(...) INTO THE WOODS est une comédie musicale car le film exprime son propos par des moyens plus musicaux que cinématographiques.
Il faut donc prêter une attention toute particulière à ces chansons, car bien plus qu’illustratives ou divertissantes, elles SONT le film, le principal intérêt.
D’où l’importance de Rob Marshall à la réalisation, l’homme apportant son expérience de metteur en scène et chorégraphe de musicals. Il fait de ces (très) nombreux numéros musicaux des climax successifs, exagérément théâtraux et esthétiques, donnant au film un rythme implacable, pourvu qu’on soit sensible à ce genre de spectacle.
Les chansons sont ainsi les véritables personnages du film, chacune personnifiant une émotion très distincte. Les acteurs donc, incarnent un personnage, mais au delà, sont les interprètes des chansons – un double rôle assuré avec plus ou moins de réussite.
Meryl Streep (sorcière), Emily Blunt (boulangère) et les deux gosses Daniel Huttlestone (Jack) et Lilla Crawford (Petit Chaperon Rouge) sont les plus convaincants par exemple. Chris Pine (prince Charmant), Anna Kendrick (Cendrillon) et James Corden (boulanger) sont plus expressifs lors des chansons, Tracey Ullman dans son personnage. Enfin Mackenzie Mauzy (Raiponce) est complètement transparente… De même que Johnny Depp en Loup.
Semblant avoir été intégralement été tourné en studio et comportant très peu d’ajouts numériques, la direction artistique propose une ambiance sombre reposant sur du concret, du palpable : éclairages, costumes, décors.
Heureusement, car d’un autre coté, l’histoire d’ INTO THE WOODS est très accessoire, l’univers dans lequel évoluent les personnages, très peu développé.
Malgré une forme de réalisme hors-sujet, le film possède cet aspect très froid, peu empathique. Mais l’idée n’est pas vraiment d’immerger le spectateur, mais plutôt de lui présenter un divertissement dont l’ambition serait, en prenant le recul nécessaire, de présenter un aperçu exhaustif de la nature humaine.
Car comme dit plus haut, chaque chanson personnifie une émotion… Et il m’a semblé qu’ INTO THE WOODS tentait de déstructurer, de dénaturer la nature de conte, et construire ainsi une sorte de film-cerveau musical composé de nuances, d’une multiplicité de thèmes, d’interactions inédites.
Pendant les premières minutes, on est en terrain connu. Chaque personnage est ainsi présenté – en accord avec l’idée générale qu’on a d’eux, par le biais d’une chanson. Puis, par injonction scénaristique, ils doivent se rendre dans « Les Bois« . C’est là que commence véritablement le film : ces « bois« , sont le lieu d’une surprenante schizophrénie, une redéfinition constante de leurs personnalités et donc des enjeux du film. Ces twists (très nombreux ) ont toujours lieu en chanson, et chaque chanson définit donc, une nouvelle émotion.
INTO THE WOODS adopte une structure ramifiée qui, d’une idée commune, tend vers cette complexité à même de définir une âme, un cœur. Si ainsi, vers le début du film, le ton est très manichéen, bien-mal, courage, peur, etc. les personnages positifs se révèlent progressivement très complexes et expriment des thèmes matures et variés tel que : la redéfinition du sentiment amoureux par la parentalité, l’instinct maternel et paternel, l’appât du gain (affectif, économique, social), le désir (sexuel), la manipulation…
Très intéressant, même si cela se fait au détriment de toute lisibilité : le film au final, apparaît comme ultra-rythmé car composé de près d’une trentaine de numéros musicaux – tous passionnants en soi car exprimant quelque chose de différent… Mais il se révèle également comme incroyablement fouillis ; difficile de se passionner pour l’histoire, puisqu’elle est quasi-inexistante, en dépit de quelques sursauts scénaristiques rassemblant artificiellement tous les personnages (...
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