Si la filmo de Richard Curtis en tant que réalisateur a encore besoin de s'étoffer, il a gagné depuis longtemps en tant que scénariste ses lettres de noblesse dans la comédie romantique, puisqu'il a écrit quand même les plus emblématiques de ces dernières années : 4 mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Bridget Jones. Comme son premier film derrière la caméra est le sympathique (mais moins mémorable) Love Actually, on peut dire qu'on est en présence du maître de la Romcom, tout comme Sir Alfred était le maître du suspens.
Alors quand est-il de "Il était temps" ? Et bien c'est une poupée russe, un chocolat doucereux qui une fois croqué, laisse échapper une liqueur à la saveur moins guimauve. Et c'est bien grâce à son évolution, à ses intentions un temps cachées, que le film nous touche encore plus.
Bien-sûr, pour peu qu'on soit un minimum sensible à l'écriture romantique de Curtis, toujours empreinte de cette "distance so British" que Hugh Grant a su magnifier, on se laisse vite embarquer par ce parcours amoureux, par cette naissance d'un couple, bien loin du sempiternel " Je t'aime moi non plus". Mais cela n'est pas le seul sujet du film.
Certes, on se délecte du charme pétillant de McAdams, des formidables seconds rôles proches du burlesque (l'oncle, la soeur, le dramaturge, Rory), des multiples répliques savoureuses.
Avec le pouvoir de voyager dans le temps de son héros, Curtis n'abuse pas de l'effet papillon. Au contraire, il l'utilise principalement pour ajouter de la comédie et pour aider son personnage principal à grandir.
Grandir, le mot est lâché. Car là où le film prend son envol, c'est dans la relation père-fils, avec le formidable Bill Nighy, qui, comme tous les mâles de la famille, peut lui aussi remonter le temps… jusqu'à un certain point.
Film sur la transmission, sur la mort qu'on surmonte forcément, sur l'acceptation de ne plus jamais voir les gens qu'on aime, sur l'idée que le passé ne doit pas dicter notre avenir… Il était temps s'aventure au fur et à mesure dans des contrées plus profondes. Le jeu malicieux de Nighy désamorce tout effet larmoyant. Mais vous n'êtes pas à l'abri de verser quand même une petite larme.