Bon, après Bataille pour Sébastopol, film de guerre russe vu récemment et qui pour moi mérite les plus grands éloges, je me suis lancé dans Stalingrad, la version russe de Bondarchouk. Au final, malgré des moyens plus conséquents que le sus-nommé, je n’ai pas été aussi convaincu.
Au casting un nom sera plus familier au spectateur occidental, celui de Thomas Kretschmann. Il incarne ici un allemand bien sûr, et il le fait ma foi avec une certaine conviction et une certaine expérience aussi vu que ce n’est pas la première fois. Il fait donc bonne impression, et je dirai même qu’il se démarque finalement. En effet, son personnage est non seulement le plus travaillé, le plus complexe, mais l’acteur est aussi un cran au-dessus de ses concurrents, et en particulier toute la troupe russe. Les personnages sont déjà un peu plus lourds, et les interprètes tendent à surenchérir de trop, manquant le coche du réalisme. Il y a un côté trop théâtral. En revanche le casting féminin a de l’allure, avec Mariya Smolnikova et Yanina Studilina, qui apportent une vraie plus-value.
Le scénario est inégal. D’un côté il y a de bonnes intentions, offrir une approche plus psychologique de la guerre, tendre à en faire une tragédie avec tous ses dilemmes, ses drames. Certes, le souci c’est qu’au final ce Stalingrad tend à être assez redondant, à ne pas franchement avancé, et à laissait interrogateur. Etonnant qu’une si petite troupe puisse embêter une armée entière par exemple. Il y a des passages aussi assez improbables (notamment un avec un colonel allemand franchement benêt), qui viennent émailler trop souvent le film et affaiblir sa volonté réaliste et sa puissance. En somme le film tend trop souvent à vouloir en faire beaucoup (la scène d’assaut sur le début, ouch !), et cela vire parfois aux limites du ridicule.
Visuellement de même le film n’est pas parfait. Bien sur les moyens étaient limités, mais enfin Bataille pour Sébastopol avait un budget encore plus restreint et je l’ai trouvé plus convaincant. En effet Stalingrad laisse la part belle aux images de synthèse, au bidouillage numérique, et si tout n’est pas mauvais (je dirai même que cela donne parfois une ambiance singulière), il y a des morceaux importants qui ne convainc pas vraiment (les tanks par exemple). Trop de numérique tue le numérique, et le film aurait peut-être dû faire preuve d’un peu plus de modération. Du coup malgré des idées intéressantes (la pluie de cendres…) et une esthétique pas vilaine, il y a une sorte de badigeons artificiels qui ne permet pas d’entrer pleinement dans le film (les giclées de sang aussi sont assez inégalement réussies). Heureusement la mise en scène de Bondarchouk est plutôt sympathique en dépit de quelques effets de style (ralentis surtout) un peu trop omniprésents. Néanmoins ils servent à mettre en valeur des moments importants et peuvent donc en règle générale se justifier. De même la bande son est de qualité, et accompagne bien les images.
Au final Stalingrad version russe est un métrage un peu lourd dans le choix du quasi-tout numérique et dans la tonalité parfois pontifiante de l’histoire et des prestations des acteurs. Pas désagréable en somme, mais je le conseille principalement à un public qui aime le genre et n’a pas peur de la grandiloquence ou du pathos tragique. 3.