander29

    876 abonnés 2 373 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 6 décembre 2012
    la très mauvaise idée du film c'est la voix off.....tout le film y passe et des qu'on voit des personnages , on a le droit à des commentaires sur ce qu'ils font, ce qu'ils pensent.....Rédhibitoire.....l'originalité surprend les premières minutes, un beau noir et blanc, un format carré comme dans les années 40, 50, puis on l'oublie et l'histoire d'amour de cette belle femme à la fin du film ne tient absolument pas en haleine.....Pourtant j'aime le cinéma portugais, mais ce film est un cutieux mélange qui a fini par m'indisposer.....A vous de voir....
    130580
    130580

    1 abonné 77 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 janvier 2013
    Magnifique film mise en scène les prises de vues le traitement noir et blanc et couleur sienne ....la construction de l histoire en 2 parties les voix off la richesse et la subtilité du texte....(écrit et raconte par MDuras)....tout est en parfait equibre on est plongé par les effets du NB et la voix off dans l époque ....la colonisation et ses conséquences... Une belle histoire d Amour .....
    Carloto cota à craquer et a croquer !!!!
    César D.
    César D.

    37 abonnés 616 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 6 décembre 2012
    POUR: une belle photographie, surtout dans la deuxième partie, qui fait bien années 50. une narration originale, également pour cette seconde moitié, où tous les dialogues sont escamotés, on n'entends que les bruits de fond. une bonne interprétation.
    CONTRE: scénario peu travaillé. beaucoup de longueurs. psychologie des personnages peu travaillée. et surtout très bavard, je parle uniquement des voix off.
    au final, on s'ennuie beaucoup (comme moi, mon voisin n'arrêtait pas de se tortiller sur sa chaise. ça vaut tous les commentaires)
    Mathieu H.
    Mathieu H.

    25 abonnés 290 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 décembre 2012
    Un film qui surprend énormément par sa forme, si bien qu'il pourrait en désarçonner plus d'un, notamment lors de sa première partie, qui repose sur un propos troublé par la folie de ses personnages. Mais le jeu des actrices couplé à l'ensemble formidablement esthétisé finit par capter peu à peu notre attention, au fur et à mesure que les personnages sont cernés. La deuxième partie en revanche est un pur bijou : une réalisation remarquable qui ne compte que sur les bruits, les sons extérieurs et ses interprètes. Nous voilà face à une histoire de plus captivantes, formidablement romancée avec des mots magnifiques et des acteurs sublimes. Malgré si peu de choses, on aura pourtant été rarement frappé par autant d'émotions brutes et d'éclatantes fulgurances de la part d'un cinéaste. Miguel Gomes nous offre ici un vrai joyau de cinéma, entre minimalisme et grandeur, et nous prouve qu'il maitrise parfaitement le hors-champ, les représentations et le roman fleuve, car malgré sa longueur, le film nous surprend et nous laisse en suspens grâce à son raffinement et à sa grande puissance émotionnelle véhiculée par son sujet et par le talent de son directeur.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 6 décembre 2012
    objet insolite...les amours d'une gamine trop gâtée - vu hélas dans des conditions de projection très médiocres - la seconde partie possède un vrai charme...sensuel...la photo et l'image sont superbes...
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 6 décembre 2012
    Un bijoux qui fait du bien à cette année un peu fade. Un cinéma d'auteur qui peut se permettre une fantaisie jamais éloigné de la réalité. Le cinéma est d'abord un art de l'imaginaire.
    Gomes nous propose ici une fable sans tabou.
    Thomas O
    Thomas O

    231 abonnés 5 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 décembre 2012
    ouffa ! d'où ça sort ? 2h d'apesanteur, magiques et féériques.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 6 décembre 2012
    Malgré certaines longueurs (on regarde parfois sa montre et le film aurait gagné à être plus rapide et concis), la construction et l'esthétique de cet "Out of Africa" portugais surprennent agréablement.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 5 décembre 2012
    Insupportable... Manièré et prétentieux ce film a tout du fake... Plus proche d'un film de Hazanavicius que de Murnau... Ce serait drôle si les ayatollahs du bon goût n'étaient pas tombés dans le panneau...
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 6 décembre 2012
    Une réalisation originale et agréable, une bande son qui l'est tout autant. La première partie du film traine en longueur et peine à captiver. En revanche, la seconde partie se révèle bien meilleure. Un humour particulier qui m'a plus. Original donc.
    traversay1
    traversay1

    3 644 abonnés 4 876 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 décembre 2012
    Miguel Gomes prend son temps, près d'une heure, pour installer ses splendides images en noir et blanc et nous balader dans le Lisbonne contemporain. La première partie de Tabou est soignée et réaliste, avec quelques échappées oniriques mais rien n'annonce le changement de style et la grande bascule qui va suivre. L'histoire prend véritablement son envol avec l'évocation du temps du Mozambique colonial, le film devenant alors muet, mais sonore, rythmé par une voix off qui complète et contredit parfois ce qui est montré à l'écran. Une grande histoire d'amour et d'aventure prend alors vie sous nos yeux, lyrique, songeuse, poétique et d'un romanesque fou. A sa manière, Miguel Gomes réinvente les codes de la narration au cinéma, dans un style fiévreux et doux à la fois, chargé de romantisme, de mélancolie, d'humour et de musicalité. Un pur bonheur, une magie essentielle qui renvoie au film éponyme de Murnau auquel le cinéaste portugais rend un hommage appuyé et respectueux. L'un des plus beaux films sortis en 2012 ? Absolument !
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