Ce que j'aime dans le cinéma slave, c'est son côté hétéroclite. La parade du serbe Srdjan Dragojevic grince de partout. Ça commence en grosse comédie bien beauf, ça se transforme en film militant et ça finit en drame.
Le ton est donné par les premières images du film, une leçon de vocabulaire: par quel mot méprisant désigne t-on les Croates, chez les Serbes, les Bosniaques et les Kosovars? (Oustachis, ça vous le saviez); et les Bosniaques, chez les Kosovars, les Croates.....etc, etc. Il n'y a qu'un seule injure sur laquelle tous se retrouvent: pédé! Ça, c'est de l'universel.
Deux couples. Lemon (Nikola Kojo) est un ancien combattant de l'armée serbe, costaud et poilu comme un singe, une croix d'or maousse sur la poitrine. Il est bardé de revolvers, il y en a partout chez lui, planqués derrière les tableaux et dans les vases de fleurs. Il dirige une société de gros bras, et possède une salle de judo. Viril, le judo. David Douillet aurait l'air freluquet au milieu des sportifs. Lemon met son poing dans le nez de tout ce qui ressemble à un croate ou un efféminé. Il n'aime que deux choses: son immonde bouledogue Susucre et sa fiancée Perle (Hristina Popovic), esthéticienne très occupée à préparer un mariage chic avec son chéri (enfin, chic selon Perle dont la notion d'élégance est hallucinante, c'est: velours rose et pompons partout). Bref, le couple de blaireaux parfaits.
L'autre couple est composé de Radmilo (Milos Samolov), un vétérinaire grassouillet, et de Mirko, qui ne pouvant exercer son métier de metteur en scène de théatre, s'est reconverti en organisateur de mariages.... Et dont le souhait le plus cher est d'arriver à organiser une Gay Pride à Belgrade..... Là, il ne manque pas un cliché, les amoureux roulent dans une voiture rose bonbon avec un porte clé Hello Kitty et boivent leur thé un petit doigt en l'air.
Il se trouve que Mirko a été contacté par Pearl pour organiser la fameuse noce, et que Lemon convainc, de façon fort directe, Radmilo de soigner d'urgence Susucre qui s'est ramassé une balle qui traînait.... La rencontre des deux couples se passe comme vous l'imaginez (non, pire encore probablement), et au bout de mille péripéties, on en vient à ce que le mariage ne s'effectuera que si Lemon et ses gros bras acceptent d'assurer la sécurité de la Gay Pride, menacée tant par les hooligans du coin que par les policiers eux même. Comme aucun n'accepte, Lemon et Radmilo, dans la mini rose, vont aller recruter dans toute l'ex-Yougoslavie des potes de Lemon, enfin d'anciens ennemis, puisque respectivement: croate, bosniaque et albanais.... devenus potes.
C'est bourré de trucs burlesques, mais c'est lourdingue! Ca ressemble plutôt à de la saucisse /purée de pois cassés qu'à de la nouvelle cuisine.... Et sur le plan des bons sentiments, c'est pas léger-léger non plus, car vous devinez bien que tous ces bas-du-front vont finir convertis à la tolérance, non seulement entre leurs ethnies respectives.... mais vis à vis de leurs nouveaux amis homosexuels, et ils se feront tabasser par les skinheads, non plus pour l'argent -mais par conscience....
Ah, sûr qu'ils n'en sont pas à parler de mariage pour tous en Serbie! Y a du boulot à faire, et du chemin! Le côté militant du film est donc plutôt fait pour la consommation domestique, mais nous autre en apprécions le côté délirant, burlesque, énorme.... A côté, les frères Farelly jouent petit bras...
A voir? Ben oui, tout compte fait, à voir!