Sortie en 2011, "Comment tuer son boss" était une formidable réussite qui était presque parvenue à se hisser au niveau du must du genre, "Very Bad Trip". Pour autant, l’histoire n’appelait pas forcément une suite, sauf à prendre le risque (inévitable ?) d’une redite paresseuse (qui a dit "Very Bad Trip 2" ?). La suite semblait d’autant moins s’imposer lorsque la production a annoncé que Seth Gordon laissait sa place de metteur en scène à l’inconnu Sean Anders. Et c’est peu dire que la première demi-heure du film est poussive voire douloureuse. Certes, le plaisir de retrouver le trio composé de Jason Bateman, Jason Sudeikis et Charlie Day est bien là mais leur numéro parait tourner en roue libre et les gags bas de plafond ont tendance à s’enchaîner comme dans un mauvais Farrely (la scène tellement prévisible de démonstration de leur douche !). Les dialogues suivent le même exemple et sombrent dans une vulgarité plus gratuite que payante (voir la réunion des addicts au sexe). Même la tentative de renouvellement du scénario tombe à plat pour tout spectateur ayant vu
"La Vérité si je mens 2" et qui ne seront guère surpris par le plan du méchant du film campé par Christoph Waltz
… Quant au retour des stars du premier opus (Kevin Spacey, Jennifer Aniston, Jamie Foxx…), ils sont, certes, sympathiques mais font un peu trop "on est là envers et contre toute logique scénaristique" pour être honnête. Pourtant, le miracle s’accomplit dès lors que le trio se met en tête de kidnapper le fils mal-aimé du méchant, joué par un Chris Pine survolté. On retrouve, subitement, le décalage qui a fait le sel du premier opus et la formidable alchimie du trio (avec le désabusé Nick, contraint de composer avec les conneries de l’obsédé Kurt et du barjot Dale). C’est d’ailleurs cette alchimie qui permet de transcender certains gags qui, dans d’autres films, pourraient faire un peu déjà-vu mais qui, ici, parviennent à nous faire rire
(le sort de la carte de crédit pour forcer la porte, l’inversion du téléphone portable laissé sous le banc…)
. Les vannes, en général, gagnent subitement en efficacité et en originalité et les personnages parviennent même à nous surprendre
(les réactions du père plus soucieux de la rançon que de la vie de son fils, l’attachement de ce dernier pour ses ravisseurs…)
. Mais surtout, le rythme comique du film est mené tambour battant et ne laisse pas une minute de répit… au point de nous faire oublier ce premier tiers en dessous et de finalement, trouver cette suite plutôt réussie, à défaut de vraiment renouveler le genre. Il ne faudrait pas, pour autant, que les producteurs aient l’idée saugrenue de nous pondre un troisième opus !