"Il vécurent heureux et se trompèrent beaucoup". C'est la phrase qui ponctue le nouveau film d'Agnès Jaoui, phrase de conte, remaniée. Elle résume parfaitement les idées que véhicule le film, encore plus si l'on donne plusieurs sens au verbe "se trompèrent"...
Oeuvre chorale, reprenant plus ou moins les personnages des contes traditionnels, on y croise un petit chaperon rouge d'aujourd'hui (Agathe Bonitzer). Elle est fraîche, crédule, fervente croyante en un grand et unique amour et à la recherche de son prince charmant. Elle le trouvera en la personne d'un compositeur de musique contemporaine (Arthur Dupond), doux et gentil. Mais la réalité est un peu chienne, puisqu'elle croisera un loup prédateur (Benjamin Biolay, absolument formidable). Il lui remettra les idées en place, en la giflant au propre comme au figuré dans une scène presque jouissive pour moi, tellement la jeune fille est agaçante et prétentieuse.
On rencontre aussi une mère aux allures de méchante belle-mère façon Blanche-Neige. Mais les apparences sont trompeuses de nos jours, c'est bien la maman, la chirurgie esthétique faisant des merveilles. Il y a aussi une fée (Agnès Jaoui), mais il ne lui reste que le costume, revêtu lors des répétitions d'un spectacle pour enfants. Elle n'a pas beaucoup de pouvoirs, est un peu perdue, éperdue même. Elle essaie de se débrouiller seule dans une vie bien compliquée entre une fille qui lit la Bible et son désir de pouvoir enfin conduire une voiture toute seule. C'est là qu'elle rencontre un moniteur d'auto-école, ni roi, ni prince, seulement homme bourru, bougon et parfait incroyant . C'est Jean Pierre Bacri, au sommet de sa forme en tant que comédien, mais surtout rongé dans le film par l'annonce de sa mort prochaine faite 30 ou 40 ans plut tôt par une voyante.
En s'attaquant à toutes les croyances que l'humain rencontre dans son existence, le film nous amène à nous pencher sur tous ces bobards que l'on nous fait gober pour que la vie soit plus simple ou plus belle. Au bout du compte, contes, grand amour ou religion, même combat. Ces croyances sont des béquilles, des fadaises auxquelles il est facile de croire mais que la vie se charge de démolir très vite.
La fin sur le blog