Prince Yaroslav est un film qui m’a franchement déçu, car ayant vu pas mal de films historiques russes, j’avais jusqu’à lors toujours été séduit.
Coté interprétation je n’ai pas été emporté. Aleksandr Ivashkevitch n’est pas mauvais, mais il distille une sorte de fadeur, qui, je ne dis pas, correspond peut-être au personnage historique, mais rend assez mal à l’écran. On a là presque ce coté docu-fiction, avec des reconstitutions sympathiques, mais avec des personnages sans grand relief, et c’est ce qui se passe ici avec le héros. Il est épaulé par des seconds rôles ayant plus d’allure, mais avec un coté inabouti, et trop attendu. Kravchenko par exemple est bien dans la peau d’Harald, mais il manque de surprise, de complexité. Il en va de même pour Svetlana Chuikina qui n’a pas grand-chose à faire. Ce n’est donc pas terrible de ce point de vue.
Le scénario est lui aussi une déception. L’aspect historique est trop peu prégnant, et finalement je dirais que cette fondation de la ville de Yaroslav n’offre rien de bien passionnant. L’intrigue est ultra-classique, teinté d’un coté aventure sans grande force. On sent le manque de budget pour proposer des choses grandioses, mais l’absence de souffle épique, la faiblesse documentaire (pour un film qui se réclame clairement comme historique) son très pénible à supporter. D’ailleurs un métrage de ce genre qui dure 1 heure 30 ca interroge quand même sur la qualité de l’histoire. Le rythme est assez mou par ailleurs.
Visuellement je dirai qu’à l’avantage du film il y a les décors. On est loin de certains rivaux du genre de Wolfhound pour ne citer que lui, mais comme souvent dans le cinéma russe il y a de beaux paysages, et une reconstitution assez soignée, bien que l’on sente un budget faible. En revanche c’est le désastre au niveau de la photographie. Elle est grise, elle est numériquement moche, et elle ne créée aucune ambiance si telle était l’intention de base. C’est mauvais. La mise en scène est pour sa part incapable de donner de l’allure aux scènes de combats qui sont d’une profonde médiocrité. La première en particulier est terriblement mal faite. Le réalisateur en revanche se débrouille plutôt pas mal pour mettre en valeur justement ses décors, avec des plans larges, des plans aériens, mais quel dommage que les combats soient si peu enthousiasmants. Enfin, à l’avantage du film je relève une belle bande son, bien que peut-être pas assez épique, et qui au générique de fin dérive vers quelque chose de moderne et d’assez peu slave (mais enfin, qui regarde le générique ?!).
Au final Prince Yaroslav a clairement souffert d’un budget faible. Le problème c’est que personne n’arrive à nous le faire oublier dans ce métrage, avec une conviction en carton-pâte la plupart du temps. J’ai eu l’impression d’un parent très pauvre des grandes fresques historiques (américaines ou russes d’ailleurs), un peu au dessus de ce qu’aurait pu proposer les studios Asylum mais dans un style assez proche : faiblesse budgétaire, aspect technique sans intérêt particulier, travail historique de seconde zone, acteurs moyens ou très moyens. Si l’on ajoute à cela un doublage français, comme trop souvent dans le cinéma russe à balancer à la poubelle, et bien malheureusement ce film est très faible. Je lui accorde 1.5 mais c’est bien parce que le budget était ric-rac.