« L'exorcisme est un sujet qui prolifère dans les salles obscures, notamment ces dernières années. Déclinable à l'infini, sur fond de procès (« L'Exorcisme d'Emily Rose »), de stage au Vatican (« Le Rite »), de maladie mentale (« Devil Inside »), ou de scepticisme mis à l'épreuve (« Le Dernier exorcisme »), le film d'exorcisme est devenu un véritable sous-genre du cinéma d'horreur » peut-on lire sur le site web de référence Allociné.
Depuis le carton planétaire du chef d'œuvre « L'Exorciste » de William Friedkin, véritable étalon de la lignée, impossible de dénombrer, en effet, ces ersatz qui ont essayé, en vain, de reproduire un succès critique et public similaire. Aucune de ces purges n’a jamais égalé le modèle original.
Qui se souvient donc du film d'horreur « Le Dernier exorcisme », supervisé par Eli Roth et mis en scène par Daniel Stamm, retraçant le funeste destin de Nell, une jeune adolescente possédée par le démon Abalam, au fin fond de la Louisiane dans une ferme isolée ? Filmé à la sauce Found Footage, « Le Dernier exorcisme » avait pourtant connu un joli succès outre-Atlantique, récoltant pas moins de 41 millions de dollars sur le sol local pour un très modeste budget de 1,8 millions.
Le studio financeur Lionsgate ayant les yeux plus gros que le ventre, un « Dernier exorcisme : Part II » est rapidement mis en chantier, quitte à occulter le fameux « Dernier » du titre, dont il était question dans le précédent volet.
Ce second chapitre horrifique est réalisé par le novice Ed Gass-Donnelly et reprend à peu de choses près le casting du « Dernier exorcisme », comprenez les survivants, c'est-à-dire en pratique pas grand monde hormis la jeune Ashley Bell. Elle est accompagnée cette fois de Spencer Treat Clark, le mouflet boutonneux de « Gladiator » et « Incassable », mûr à point dans sa phase ado acnéique.
A noter enfin un fait plutôt rassurant : l’abandon volontaire de la patte Found Footage, sans doute afin de ne pas « gaver » le spectateur, ultra-biberonné à ce breuvage depuis quelques années (la saga « Paranormal Activity » évidemment, mais aussi « Devil Inside », « Sinister », et bientôt « The Bay »).
Personne (ou presque) n'attendait la suite du « Dernier exorcisme », pas même son heureux producteur Eli Roth. Artéfact d’un cruel manque d’inspiration des majors ou reflet d’une volonté pernicieuse de s’enrichir un peu plus ? Les deux mon capitaine !
« Le Dernier exorcisme : Part II » est une immonde et grotesque purge mal fagotée et mal interprétée.
Démarrage à grands renforts de jump-scare foireux, qui font plouf, et d’effets éculés : protagoniste isolé dans ses hallu auxquelles nul n’adhère, la peur insufflée par les aboiements d’un chien, ainsi que la disparition d’un personnage derrière un bus, puis des bruits zarbs au téléphone, une sonnerie qui retentit malgré un câble débranché, voix scary abominables, ectoplasmes du premier opus, clichés aberrants sur la Nouvelle-Orléans (bayous & vaudou), séance de lévitation, suicide collectif de corbeaux … oui voilà, ce genre de choses. C’est dire le niveau d’originalité du produit.
La seconde partie du long métrage verse même dans le burlesque involontaire lorsqu’arrive enfin le fameux exorcisme, avec effets ridicules et grossiers : du sel par terre, un langage inventé, des apprentis prêtres qui surviennent de nulle part, des masques pathétiques à peine flippants, une plicature vertébrale plus prononcée d’Ashley Bell, par ailleurs bloquée sur une unique expression de visage, un artifice d’effets digitaux stupides filmant un ventre qui gargouille, l’image fantasmatique d’un double maléfique, l’arrivée d’une poule (oui, d’une poule !!) …
Une seule séquence pour justifier le déplacement : la dernière poignée de secondes du film, où l’on peut observer une Ashley Bell terrifiante et télékinésique au volant de sa voiture.
Bilan : Une suite inutile et non désirée du « Dernier exorcisme ». Un grand n’imp’ filmé à la va-vite par Ed Gass-Donnelly, faiseur hollywoodien dépêché par le studio, et truffé de références religieuses calamiteuses.