Cherchez Hortense, et vous ne trouverez pas grand chose, sauf Claude Rich, mais ce n'est déjà pas si mal, me direz vous. On ne se lasse pas de Claude Rich. Quand on pense qu'il a commencé sa carrière en freluquet bcbg et arrogant dans les cultissimes Tontons flingueurs.... Et Jean-Pierre Bacri? Oui, Bacri aussi, par moments. Il serait temps qu'il trouve un rôle à contre-emploi, car il commence à se lucchiniser (i.e: passer son temps à s'auto-parodier).
Damien (Bacri donc) est prof de civilisation chinoise; en gros, il explique aux hommes d'affaire les les moeurs, les symboles, les traditions du pays avec lequel ils seront appelés à négocier. Sa compagne, Iva (Kristin Scott Thomas), metteur en scène de théatre, le presse d'intervenir auprès de son père pour sauver de l'expulsion possible Aurore, une jeune yougoslave (Isabelle Carré). [Oui, la jeune femme vit depuis longtemps en France, dont elle maitrise parfaitement la langue..... Passons sur l'invraisemblance]
Sébastien Hauer, le père de Bastien, (Rich donc!) est donc très puissant. Il est conseiller d'état, ou peut être même président du Conseil d'Etat. C'est un monsieur distingué et très occupé, très égoïste, en même temps qu'un vieux gredin naviguant à voile et à vapeur, devenant tout miel face à un serveur gracieux comme seul un japonais efféminé peut l'être.... (Masahiro Kashiwagi, ce personnage nous vaut d'ailleurs la scène la plus comique du film). Mais Bastien n'est à l'aise avec personne, ne sait parler à personne, et surtout pas à son père, bref, pendant les rares instants qu'ils peuvent passer ensemble, il n'arrive pas à placer le cas d'Aurore, et pire, il laisse croire à Iva qu'il l'a fait.... Il faudra qu'il réalise que la protégée n'est autre qu'une ravissante jeune femme qu'il croise régulièrement pour qu'il se mette à remuer ciel et terre pour elle. Sans succès, bien sûr....
La relation père /fils, c'est le côté intéressant du film. On imagine combien un tel géniteur a pu être écrasant. Le personnage de Damien est aussi intéressant. Il est bon père mais introverti, psychorigide -quand sa compagne lui révèle qu'elle vient de le tromper, il la jette dehors. Et zou! Bref, très doué pour saccager tout ce qu'il touche. Mais aussi, lâche, se réfugiant dans le mensonge pour se sortir des situations délicates, ce qui fait quand même beaucoup. Mais on comprends bien que Bacri, là dedans, est à son aise.
Et après? Ben après, rien. On tourne en rond. Les caractères sont bons, la mise en situation est bonne, mais ça ne va nulle part. Pascal Bonitzer pratique ce petit cinéma français inutile, qui parcours toujours les trois mêmes arrondissements de Paris, qui vit toujours dans le même microcosme, satisfait dans sa superficialité....
Hélas! quand on croise un véritable cinéaste français, avec de vrais sujets de société, et de vrais personnages qui ne sont pas sytématiquement publicitaires, rue Oberkampf, c'est qu'il est Suisse (Ursula Meier) ou belge (Joachim Lafosse).....
Cela dit, le film n'est pas désagréable, avec sa galerie de personnages secondaires pittoresques. Vite vu, vite oublié.