Lorsque Disney a annoncé avoir l’intention de faire un remake de son propre chef d’œuvre « La belle au bois dormant », le studio a-t-il vérifié la définition d’un remake ? « Maléfique » n’a rien à voir avec le dessin animé que j’ai chéri ! « Maléfique » est une nouvelle histoire qui reprend des personnages ayant les mêmes noms que ceux du classique de Clyde Geronimi, et accessoirement, de Charles Perrault. Placer l’histoire que tout le monde connaît par cœur du point de vue de la mauvaise fée Maléfique est intéressant, puisque c’est une part de l’histoire qui nous est inconnue. Donner à celle-ci un passé dramatique, de réelles raisons d’être haineuse envers la famille royale permet d’en faire un personnage à part entière au lieu d’un simple antagoniste. La première partie –jusqu’au fameux maléfice- est agréable. Le monde des fées est joli, la gamine pleine de grâce. Les scénaristes auraient tout de même pu donner à cette jolie petite fille un tout autre nom que Maléfique... À croire qu’elle est née tout en sachant qu’elle deviendrait diabolique la pauvre enfant ! Bien que prévisible, l’issue de sa relation avec Stephan, déchirante, est bien amenée. Même si l’on regrettera que les effets spéciaux soient continuellement surfaits, tout comme la retouche numérique sur le visage de la fée, ces scènes m’ont plu. Angelina Jolie est superbe en Maléfique, la fée impose le respect. Elle choisit
le corbeau Diaval
comme compagnon, et l’explication de leur complicité tombe sous le sens. Et puis vient le sortilège dans la grande salle du château, où l’actrice se glisse à merveille dans une scène rendant parfaitement hommage à celle que l’on connait. La fée verte
oublie de prononcer son dernier souhait devant le bébé
,
c’est Maléfique qui s’attendrissant,
propose le baiser d’amour sincère comme remède miracle. Le premier -et loin d’être le dernier- point qui fâche. Finalement, Aurore grandit. Pour un film ayant pour héroïne l’une des plus grandes antagonistes de l’histoire de l’animation, le ton est bien mielleux.
Trop de bons sentiments émanent de la fée malgré sa rancœur envers le roi. Traiter Aurore de monstre ne suffit pas à rappeler qu’on regarde un film sensé être sur le "méchant" de l’histoire
. La petite fille est d’ailleurs insupportable : niaise, fade, souriant bêtement à chaque insecte qui passe, elle n’a absolument rien à voir avec la gracieuse princesse Aurore !!! Probablement la mauvaise influence de ses horribles marraines les bonnes fées, enchaînant mauvaise blague sur mauvaise blague... En parlant de blague, la plus ratée est peut-être la présence du prince charmant, un membre des "One Direction" ayant échappé à ses groupies le temps d’apparaître cinq maigres minutes. D’autres évènements se disputent la palme de la bonne trouvaille ratée :
le baiser d’amour sincère, Maléfique qui ne se transformera jamais en dragon, le retour victorieux des ailes, la défaite trop facile du roi, tout qui redevient beau après la rédemption de la mauvaise fée, etc
. Je ne veux pas d’un gentil méchant qui en fait n’en est pas un, voyez comme on vous a menti. Je ne veux qu’un antagoniste aux motivations claires et compréhensibles. La scénariste Linda Woolverton et son assistant John Lee Hancock y parviennent assez bien au début, mais finissent par la simplicité en se débarrassant intégralement de ce qui faisait la force du dessin animé. J’aurais voulu un film qui me donne un regard neuf sur le conte de mon enfance, et me pousse à juger d’un autre œil Maléfique. Alors non, « Maléfique » version 2014 n’est pas la face cachée de l’histoire comme on nous l’avait promis. Ce n’est qu’une relecture les yeux fermés et les oreilles bouchées de l’œuvre de Geronimi. Comment se faire de l’argent en massacrant l’un des plus grands dessins animés de tous les temps. Rien à voir avec l’original je vous dis.