The Pit and the Pendulum est visiblement un film très peu connu de Stuart Gordon, et je suis donc le premier à en faire une critique.
Coté casting, ici Jeffrey Combs, acteur fétiche du réalisateur est relégué au second plan, et cède donc sa place. En tête d’affiche on trouve Lance Henricksen, franchement excellent dans le rôle. Physiquement il est parfait pour incarner ce prêtre fou, et il lui apporte son meilleur jeu pour lui donner de la consistance, de la crédibilité, sans pour autant omettre ce petit grain de folie et de démence perceptible à presque chacune de ses apparitions. Il y a presque parfois un aspect théâtral dans sa prestation (entendu ici dans le bon sens du terme), mais c’est vrai aussi que le film donne une quasi impression de pièce de théâtre dans sa construction. Aux cotés de Henricksen, on trouve la peu connu Rona de Ricci. Elle livre une belle partition, un peu fade peut-être, mais agréable. Elle n’est pas mémorable mais elle passe bien. Jonathan Fuller est un amoureux ma foi plein d’entrain, et plutôt convaincu, qui prend son travail au sérieux. Il n’est pas lui non plus remarquable, mais il assure ce qu’il faut. On notera encore des seconds rôles pour certains vraiment réussis, et pour ma part j’ai bien apprécie le jeu de Frances Bay.
Le scénario se base donc sur une nouvelle d’Edgar Allan Poe. Gordon construit son film de manière assez singulière, puisque The Pit and the Pendulum ressemble furieusement à une pièce de théâtre. Un lieu, une action, et on a presque le sentiment que tout dure un jour. Le découpage s’apparente à des chapitres, avec des séquences bien délimitées. Cela pourra surprendre, et peut-être décevoir, mais Gordon maitrise plutôt bien son affaire. Le rythme est correct, sans être non plus très nerveux, la gradation est bonne avec une dernière partie qui monte en intensité, et le spectacle est finalement assez prenant et divertissant.
Visuellement on sent clairement le petit budget pour un film en costume. La mise en scène de Gordon est pour autant solide, et il se fait plaisir en s’attaquant à des genres qu’il n’a pas l’habitude de toucher. Il y a notamment pas mal de passage digne de films de cape et d’épée. Malgré tout on sent quelques raideurs, et une fluidité de la caméra qui n’est pas des plus enthousiasmantes. La photographie est convenable, et rend assez bien l’atmosphère médiévale, avec un travail réaliste et sobre. Les décors quant à eux sont forcément limités, puisque le film se déroule en quasi huis clos. C’était d’ailleurs une bonne idée, car du coup une certaine application a pu être mise dans le travail de ces quelques décors intérieurs, et le film a évité la dispersion. Reste que le manque de budget est quand même souvent criant. C’est encore plus visible dans les quelques effets horrifiques. En fait ici pour un Stuart Gordon c’est super pauvre en la matière, mais il y a quand même deux ou trois morceaux de bravoure, qui ne font pas du tout illusion. Le sang n’est pas crédible, les blessures font presque sourire. Reste enfin la bande son, qui s’avère plutôt convaincante, avec un style assez classique, reprenant des sonorités médiévales bien entendu. Ce n’est pas surprenant mais c’est efficace.
En conclusion ce Pit and The Pendulum est un petit film très convenable de Gordon. Certes, il est loin d’être totalement abouti, mais c’est une petite série B honnête, comme souvent chez le réalisateur. Je ne peux pas juger de sa qualité par rapport au film de 1961, ne l’ayant pas encore vu, mais Gordon, malgré un budget ric-rac, m’a convaincu, par des choix intelligents (le huis clos, la construction théâtrale), et par des acteurs à l’aise qui portent bien le métrage. Je lui accorde 3.5, et même si ce n’est pas là le meilleur film du réalisateur, c’est indéniablement un film qui mériterait de sortir un peu de l’oubli.