Le 4e volet des aventures d’Ethan Hunt m’avait un peu laissé sur ma faim… mais avait cartonné au box-office au point que le 5e opus a été assez rapidement mis sur les rails. Je craignais qu’on y retrouve les mêmes défauts mais, ô surprise, Tom Cruise semble être décidé à revenir aux fondamentaux, non pas de la saga sur grand écran, mas carrément de la série TV ! Et il est tout simplement jouissif, pour tout fan de l’univers "Mission Impossible", époque Peter Graves, de revoir le protocole de début de mission à nouveau respecté (un dialogue codé dans un lieu neutre suivi du fameux message qui s’autodétruira dans 5 secondes), le thème légendaire de Lalo Schifrin reprendre ses droits, les masques être utilisés à bon escient ou encore le concept de piège tendu à l’adversaire être remis à l’honneur. Même le principe de l’équipe est remis au goût du jour sans pour autant sacrifier le rôle de meneur d’Ethan Hunt (ce que l’opus précédent avait commencé à faire mais en gommant trop l’importance du chef au profit de l’agent Brandt campé par Jeremy Renner). Dans cet opus, et sans doute pour la première fois sur grand écran, on trouve une véritable alchimie collective… qui se voit, de surcroît, transcendé par l’intrigue ! Car, et c’est l’autre bon point de "Mission Impossible : Rogue Nation", le scénario (qu'on pouvait craindre très inspiré du celui du 4e opus, avec ses trahisons et ses agents désavoués... à tort) est excellent et multiplie les fausses pistes et autres faux semblant. Résultat : le spectateur ne peut se fier à personne, ce qui permet de ne pas le laisser naviguer en eaux connues et d’être vraiment surpris par l’évolution de la mission et de certains personnages. Ce parti-pris est superbement personnifié par l’agent Faust (campé par la troublante Rebecca Ferguson)
dont on ne sait jamais à quel camp elle appartient réellement
. Et que dire du méchant joué par le trop méconnu Sean Harris et qui parvient, par sa gueule invraisemblable et sa rigidité cadavérique, à glacer le sang à chacune de ses apparitions… si ce n’est qu’il est, sans doute le meilleur bad guy de la saga ? Le reste du casting est, tout aussi enthousiasmant puisque, outre un Tom Cruise, une fois encore, au sommet de sa forme et définitivement icônisé dans cet univers
(voir son échange avec la petite disquaire en début de film)
, on retrouve Simon Pegg qui n’en finit plus de prendre du galon, Jeremy Renner qui ne marche plus sur les pieds de la star et voit son personnage prendre un chemin plus diplomatique des plus pertinents, l’increvable Ving Rhames qui s’offre un vrai retour dans l’équipe (retour pas vraiment exploité d’ailleurs, si ce n’est comme relique du glorieux passé) ou encore Alec Baldwin en politicard revêche comme on les affectionne tant. Enfin, un bonheur n’arrivant jamais seul, ce cinquième épisode n’entend pas renier ses acquis cinématographiques et nous réserve quelques cascades hallucinantes
(la séquence d’ouverture avec l’avion-cargo et les poursuites en moto mais, également, la séance d’apnée filmée avec beaucoup d’intelligence en plan-séquence sont à couper le souffle).
Retour en très grande forme, donc, pour Ethan Hunt et son équipe, qui sait se montrer aussi spectaculaire que drôle… même s’il manque, sans doute, un petit supplément d’âme au film, tel qu’une mise en scène plus marquée (Christopher McQuarrie étant davantage un honnête yes-man qu’un auteur) ou un twist scénaristique renversant
(aaaah, la trahison de Jim Phelps du premier opus)
pour en faire le meilleur opus de la saga. Pour moi, il reste derrière les deux premiers épisodes (y compris le second, objectivement discutable mais tellement fun et culte pour moi et mon adolescence passée) mais se hisse, sans difficulté, au-dessus des 3e et 4e opus qui m’avaient laissé craindre une mort lente de la saga et qui laisse entendre qu’elle a encore beaucoup à offrir ! Espérons que le 6e épisode, déjà en pré-production, confirmera ces espoirs !