Sorti en 1963, soit un an après James Bond contre Dr. No, premier volet de la mythique saga cinématographique de l’agent 007, Bons Baisers de Russie connut un grand succès public et critique, confirmant peu à peu la popularité du personnage de James Bond au cinéma. Mais surtout, on retiendra Bons Baisers de Russie comme l’un des épisodes les plus importants de la saga puisqu’il contribua à installer véritablement tous les codes de la saga qui feront le mythe et la popularité de James Bond au cinéma. Et donc forcément, Bons Baisers de Russie est l’un des meilleurs films de la saga, qui n’a quasiment pas pris une ride ! En pleine Guerre Froide, la puissante et mystérieuse organisation criminelle S.P.E.C.T.R.E. élabore un plan machiavélique afin d’éliminer l’agent secret britannique James Bond, responsable de la mort d’un de ses plus hauts membres, le docteur Julius No. Le MI6 reçoit ainsi un message d’une secrétaire russe du consulat soviétique d’Istanbul, Tatiana Romanova, qui propose de lui apporter une machine de déchiffrement de code top secret appelée Lektor, à condition qu’on l’aide à passer à l’Ouest. Et sur la demande de la jeune femme, les services secrets britanniques mettent leur meilleur élément sur cette affaire, James Bond. Mais bien évidemment, Tatiana Romanova ignore totalement que sa supérieure qui l’a chargée de cette mission, Rosa Klebb, travaille pour le S.P.E.C.T.R.E. et que sa mission vise directement à faire assassiner l’agent 007. Réalisé par Terence Young, qui était déjà derrière la caméra pour James Bond contre Dr. No, cette deuxième mission du plus célèbre agent secret du Septième Art fut donc elle aussi un gros succès avec notamment plus de cinq millions d’entrées en France et près de 78 millions de dollars de recettes dans le monde, dépassant ainsi les recettes du précédent film. Adapté du roman éponyme de Ian Fleming, Bons Baisers de Russie est considéré comme étant l’un des films les plus fidèles de l’œuvre de son auteur légendaire. Après un épisode très exotique et aventureux qui se chargeait d’introduire le personnage de James Bond et quelques codes de la saga, Bons Baisers de Russie entraîne cette fois le spectateur dans le vif du sujet, à savoir dans l’univers du film d’espionnage et surtout du thriller de la Guerre Froide. Mené avec efficacité sans jamais perdre le spectateur en cours de route, ce deuxième opus mettant en scène James Bond est sans doute le plus hitchcockien de tous car s’encrant dans une ambiance fascinante qui rappelle les meilleurs thrillers du maître du suspense se déroulant sous la Guerre Froide. Pour de nombreux critiques et spécialistes de l’univers de James Bond au cinéma, Bons Baisers de Russie est un remake quasi déguisé de La Mort aux Trousses où l’on retrouve quelques éléments clés du chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock : un MacGuffin (ici le Lektor), une poursuite entre un homme et une machine volante et des intrigues à suspense dans les wagons de l’Orient Express qui montrent une grande influence hitchcockienne. Après, Bons Baisers de Russie possède certes une histoire globalement très simple mais grâce à l’efficacité de la mise en scène de Terence Young qui dote la saga de quelques morceaux d’anthologie (l’ouverture du film où nous voyons le héros se faire littéralement tuer ou encore le brutal affrontement entre James Bond et Donald Grant dans l’Orient Express tout simplement mémorable) et aussi grâce, il faut bien l’avouer, à l’excellent scénario de Johanna Harwood et Richard Maibaum, ce deuxième opus de la saga James Bond est une pure réussite du genre du thriller de la Guerre Froide mené sans temps mort, et ce genre de film là, j’adore ! Mais si Bons Baisers de Russie demeure l’un des meilleurs Bond à mes yeux c’est bien parce qu’il contribue à installer, presque totalement, le mythe James Bond au cinéma. En effet, nous retrouvons bien sûr