Sally Potter, metteuse en scène de talent ? Passé l'oubliable « The Man who cried » et le discret « Yes », pas grand chose à se mettre sous la dent. Aujourd'hui, cette scénariste et réalisatrice anglaise propose la comédie dramatique « Ginger & Rosa » avec dans les rôles titres deux comédiennes en vogue, la pétillante Elle Fanning et la révélation de « Sublimes Créatures », la très jolie Alice Englert.
Synopsis Allociné : Londres dans les années 1960. Ginger et Rosa, deux ados inséparables vivent ce moment unique du passage de l'enfance à l'âge adulte. Entre parano de la guerre froide et apprentissage de la liberté, révolution sexuelle et féminisme politique, blue jeans délavés et rock contestataire, cigarettes et premiers baisers, elles entrent en rébellion contre leurs mères, pour finir par se déchirer, irrémédiablement.
En prenant comme toile de fond l'appréhension anxieuse d'un holocauste nucléaire, la réalisatrice Sally Potter, adepte des films de costume et compositrice talentueuse, livre un drame bohème et romanesque, un peu en deçà des espérances, sorte de sous Jack Kerouac doux et acidulé, où les messages contestataires sont finalement vite relégués en second plan.
« Ginger & Rosa » porte une attention – timide – sur l'amour, les familles recomposées, l'amitié, le pardon, avec un réel désir de se démarquer, sans toutefois jamais atteindre cette ambition, où seulement lors des échanges familiaux assez déchirants vers la fin du film. Une évolution avouée vers le drame œdipien qui confère au film ses instants les plus poignants.
Casting parfait néanmoins : Elle Fanning, saisissante et fragile Ginger, confirme la virtuosité d'une grande actrice lorsque Alice Englert prend doucement mais sûrement son envol et prouve qu'elle a le talent d'une étoile montante d'Hollywood, en plus de son incroyable beauté. Côté adultes, Christina Hendricks assume avec brio le rôle de mère désemparée face à l'émancipation de sa famille et Timothy Spall est touchant dans sa volonté de bien faire les choses.
Bilan : Dans le monde contemporain du cinéma hollywoodien qui souffre d'une baisse considérable de régime créatif, reconnaissons au moins à Sally Potter l'ambition de ne point plagier. Hélas, son « Ginger & Rosa » ne décolle jamais et demeure assez fade, terrassé par la superficialité des sujets abordés. Deux actrices au sommet, courageuses et intelligentes, portent le film.