J'aurais adoré adorer ce film. Depuis que j'ai vu Trance, je suis McAvoydophile à fond les ballons, même avec une laide barbe et des cheveux gras. Filth m'appelait, la bande-annonce m'emportait, j'étais prête à voir le beau James s'enlaidir à jouer les ripoux de première bourre. Résultat... De petites incohérences dans le scénario me gênent toujours. Dans un tunnel sordide (qui m'a rappelé Irréversible), qui peut nous faire croire qu'une blonde en talons aiguilles, rien qu'en apparaissant, puisse effrayer quatre abrutis violents en train de tabasser un touriste ? Dans Sin City et avec des gros guns, oui, mais dans la vraie vie, elle y aurait eu droit aussi, si elle n'a pas d'arme...
- même, surtout ! avec ce qu'on découvre à la fin. A la fin d'ailleurs, amies trans, venez me confirmer, la barbiche sous la perruque, ça ne colle pas avec la passion de devenir femme jusqu'au bout des ongles... et j'aurais adoré voir ce visage tout lisse et maquillé, une belle chimère féminine et pas ce truc qui ne rime à rien...
Et puis aussi, que vient faire le voyage en Allemagne dans l'histoire ? Et puis Jamie Bell devient à la fin un peu trop sûr de lui et lisse, par rapport à son attitude tout au long du film. Ce sont des petits détails, mais qui m'ont un peu coincée. Le réalisateur ainsi que l'écrivain racontent qu'ils ont dû faire des coupes sévères pour que le film reste dans les 90 minutes et aie du rythme... C'est presque dommage, un peu de liant entre certaines scènes qui s'enchainent sans véritable logique aurait été utile.
La performance de Jamsounet (pardon, de McAvoy) : dans Trance, ce qui m'a le plus scotchée était la rapidité avec laquelle il pouvait passer de doux agneau à méchant implacable. Ici, c'est dans l'autre sens que se jouent les glissements, le vilain pourri cachant des angoisses et des fantômes qui le hantent et lui redonnent son humanité à laquelle on peut s'identifier. Ces glissements-là manquent aussi de liant pour que j'y adhère complètement. On parle dans les commentaires d'un bipolaire, moi j'hésite avec un schizophrène, pour en avoir fréquenté. "C'est - aussi - l'histoire d'un mec qui ne prend pas ses cachets" nous dit Mr Welsh l'écrivain. Bien vu, le cercle vicieux est bien décrit : je prends des cachets donc je vais mieux, puisque je vais mieux, à quoi bon prendre mes cachets"... mais dans le film, le personnage odieux, prouesse d'acteur, redevient non pas un type brisé attachant avec ses failles, mais James Mc Avoy tout sympa comme on l'aime. "Frais", comme ils disent. Ya pas, il fait très bien les deux, c'est le glissement de l'un à l'autre qui est mal agencé, à mon avis. Sauf dans la scène de l'escalier, où le personnage mis à nu et adouci, devient bouleversant, puis en un éclair redevient the beast en éructant sa violence. Là il est très fort, là ça colle avec ce qu'on sait de lui, de ses démons qui le hantent. Bon, ce ne sont que des micro-détails, mais qui expliquent que je n'aie pas adoré ce film alors que j'étais toute dévouée...
Dernier détail, le réalisateur dit qu'il pense que les plus de 50 ans risquent d'être choqués et de ne pas aimer ce film pour ses délires sexuels et autres addictions... Je veux lui rappeler que les cinquantenaires d'aujourd'hui ont été jeunes pendant les années 70, à l'époque de la parenthèse enchantée (après la pilule et avant le sida), que le sexe et les drogues valsaient allègrement, qu'on était libres et joyeux de tout ça comme jamais plus après, bref, que les vrais jeunes (d'esprit) SONT les cinquantenaires d'aujourd'hui ! Rien de m'a choqué dans les délires du film, j'ai presque (presque !) trouvé ça un peu sage par moments...