J'ai la fâcheuse tendance à être méfiant, certes, mais la relecture d'un méchant aussi culte me titillait. CATASTROPHE.
Que Disney EUX-MÊMES osent transformer leur divine princesse emblématique en gamine niaise et joufflue, changer Philippe en Justin Bieber de 13 ans et demi, plus inutile qu'aucun prince jamais vu, faire du Roi Stéphane un paternel psychotique infâme, au facies de SDF limite vieux dépressif délirant, réduire mes trois fées d'amour en trois "choses" pénibles, insupportables de mièvrerie et de laideur graphique, et enfin et surtout, métamorphoser la plus grande Méchante de l'histoire de l'animation en héroïne au coeur tendre (contresens ?) , dotée quand besoin est des pouvoirs de Matrix, du costume-collants latex de Catwoman ou de la cape de Batman façon aéroplane ou Furie Nocturne de " Dragons " ( oh les envolées délirantes), alors là NON NON NON !!!!
Et que tout ça arrive impunément sous nos yeux, et qu'une certaine opinion générale ne bronche pas voire applaudisse, me pose question.
Résumons donc : Aurore n’a qu’une raison d’être, se rouler dans la boue avec une immonde galerie de monstres en synthèse incrustée ( Minimoys fluos et gluants cuvée Monde d'Oz, pires best of de la Planète au Trésor et Fraggle Rock réunis, autres peluches et hideusetés empruntées à Star Wars, ou Noé et Lord of the Rings ( les soldats tout moches de pierres et de bois qui parlent, ça suffit, stop, au secours !), la palme de cette ménagerie revenant à cette monstrueuse fée insecte multi pattes digne d'un facehugger d'Alien, à cet espèce de cousin bleu des bisounours aux airs d'éphélant et à ce bestio volant géant SF digne de la planète Krypton de Man Of Steel, bonjour le jardin féérique des contes d'Antan…). Ses trois bonnes fées de jadis ont une gestuelle-mimique taille réduite bien strange et loupée niveau effets spéciaux. Leur moindre réplique, geste ou apparition, n'est ni magique ou drôle, tout tombe à plat, tout est moche, cul-cul, bête et limite méchant les concernant. Ben franchement j'en étais rouge de honte à chaque passage écran, Dieu Merci Stéphane leur fout une sacrée gifle sur la fin...
Alors oui y a des idées : l'Amour trahi pour le pouvoir, le désarroi bouleversant d'Angelina amputée de ses ailes à son réveil, sa célèbre canne née tout naturellement de son nouveau et douloureux statut "terrestre", tout ce qui touche à Diaval, l'amour de Maléfique qui peu à peu malgré elle se révèle puis sauve superbement la mise, la parfaite scène du baptême, Aurore découvrant que Mal lui a menti, la jolie course au ralenti embrasée par le sunset pour empêcher qu'Aurore ne se pique, le piège final infernal tout de feu et de métal.
Mais le film s'alourdit vite en scènes inutiles, improbables, illogiques, longues ou ennuyeuses... en fait, le coeur du film se traîne entre Stéphane dépressif parano qui fait les cent pas à répéter "elle arrive", Maléfique en baby sitter champêtre et farceuse, et les visites débiles d'Aurore - dopée à l'exta - au pays moche comme tout des fées...
La scène finale oscille entre cucul et Spiderman/Superman faisant une dernière pirouette 3D.
Quant au prince on le replante ni vu ni connu dans le joyeux fourre-tout final pour la photo de famille finale, mais c'est juste pour la forme, car on voit bien qu'il a un peu les boules avec son "amour véritable" amateur qu'a même pas su faire le boulot....
Moi qui pensait que les célèbres cornes de Mal. venaient d'un pacte ou d'un mauvais tour avec le diable, ou de boucs qu'elle menait paître quand elle était bergère, ou bien d'une punition style Bête, on n'en saura jamais rien.
Idem, si elle est censée devenir méchante suite au traumatisme affectif, pourquoi est-elle diablement cornue et s'appelle-t-elle Maléfique sans raison dès le début ? Notons que son apparence, ses origines et sa fonction au pays des fées sont elles-même caduques et artificielles dès le départ... et qu'à la place de Stéphane enfant, ses cornes m'auraient plus fait fuire que tomber amoureux, mais enfin bref la logique des scénars Disney new generation s'arrête pas à ça :-)
Donc bref, tous les éléments sont là, hachés menu façon boucher sans aucun complexe et remontés de façon plus au moins cohérente sous le diktat des codes des blockbusters d'aujourd'hui et au fil des besoins de l'histoire. Au jeu des reliftages et recyclages à l'infini type Tinkerbell, Descendants, Sofia, Once Upon A Time, Frozen 2, chez Disney plus rien n'est sacré, plus rien n'est intouchable, tout est possible, tout est permis et ça me fout les chocottes.
La phrase d'intro type " on vous a raconté ça jadis, mais en fait c'était pas la vraie histoire hein " va devenir je le sens le prétexte et la nouvelle formule magique ouvrant à Disney les portes à des années de relecture à la sauce actuelle : j'attends avec angoisse le prochain Cendrillon, puis l'adolescence de Triton et Ursula, l'enfance de la Fée Bleue à l'académie de Stromboli, les débuts de Crochet dans la piraterie, et la vie de Grincheux et Simplet avant de rejoindre les 5 autres nains quand ils étaient exploités dans les mines de sel du père de la Reine qui est en fait leur mère qui les a rejetés ( vous voyez, c'est facile, tout le monde peut en faire du scénar comme ça)...
Tout peut y passer à ce petit jeu, et je pense que tout y passera... Les films prise de vue réelle Disney ont de quoi faire pour les 20 prochaines années.