« Le Belle au Bois Dormant », vu de l’autre côté, c'est-à-dire vu du côté de la marraine maléfique, voilà ce que propose Robert Stromberg dans son dernier film. De prime abord, cela peut paraître intéressant, changer de point de vue et adopter celui de la méchante, comprendre pourquoi elle est devenue méchante et tordre le coup au conte de Perrault pour le rendre plus subtil, moins binaire. Oui, sur le papier, tout cela est digne d’intérêt. Y ajouter les effets spéciaux dont les studios Disney sont capables promettait de passer une heure et demie hors du temps et de l’espace, une sorte de parenthèse enchantée. Seulement voilà, le film ne dure qu’une heure et demie mais semble en faire beaucoup plus ce qui n’est pas bon signe du tout. Il n’y a pas vraiment de longueurs ou de baisse de rythme, non, c’est seulement que la mayonnaise ne prend pas. Ou plutôt, elle prend au début dans son premier quart d’heure, jusqu’à l’arrivée d’Angélina Jolie, mais après, bien qu’elle n’y soit pour rien, le film devient artificiel et stéréotypé. A part Angélina Jolie elle-même qui a de loin le rôle le plus intéressant (visage émacié et blafard, regard de glace), le reste du casting n’est pas au top. Les scènes avec les 3 fées se voudraient pleines d’humour, elles sont à peine drôles (et pourtant je suis bon public), le roi est toujours à la limite de l’hystérie, le prince charmant est transparent mais le pire c’est Elle Fanning dans le rôle d’Aurore. Son personnage est d’une platitude et d’une mièvrerie telle qu’elle en devient très rapidement tête à claque ! Les scènes d’action en mettent plein la vue, ce qui est le minimum syndical avec ce genre de production, mais elles ne surprennent plus tellement, on pioche du côté des « Deux Tours » pour les arbres (j’allais écrire les Ents !) qui combattent, on pioche du côté des films de dragon (il faut une scène de dragon, le feu çà en jette), etc… En réalité, devant « Maléfique », je repensais souvent au film de Tim Burton « Alice aux Pays des Merveille » qui m’avaient beaucoup déçu pour les mêmes raisons. Finalement, le seul et unique intérêt de « Maléfique », c’est bien le changement de point de vue, et le parti que prends le film pour la méchante marraine. Elle a fait confiance à un homme, il s’est servi d’elle et l’a durement blessée. C’est bien connu, le chagrin ne rends jamais meilleur, au contraire... Finalement, malgré tout ce qui va suivre, on comprend très bien sa colère et sa vengeance, la victime, c’est elle avant d’être la nunuche blonde a qui on a expliqué qu’elle devait éviter de se piquer le doigt mais qui, évidemment, touche le premier fuseau qu’elle rencontre ! Ce film est essentiellement à destination des enfants, malgré les scènes un peu violentes qu’il renferme (mais les enfants de 2014 en ont vu d’autres…), les adultes, eux, regretterons un film qui manque d’humour (il n’y en a pas assez et puis parfois c’est un humour un peu « tarte à la crème ») et d’audace, une interprétation sans saveur et une réalisation tape à l’œil (effets sonores accentués garantis) qui annihile toute l’originalité que le scénario pouvait laisser supposer sur le papier. Au-delà de 15 ans, on peut s’éviter le déplacement.