Dans son avant-dernier film (le seul autre de ses 10 "longs" que j'ai eu personnellement l'occasion de voir), Marco Risi (le fils de, mais déjà sexagénaire) s'intéressait à la mafia (et à la politique) à partir d'un fait divers réel, à Naples, et en utilisant la dramaturgie du western : "Fortapàsc". Ce "Cha, Cha, Cha" (dont il a à nouveau écrit le scénario en collaboration avec Jim Carrington) est purement fictionnel (mais crédible), se situe à Rome, et mêle politique et criminalité (encore la mafia, ou les mafias - on y effleure une dimension internationale de la "pieuvre", ici roumaine), en utilisant les codes du film noir. Ce nouvel exercice de style est plutôt très réussi sur le plan formel (mise en scène classique et efficace, très belle photo d'un autre "Marco", Onorato, montage parfait de Clelio Benevento - déjà l'un et l'autre sur "Fortapàsc"), l'histoire est suffisamment fouillée (sans être compliquée inutilement) et les figures principales, le "privé" et sa blonde et riche cliente, (respectivement "Corso", alias Luca Argentero, beau ténébreux venu au cinéma par la téléréalité - vu dans "Le Guetteur" de Michele Placido, et "Michelle", alias Eva Herzigovà, l'ex-icône Wonderbra, qui vit en Italie avec le père de ses 2 fils, un entrepreneur turinois), s'en tirent honorablement, bien entourés de figures secondaires soignées, comme le protecteur de Michelle, ou l'ancien collègue de Corso (sans oublier "Ugo", l'adorable bouledogue français à 3 pattes de Corso !). Les circonstances de la mort du jeune Tommaso dit Tommy, le fils de Michelle, étant reconstituées par Corso, au-delà de la tragique anecdote, la situation de corruption générale du pays apparaît solidement installée - seuls changent les acteurs, le pourrissement de la société perdurant. D'où l'épilogue ironique, qui justifie le titre : "Cha, cha, cha", sur l'air de la comédie à la Risi, le père.