Après leur fructueuse collaboration sur l’opus premier d’une autre potentielle franchise, Christopher McQuarrie et Tom Cruise, ce dernier n’étant pas seulement la vedette mais aussi un producteur influant, s’embarquent dans l’aventure visant à donner vie au cinquième volet de la lucrative machine Mission : Impossible. A la suite du succès de Protocole fantôme, l’excellent volet signé Brad Bird, il fallait un long-métrage solide, un film d’action à la fois hautement divertissant et suffisamment captivant sur le plan narratif pour tenter de surpasser le précédent. Si je n’irais pas jusqu’à dire que Rogue Nation est meilleur que son prédécesseur, il s’agit pourtant d’un succès retentissant. Sur le plan financier, d’abord, ou le film se positionne aisément en tête du Box-Office la semaine de sa sortie, voire d’avantage. Mais il s’agit aussi d’une réussite sur le plan artistique. Certes, McQuarrie et Tom Cruise ne réinventent pas la roue, se basant essentiellement sur les références laissées par le volet précédent, soit une succession de scènes d’action lumineuses, un humour allégeant l’ensemble et surtout, les prouesses physiques de sa star.
A la manière des bons vieux James Bond, dont MI est sans doute l’héritier dans sa version américaine moderne, il semble que les films de la franchise se doivent de toujours proposer d’avantage, le tout en respectant des codes préalablement éprouvés. De l’opus initial, signé Brian De Palma, il n’en reste que le thème musical, et pourtant, personne ne pourrait s’en plaindre, personne ne pourrait clamer un bouleversement radical. Soyons clair, Mission Impossible c’est Tom Cruise, une vedette qui n’hésite pas à mouiller le maillot, à s’investir dans les actes physiques comme dans la production. La franchise se dirige dès lors toujours vers les souhaits de l’acteur et producteur, métronome de la saga qui tente ici de reproduire le schéma du meilleur opus, celui qui le voyait infiltrer le Kremlin ou escalader un fameux gratte-ciel de Dubaï. Pour l’occasion, on nous offre un vol bien spécial en avion militaire, splendide séquence, un joli passage en milieu aquatique et une superbe poursuite en auto-moto et clou du spectacle, une scène d’action à l’opéra de Vienne, parfaitement chorégraphiée.
A n’en point douter, McQuarrie maîtrise son sujet, admirablement bien servi, accessoirement, par une équipe de techniciens, cascadeurs, dont Tom Cruise, qui lui offre l’opportunité d’une mise en scène autant fastueuse que racée. A la fois exotique et traditionnel, le film nous imprègne d’une ambiance vitaminée ou règne, plus que jamais durant la saga, un humour salvateur pour ce type de production. Cet humour, justement, est d’abord le fruit de l’excellent travail de Simon Pegg, trublion britannique souvent mésestimé qui apporte maintenant à Mission Impossible son gros lot de fraîcheur. Ce cinquième volet est également l’occasion de découvrir un personnage féminin qui aura sensiblement marqué le public, en la personne de Rebecca Ferguson, jouant juste, en toute humilité et faisant montre d’un charisme certain. On ne pourra malheureusement pas en dire de même de Jeremy Renner, plutôt effacé, lui qui devait, initialement, être introduit dans la franchise pour prendre la place de Tom Cruise. Mais ce n’est sommes toute qu’un détail.
Voilà donc une très belle proposition de divertissement pur, un film d’action/espionnage haut-de-gamme qui promet, Cruise, McQuarrie et Ferguson ayant signés, une autre épopée du même genre dans les trois ans à venir. 16/20