A l'image de Gomorra c'est un film bling-bling, en effet c'est un petit joyau qui se déguise en diamant strass de pacotille. Pour évoquer le mensonge permanent des médias qu'on nous infiltre sous perfusion, nul n'est besoin de démasquer les armes de destructions massives que n'eut jamais l'Irak, il suffit de montrer le pouvoir d'attraction de la fête éternelle que constitue les émissions de télé réalité, leur image de bonheur dont on peut se parer l'esprit comme un sourire sur le visage. En théorie c'est mieux que de faire la gueule... En théorie. Or c'est du jetable, et on le jette sans rechigner, pour le prochain sourire, la prochaine fête... A vide. C'est la pratique. Pas de quoi se vanter. Le héros du film sombre dans la folie douce, juste un peu plus que les autres, comme un premier dans la file d'attente vers un enfer en cauchemar climatisé, les autres sont derrière, sauf ceux qui feront la queue pour ce Reality, d'une extraordinaire homogénéité, acteurs, cadrage, lumière, i tutti cuanti, pourtant la mise en scène mesure les effroyables abîmes que ce vide laisse entre les gens lorsqu'il se comble de mensonge inepte hypnotisant, plutôt que des drames ordinaires ou extraordinaires qui faisait vibrer la vie des gens dans les anciennes comédies italiennes qu'on ne pourrait plus refaire (ô mon dieu tous ces chefs-d'oeuvre, il sorpasso, etc.) maintenant. Garrone nous prouve que ce n'est pas faute de talent, mais à cause d'un changement de civilisation. Le grand Pier Paolo Pasolini nous interpellait; le fascisme a moins changé le paysage italien, les coeurs italiens, les mentalités, que la démocratie. En bien? Pas au niveau de la corruption... Ni au niveau des centres commerciaux lieux de vie de nos villes... Aniello Arena nous offre un grand numéro d'acteur, un des meilleurs de l'année 2012. Garrone lui a offert un grand film moderne.