(...) chaque conte de fée recèle de nombreuses facettes. Il y a les paillettes et les avantages liés au rang et au statut mais surtout le protocole. Un protocole bien difficile à suivre lorsqu’Alfred Hitchcock de par son projet de film amène ce feu artistique qu’elle accepte d’éteindre mais qui la consume encore. Une voie qui lui manque et qui, couplée à des problèmes maritaux et une situation politique tendue (la menace d’annexion de la France) la font douter et la confronte à une question, qui constitue le cœur du film : comment passer le reste de sa vie dans un lieu où elle ne peut pas être soi-même ?
Une image et un questionnement, qui bien qu’intéressant souffrent d’une gestion très maladroite. En effet, avec Grace de Monaco, Dahan, peu soucieux de se voir attribuer l’étiquette d’historien et relater les événements tels que l’Histoire les dicte ( l’historien Jean des Cars, spécialiste de la famille royale monégasque, a d’ailleurs déclaré après visionnage du film qu’ « historiquement, politiquement, sociologiquement et humainement, il n’y a pas une scène ni une réplique qui soit conforme à la réalité ni même à la vraisemblance. »), opte pour une mise en scène s’affranchissant du protocole des biopics et propose ainsi une fiction inspirée de faits réels qui ne cherche pas à réinventer la réalité mais bel et bien à la repeindre.
Repeindre oui, car Dahan préfère l’étiquette d’artiste à celle d’historien. Tel un Picasso de la pellicule, celui-ci cherche par les libertés qu’il prend avec l’Histoire, à dresser de manière assez fidèle le portrait caché de cette Princesse méconnue en mettant a disposition de Nicole Kidman la palette d’émotions que ressent Grace, entre peur, incertitude, déception et enfermement. Grace de Monaco, ce sont des émotions, qui de par leur surexploitation laisse transparaître le réel défaut du film : la vacuité de son scénario. Personnages la plupart du temps assez creux et réduits à des stéréotypes, baisse de régime due à l’improvisation ou encore mélange hasardeux entre film d’espionnage, film de conspiration, récit familial et drame scintillant, le film est un peu tout à la fois, sans jamais donner une ligne directrice.
Tout juste, pouvons-nous nous extasier devant la représentation des années 1960, qui parfaitement retransmise, évite au film de sombrer dans les limbes de la nullité.