le fameux Gunbarrel sous le son de la mythique musique de Monty Norman, mais surtout Terence Young introduit la première scène pré-générique de la saga où le spectateur voit le héros se faire tuer, avant de découvrir qu’il ne s’agissait que d’un entraînement du S.P.E.C.T.R.E. et que la victime n’est pas James Bond mais un homme déguisé. Il s’agit sans doute l’une des ouvertures les plus cultes de la saga. Ensuite, Bons Baisers de Russie enchaîne les premières fois : première apparition de Blofeld, premier gadget avec la fameuse mallette qui constitue l’un des gadgets les plus cool de la saga, et donc logiquement première apparition du personnage de Q interprété par Desmond Llewelyn, première scène d’action avec un hélicoptère, première apparition de la formule « James Bond will return in … » dans le générique de fin,… bref le mythe Bond s’installe de plus en plus même s’il manque quelques éléments comme la traditionnelle chanson du générique de début. Mais de toute façon, il ne faudra pas attendre bien longtemps avant que les codes ne soient définitivement installés puisque la légende 007 sera véritablement en place dans l’épisode le plus culte de la saga, Goldfinger de Guy Hamilton. Mais revenons maintenant aux éléments fondamentaux de la saga qui ont déjà été intégrés par James Bond contre Dr. No en 1962 et que ce deuxième James Bond conserve. D’abord, le film continue d’explorer les arcanes de l’organisation criminelle du S.P.E.C.T.R.E. en nous présentant de nouveaux membres de l’organisation et surtout le plus important comme le numéro 1 qui n’est autre que Blofeld mais aussi les personnages de Rosa Klebb alias numéro 3 ainsi que Kronsteen alias numéro 5. Durant toute cette première ère James Bond portée par Sean Connery, le S.P.E.C.T.R.E. sera le principal ennemi de 007, de quoi nous offrir de palpitante et fascinante aventures avec son plus grand ennemi ! Ensuite, le film nous offre la traditionnelle James Bond Girl qui est ici campée par la séduisante et sublimissime Daniela Bianchi, tout simplement l’une des plus belles conquêtes que 007 ait charmé durant ses 53 ans d’existence au cinéma. Après, parmi les personnages essentiels à la mythologie Bond, apparaît dans Bons Baisers de Russie le premier homme de main, Donald « Red » Grant, ici incarné par un imposant Robert Shaw, notamment identifiable avec sa montre meurtrière armée d’un fil de fer pour étrangler ses ennemis, et franchement l’acteur qui jouera Quint dans Les Dents de la Mer de Steven Spielberg interprète l’un des meilleurs hommes de main de la saga. Et comment ne pas évoquer celui qui incarne James Bond depuis 1962, un acteur écossais qui était jusque-là inconnu du grand public et qui est passé du statut de petit acteur à immense star du cinéma, j’ai nommé monsieur Sean Connery ! Il n’aura fallu qu’un seul film pour que l’acteur s’approprie le personnage de James Bond et ici avec Bons Baisers de Russie, Sean Connery confirme qu’il est et restera James Bond jusqu’à la fin de sa carrière ! Charismatique à souhait, classe et séduisant jusqu’au bout, drôle quand il faut avec quelques répliques bondiènnes bien senties, macho comme le personnage le veut,… Sean Connery est donc logiquement l’un des meilleurs interprètes du personnage avec Roger Moore et bien sûr Daniel Craig, qui lui est pour le coup LE meilleur interprète de 007 de toute la saga. Bons Baisers de Russie demeurera donc comme l’un des meilleurs opus de l’agent 007 car revêtant la forme d’un efficace thriller de la Guerre Froide et sous une grande influence hitchcockienne (ce qui en fait sa qualité indéniable et le plaisir de la revoir à chaque fois), et restera aussi dans la mémoire de tous les Bondophiles comme un épisode fondateur essentiel à la constitution du mythe de James Bond au cinéma. La légende se met donc magnifiquement en place et s’apprête à tous exploser avec le prochain épisode : Goldfinger.