En 2010, Daniel Stamm parvenait à réaliser un vrai petit exploit en pétrifiant les salles obscures devant son Dernier Exorcisme. Décrié, descendu en flèche, cet énième dérivé du faux-documentaire horrifique mérite pourtant sa place parmi les plus grosses surprises du genre de ces quelques dernières années. En s'entourant d'acteurs impliqués, en conservant une sobriété à pratiquement toutes épreuves, et en adoptant un point de vue très étonnant qui sortais de l'ordinaire, le réalisateur frappait fort. Et même si le film se suffisait à lui-même et n'appelait pas de suite au premier abord, il fallait malheureusement s'attendre à l'habituel et inévitable surf sur la rentabilité de l'oeuvre originale dont les producteurs sont tellement friands. C'est ainsi que l'on découvrait non sans agacement le merveilleux titre dont cette suite allait être affublée : Le Dernier Exorcisme 2. Pas encore sorti et déjà ridicule, de quoi faire rire les détracteurs et inquiéter sérieusement les conquis du film de Daniel Stamm. Et puis, il y a eu cette bande-annonce qui parvenait à nous redonner quelques bribes d'espoir, grâce à la présence d'Ashley Bell et quelques séquences visiblement assez détonnantes, entre autres. Mais pas assez pour nous faire rentrer dans la salle de cinéma sereins, bien au contraire. Et pourtant. Même si le miracle n'a pas eu lieu, même si Le Dernier Exorcisme Part II n'arrive pas à la cheville de son prédécesseur, on en ressort pas aussi catastrophés que prévu. Et même si Le Dernier Exorcisme, seconde partie, est loin d'être une réussite au sens strict du terme, il possède au moins un argument, le plus simple mais certainement le plus efficace : Ashley Bell. Après s'être fait fait remarquer dans le premier volet, l'actrice qui nous clouait à notre siège n'a absolument rien perdu de la folie terrorisante de sa première prestation. En réalité, c'est elle qui porte le film sur ses épaules d'un bout à l'autre, et c'est grâce à elle qu'il ne se vautre pas misérablement comme ont pu le faire des dizaines de suites avant lui. Ashley Bell est tout simplement hallucinante, habitée par son personnage dans tous les sens du terme, des pieds à la tête. Linda Blair peut désormais aller se rhabiller, on lui a enfin trouvé une héritière digne de ce nom. En passant de la jeune femme prude et presque agaçante de mièvrerie à un être démoniaque et pervert juste terrorisant, l'actrice confirme son immense potentiel, une âme et une présence comme l'on en voit rarement dans les films de genre. Malheureusement, une performance aussi bluffante soit-elle ne suffit pas non plus à faire d'un film une réussite, surtout lorsqu'elle est ponctuée de scènes aussi banales et prévisibles qu'un téléphone qui sonne encore une fois débranché, un des nombreux codes usés jusqu'à la moelle que le film tente de s'approprier à son tour. Mais il est tellement difficile de passer après un Freddy Krueger que l'effet tombe à l'eau, le premier d'une longue liste. La sobriété et le réalisme du Dernier Exorcisme laisse également place à quelques traits fantastiques dont on se serait bien passé. Un démon qui se dessine littéralement sur les murs d'une église perds étrangement une grande partie de la capacité qu'il avait à effrayer lorsque l'on ne le voyais pas. Le changement de cinéaste n'a donc pas fais du bien, Ed Gass-Donnely abandonnant bien trop l'esprit que Stamm avait donné au premier film. Il en va de même pour la scène tant attendue de l'exorcisme, encore une fois particulièrement impressionnante il y a deux ans, mais cette fois plus risible qu'autre chose. Abalam perds de sa puissance et emprunte une mauvaise pente peut-être un peu trop commerciale, à notre plus grand regret. Mais tout n'est pas à jeter pour autant. Même si elles sont rares, certaines séquences du film ont quand même tendance à nous mettre plutôt mal à l'aise. Et ce sont les scènes les plus épurées, les plus fidèles à l'oeuvre précédente aussi peu nombreuses soient-elles qui se détachent du lot et arrivent enfin à nous donner la chair de poule que l'on attendait tellement, un plan fixe sur notre chère Ashley Bell assise sur une table un grand sourire aux lèvres et recouverte de sang vaut officiellement tous les jump-scares réunis. C'est en grande partie ce que l'on retiendra de cette seconde partie, qui faute de mériter autant de blâmes est loin de briller autant que son prédécesseur. Le Dernier Exorcisme aurait sûrement dû être le dernier, mais retrouver Ashley Bell dans la peau de notre cher Abalam, cela n'a pas de prix, et cela suffit à nous faire passer un bon moment malgré tout.