Devant le très bon accueil commercial de "James Bond 007 contre Dr. No" malgré son budget minimaliste (et c’est un euphémisme), on n’a pas tardé à reprendre les mêmes pour rempiler. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud, comme on dit… Pour l’adaptation du cinquième roman de Ian Fleming mettant en scène l’espion le plus séducteur de la Royauté britannique, on retrouve Sean Connery dans la peau de… « Bond, James Bond », comme il s’était amusé à se présenter un an et demi plus tôt. Nous retrouvons également Bernard Lee sous les traits de « M », Lois Maxwell dans le rôle de Miss Moneypenny, ainsi que Anthony Dawson sauf que lui... ce n’est pas pour le même rôle ! En effet, après avoir incarné le Pr Dent, le voici en Ernst Blofeld, ennemi juré de James Bond et à la tête de l’organisation criminelle Le Spectre. Et pour la seconde fois en ce qui concerne les aventures de 007, tout ce joli petit monde est dirigé par Terence Young à qui on doit, en dépit d’une réalisation imparfaite et d’un montage par moments foireux, la naissance d’une saga qui ne cessera de prendre de l’importance au fil des épisodes. Le succès pour ainsi dire inespéré du premier film donna des ailes aux producteurs qui doublèrent la mise en matière de budget. C’est donc avec deux millions de dollars que "Bons baisers de Russie" doit se faire. Concrètement, ça se voit à l’écran, ne serait-ce que par les petits gadgets en plus fournis par l’intarissable « Q » ou par les changements de décors, eux aussi plus nombreux. Mais ça se voit surtout par la scène de l’hélicoptère ! Plus de moyens donc, et l’effet s’est fait sentir avec un casting plus conséquent, notamment dans les seconds rôles, et même ceux d’arrière-plan, comme cette danseuse du ventre. Ainsi, Desmond Llewelyn fait son entrée en scène en lieu et place de Peter Burton dans le rôle de « Q », de même que le regretté Robert Shaw en Red Grant malheureusement décédé seulement trois ans après son rôle mémorable dans "Les dents de la mer" à l’âge de 51 ans. Mais nous avons aussi de nouvelles James Bond girls. Après tout, ce cher James n’a pas volé sa réputation ! Dans les faits, c’est plutôt une nouvelle James Bond girl, en la personne de Tatiana Romanova, incarnée par la délicieuse italienne Daniela Bianchi. Parce qu’à côté, Miss Moneypenny est toujours prête à fondre pour l’agent 007, tellement prête que ses moindres faits et gestes se sentent à des kilomètres. N’est-ce pas, « M » ? Et parce qu’on retrouve également Eunice Gayson, vous savez la Sylvia Trench, désormais considérée comme étant un vieux dossier… trop drôle soit dit en passant. Bon, ce n’est pas tout ça, mais que vaut ce "Bons baisers de Russie" ? Outre le fait que nous sommes heureux de retrouver le générique de début et le thème musical principal qui font la marque de fabrique des James Bond au cinéma, nous avons affaire à un scénario plus ambitieux. En tout cas plus étoffé. Mais contrairement à la tendance générale, je garde tout de même une petite préférence pour le James Bond premier du nom. La raison ? Il y en a plusieurs en fait. Je vais commencer par l’effet de surprise : il n’y est plus. Ensuite, j’ai senti Sean Connery un peu moins à son avantage. Je ne sais pas, j’ai le sentiment qu’il s’est un peu moins amusé. Et je finirai par le fait que, d’une façon générale, j’ai été un peu moins pris par l’intrigue. Attention, je ne dis pas que j’ai trouvé "Bons baisers de Russie" mauvais, non, loin de là. J’apprécie le fait que les scénaristes aient réussi à s’inscrire dans la continuité du premier film, en partant du principe que les membres du Spectre veulent faire d’une pierre deux coups, sans compter que les nouveaux adversaires de 007 semblent d’une toute autre carrure, que ce soit chez Robert Shaw, Vladev Sheybal (Tov Kronsteen, le champion d’échec) ou encore Lotte Lenya (la colonel Rosa Klebb, véritable furie en dormance). Et comme je l’ai dit plus haut, on voyage davantage. Alors autant ne pas bouder son plaisir et profiter comme il se doit d’un bon divertissement des années 60, et dont le titre est on ne peut plus approprié.