Idéologiquement, Le grand Georges s'inscrit dans la tradition des films de résistance qui encensent les communistes... comme patriotes. C'est à dire des communistes comme la bourgeoisie les aime bien, du moins aujourd'hui, ceux qui ont choisi de se "battre pour la France" et non pour la révolution. En 1942 ou dans les années cinquante, sous Vichy puis pendant la guerre froide, évidemment, c'était autre chose. Mais aujourd'hui, ça ne mange pas de pain de rendre hommage à un résistant qui, de plus, a été mis à l'écart par son parti dans des conditions douteuses, comme pas mal d'autres.
Quant à Guingouin lui-même, il n'a contesté le stalinisme que quand il en a été victime, comme les Tillon, Marty, Lecoeur, qui ont auparavant avalé toutes les couleuvres. On aimerait savoir comment il se comportait lui-même avec les dissidents dans le maquis qu'il dirigeait d'une main de fer. Et sa contestation n'a porté que sur le retard du PC pour se lancer dans la résistance, bien que le pacte germano-soviétique ne l'ait pas conduit à le quitter.
Le seul mérite du film est de nous rappeler que la plupart des flics, des juges et des hauts fonctionnaires sont restés les mêmes, sous Vichy comme sous De Gaulle - Papon en fut un bon exemple, mais pas le seul.
Pour ce qui est de la reconstitution de l'époque, le réalisateur a manqué de moyens. Les acteurs ont fait ce qu'ils pouvaient, mais certains dialogues, y compris entre Guingouin et sa compagne, sonnent comme des tracts et d'autres sont peu crédibles comme l'entretien entre Guingouin, Duclos et Thorez. Certaines scène sonnent toutefois plus juste mais ne réussissent pas à sauver l'ensemble.
Bref un docu-fiction historique médiocre et politiquement très correct.