Antoine vit avec Adar, mais il rêve d’Alexis... Louis est amoureux de Mathilde alors il va épouser Julie... Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera-t-il dans les bras d’Ariel ? Trois frères en pleine confusion... Comment, dès lors, retrouver un droit chemin ou ... échapper à ses responsabilités ? C’est là tout L’Art de la Fugue...
L’art de la réalisation en toute simplicité ! Voilà comment devrait s’appeler le second long-métrage de Brice Cauvin (De particuliers à Particuliers) qui s’intéresse à ce cercle familial si violent, si déstructuré et pourtant si rassurant pour l’ensemble de ses membres. Et pour cela, le réalisateur s’appuye sur le roman de Stephen McCauley : « L’art de la fugue ». Brice Cauvin, avec l’aide du romancier, en ont tiré un scénario où les personnages s’entrechoquent, s’attirent tout en se repoussant, où chacun tente à sa manière d’affronter une vie qu’ils n’ont pas forcément décidé dans tous les détails et qui doivent composer avec un environnement familial ou sentimental parfois vampirisant, et parfois salvateur.
Pourtant à trop vouloir en faire ou pas assez, le réalisateur n’arrive pas à nous impliquer totalement dans les intrigues qui s’emmêlent et se dénouent devant nos yeux. Le spectateur assiste presque impassible à ce qui se passe à l’écran, et la scène d’ouverture n’y est peut-être pas étrangère, car elle situe d’instinct le film sur le terrain du drame sentimental, sans que la suite ne donne un parcours totalement logique dans la trame générale. Les personnages apparaissent comme des enfants gâtés, pas forcément sujets à problèmes, si ce n’est le personnage de Gérard qui parait avoir le plus à souffrir d’une séparation douloureuse, les autres membres de la famille, se fabriquent des problèmes là où il n’y en a pas. Antoine vit avec Adar, un homme affectueux et discret, qui lui laisse toute la liberté de vivre au grés de ses envies, Louis est amoureux de Mathilde et plus de Julie mais ses parents veulent qu’il épouse cette dernière, etc….
Tout au long du film, le spectateur se demande : Mais c’est quoi leurs vrais problèmes en fait ? Et par manque de réponse, se lasse d’une intrigue fort peu passionnante pour les uns comme pour les autres ! Car à ne pas vouloir trop en faire pour coller au mieux de la réalité ou des souvenirs éventuelles qui ont pu influencer l’intrigue, le réalisateur et sa scénaristes n’ont pas réussi à donner suffisamment de corps aux intrigues sentimentales des personnages, qui, du coup, en finissent par être fort peu attachants.
Côté distribution, les trois frères fonctionnent plutôt bien dans leur rapport : Laurent Lafitte (Papa ou Maman), Nicolas Bedos (Amour et Turbulences) et Benjamin Biolay (Au bout du conte) forment un trio cohérent, même si chacun a tendance à rester dans son rôle habituel et ne tente pas de risque. Cela vaut surtout pour les deux derniers Bedos semble prêt à chaque réplique à se lancer dans une de ses chroniques qui l’ont rendu célèbre, et benjamin Biolay reste à l’image comme à la ville, sombre, taciturne et renfermé. La véritable surprise vient plutôt d’Agnès Jaoui qui se laisse aller à un personnage complètement décalé, extraverti et pourtant masquant par une exubérance contenue une certaine fragilité de n’être jamais prise au sérieux. On finira par émettre des réserves sur le rôle d’Elodie Frégé, qui ne semble pas servir à grand-chose mais qui laisse tout de même, présager une certaine capacité à jouer la fragilité. On attendra la suite pour en être sûr.