Inspiré d'une histoire vraie, Diaz - Un crime d'Etat relate des événements particulièrement sensibles, qui font encore débat. Pour preuve, le film n'a été coproduit par aucune chaîne de télévision ; c'est Domenico Procacci (producteur de Gomorra et Habemus Papam) qui a cofinancé avec Le Pacte et distribué lui-même ce long métrage de Daniele Vicari.
Daniele Vicari s'est positionné en tant que citoyen pour raconter l'histoire des violences de l'école de la Diaz, qu'il juge être le point de départ de la crise que connaît aujourd'hui l'Italie : "Cela remet aussi en question ce vieux cliché selon lequel certains faits ne peuvent se produire que sous un régime autoritaire", déclare le réalisateur, soucieux de faire réagir l'opinion : "C’est pour ces raisons que j’ai tout de suite eu envie de regarder ces événements en face, sans détour, et de tenter d’en comprendre les fondements car ils me concernent, et qu’ils font partie de ma vie", termine-t-il.
Le metteur en scène Daniele Vicari a confié avoir éprouvé des difficultés à tourner les scènes les plus violentes du film, ne sachant pas toujours quelle était la limite dans la représentation des exactions ou de la torture. Il explique : "Dans ces moments-là, j’ai pris conscience, au plus profond de moi, de la terrible brutalité qui s’est déchaînée dans l’école. Je m’interrogeais sans cesse pour savoir jusqu’où je pouvais aller dans la description de cette violence."
La sensibilité politique des acteurs a été déterminante dans le choix du réalisateur : "Il me fallait des acteurs avec une indépendance d’esprit, capables d’imaginer un personnage qui s’inscrive logiquement dans l’histoire qu’on racontait", précise-t-il. Metteur en scène de fiction mais également auteur de six documentaires, Daniele Vicari a toutefois pris soin de réécrire les personnages, pour s'affranchir des véritables protagonistes des événements et rester dans une démarche artistique.
La Via Battisti, théâtre des violences pendant le sommet du G8, a été entièrement reconstituée en Roumanie, sur 250 m² de plateau. "C’était impressionnant de voir ce décor prendre forme au fil des semaines de préparation : tout un quartier de Gênes est sorti de terre dans un immense chantier des environs de Bucarest !", se souvient le réalisateur, qui compare le tournage de Diaz - Un crime d'État à celui d'un film de guerre, "mobilisant beaucoup de cascades, des effets spéciaux, de nombreuses voitures et énormément de moyens techniques."
Daniele Vicari s'est entouré d'acteurs de qualité, même pour les seconds rôles : Elio Germano, qui a remporté le Prix d'interprétation au Festival de Cannes en 2010 pour La Nostra Vita de Daniele Luchetti ; Renato Scarpa, acteur italien très populaire (Le facteur, Habemus Papam), ainsi que Fabrizio Rongione, révélé par les frères Dardenne (Rosetta, L'Enfant, Le Gamin au vélo).
L'équipe du film a rencontré certaines personnes ayant réellement subi les violences lors de cette nuit du 21 juillet 2001 ; Daniele Vicari a ainsi pu récolter des témoignages précieux pour l'écriture du film. Face aux reproches concernant la violence omniprésente dans Diaz - Un crime d'État, le réalisateur a assuré avoir édulcoré le film comparé aux propos recueillis.
Diaz - Un crime d'État se centre sur un sujet tabou en Italie... A l'occasion du 27e sommet du G8 à Gênes, du 20 au 22 juillet 2001, un contre-sommet est organisé. 300 000 personnes de toutes nationalités se donnent ainsi rendez-vous dans le but de faire entendre leurs revendications altermondialistes. Si les premières manifestations se déroulent pacifiquement, les suivantes sont synonymes de guérilla urbaine : les affrontements entre les manifestants et les carabinieri (sorte de gendarmerie italienne) conduisent à la mort d'un étudiant, Carlo Giuliani, abattu par un policier.
Bilan : un millier de blessés, des centaines d'arrestations et des dégâts dont le montant se chiffre autour de 50 milliards de lires. La nuit du 21 juillet, 300 carabinieri font irruption dans l'école Diaz, abritant manifestants et journalistes. 93 personnes sont arrêtées, séquestrées, torturées et humiliées dans une caserne, avant d'être relâchées. Ces événements donnent lieu à des procès ; parmi les personnes impliquées (policiers, personnel médical, gardiens de prison), une centaine est condamnée, sans que l'usage de la torture ne soit évoqué. Le meurtre de Carlo Giuliani n'a jamais été jugé.
Il s'agit de "la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", selon Amnesty International.