Le résumé du film pourrait être celui d'un vieux nanar érotico-fantastique. On imagine un titre du style "Casanova contre Dracula", dans la veine des nombreux cross-over qui ont jalonné l'histoire du cinéma de genre (Frankenstein contre l'homme invisible, King Kong contre Godzilla, Maciste contre Zorro...). Mais non, Histoire de ma mort (titre clin d'oeil à Histoire de ma vie, les Mémoires de Casanova) est un pur film d'auteur esthético-ésotérique, une très libre variation, fantasmée et fantaisiste, autour de deux personnages "mythiques" dont le rapprochement insolite, sur le papier, peut légitimement aiguiser la curiosité. Sur le papier seulement, hélas. Car dans le déroulé du film, le rapprochement entre Casanova et Dracula n'intervient que bien tard. Qui plus est, on attend vainement une vraie confrontation qui aurait pu prendre la forme d'un dialogue philosophique, par exemple. Le film ne cultive malheureusement qu'une sorte de mise en parallèle, assez frustrante. Et la mise en opposition annoncée entre rationalisme et croyances obscurantistes n'accouche finalement de rien de transcendant sur le fond. Côté symboles, on perçoit quelques thématiques communes autour de la pénétration, de la jouissance et du sang (le sang de la défloraison, le sang de la morsure). Et puis il y a une forme d'ironie tragique, à la fin. À part ça, le récit se dilue interminablement en une succession de saynètes mollement intéressantes, globalement trop cérébrales ou abstraites. Récit minimaliste au format XXL, d'une lenteur mortelle. Histoire de ma mort confine ainsi au pensum, évité de justesse grâce au travail formel du réalisateur et des techniciens : une recherche picturale dans la composition des plans et dans le soin apporté à la lumière. Les décors de banquet ou de cuisine font penser à la peinture flamande, les scènes éclairées à la bougie évoquent les oeuvres les plus connues de La Tour, les clairs-obscurs de la dernière partie lorgnent vers la peinture romantique allemande... Voilà une sorte de syncrétisme esthétique, très inspiré, qui peut maintenir légèrement l'intérêt porté au film. Mais pas plus. Ce ne sont que quelques tableaux superbes dans un océan d'ennui, le plaisir esthétique ne compensant jamais la déception quant au titillement intellectuel ou au piquant érotique que l'on pouvait espérer d'un tel scénario.