(...) Dès le début, on est happé par son univers, sa faculté à poser son intrigue et certains de ses personnages en 3 scènes à peine et une poignée de plans. La voix-off présente chaque membre de la famille avec une tendresse bienveillante tandis qu'il pose les bases de son propos. Le jeune Domhnall Gleeson est donc le héros romantique de cette fiction. Il n'a pas un physique de jeune premier mais nous sommes dans un film anglais et l'esprit, l'humour même, est ce qui définit avant tout le personnage principal. Visuellement, Curtis n'en fait pas des tonnes. Il sait qu'il n'a pas un budget astronomique et du coup, les voyages dans le temps sont représentés très simplement : il va dans le noir, sert ses poings et il réapparaît à la période désirée. Une économie d'effets dicté par le budget mais qui lui permet surtout de le mettre en scène aussi souvent que nécessaire. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir recours à des ellipses, comptant ainsi autant sur l'intelligence du spectateur. La quête d'amour de Tim sera semée de (petites) embûches dont il saura triomphé avec malice et pertinence. En cela, Tim est un héros typique de Richard Curtis : l'esprit domine le corps, l'intelligence et la bonté d'âme dictent sa conduite. Sa relation avec Mary, sa manière d'évoluer dans le temps, n'évite aucun passage obligé du genre, même pas les petites disputes du quotidien ou les divergences de point de vue mais cela n'occupe jamais le cœur du film. Curtis n'est pas Cassavetes et plutôt que de parler de ce qui divise, il se concentre sur ce qui rassemble. Tim et Mary sont bien ensemble, c'est tout. Leur relation est évoquée avec un certain réalisme, captant certains moments de vie, jouant avec certains clichés et cumulant les petits gags, avec une façon si particulière de capter les petits détails d'une vie ordinaire. C'est simple, beau et remarquablement observé. Son sens de l'ellipse narrative est également toujours aussi bluffante. (...) C'est l'une des forces du cinéma de Curtis, passer des rires aux larmes avec facilité, sans jamais donner l'impression de se forcer et être capable d'émouvoir ou de faire rire sans jamais abuser de grosses ficelles. De même, on sent à chaque film son évolution en tant que cinéaste. Visuellement, le film ne comporte aucun plan hyper spectaculaire ou hyper léché mais l'art de Curtis est ailleurs. D'abord, il fait des choix de mise en scène forts. Peu de mouvement d'appareils, pas de jeu de zoom, pas d’esbroufe, pas de montage syncopé. Mais c'est surtout dans ses cadres que son style s'affirme. (...) Indéniablement, encore une bien belle réussite de la part de cet auteur ultra-talentueux, discret et simple.La critique complète à lire ici