Avis sur D'Artagnan et les trois mousquetaires

Ah, celui-ci n'est pas piqué des hannetons, ni des vers, d'ailleurs, il est vrai qu'il est produit par TF1. Milady a ici des pouvoirs magiques, sans compter qu'elle pratique le kung-fu voltigeur, un genre de capoeira. Il y a d'entrée de jeu des effets spéciaux si cheap qu'on rigole bien, finalement. La reine a un drôle d'accent, allemand, slave, je n'ai pas réussi à le cerner mais ce n'est pas un accent espagnol, en tout cas, ce qui fait bizarre. A un moment, les nouveaux mousquetaires sont intronisés dans leur fonction, il est question d'un Bardamu chevalier Destouches, allusion à Céline dont je n'ai pas compris la pertinence, ( sans doute un clin d'oeil, ou pour prévenir les érudits égarés dans ce film que ce sera un voyage au bout de l'ennui, calembour misérable, je l'avoue ). Les images sont très moches, les couleurs criardes et les dialogues neuneus et pas du tout adaptés à l'époque. Le Louvre est représenté en images de synthèse, et avec tous les beaux châteaux qu'on a en France, je n'en ai pas saisi la raison, en tout cas, c'est laid et pas très sérieux. Pourquoi diable Emmanuelle Béart a-t-elle accepté ce rôle ridicule, pour se payer ses piqûres de collagène ? Et Tcheky Karyo, Vincent Elbaz, Jacques Spiesser, tous des problèmes avec le fisc ? Bref, c'est quand même la pire version que j'ai vue. Pour rigoler, peut-être, car c'est vraiment un nanar.

J'adore « Les Trois Mousquetaires », l'une des histoires les plus passionnantes qui puissent exister, j'ai donc toujours un a priori relativement positif dès lors qu'il s'agit d'une adaptation la concernant. Celle-ci est très loin d'être la meilleure, sa liberté vis-à-vis de l'œuvre originale étant à la fois une force et une faiblesse. Une force car cela permet à Pierre Aknine quelques surprises et donc éviter une linéarité totale vis-à-vis d'un récit fort célèbre. Une faiblesse parce que ces modifications n'apportent en définitive pas énormément, si ce n'est une pointe de fantastique qui ne m'a pas déplu, même si cela n'a visiblement pas été du goût de tout le monde. Pour le reste, Alexandre Dumas oblige, les aventures de nos quatre compères sont suffisamment riches pour que cela soit regardable, le charme opérant toutefois surtout lorsque les méchants sont en scène : Tchéky Karyo est un Richelieu correct et Emmanuelle Béart une Milady à la beauté presque irréelle : un excellent choix. Ça se gâte nettement concernant les mousquetaires : si Vincent Elbaz est plein d'entrain, son d'Artagnan part un peu dans tous les sens et manque de charisme, le trio Grégori Derangère - Grégory Gadebois - (Heino Ferch) faisant bien pâle figure. Je n'ai pu m'empêcher de repenser au merveilleux casting de la version de George Sidney : évidemment, on en est loin, d'autant que la réalisation se contente d'être du niveau d'un téléfilm luxueux et familial : honnête, vraiment sans plus, le rythme moyennement soutenu n'aidant pas non plus à une œuvre trépidante. Rien de déshonorant, mais un titre n'arrivant pas à la cheville des deux plus belles adaptations de cette œuvre mythique signées Sidney et Richard Lester, et donc ironiquement toutes deux... anglophones.

Des acteurs qui jouent mal et des irrespects à l'œuvre de Dumas (genre Milady en tant que sorcière) font de ce téléfilm quelque chose de plutôt mauvais

Sortez moi de là. J'étais déjà traumatisé par l'adaptation de 2011 mais là, je n'ai plus les mots pour décrire ce que je viens de voir. Un film qui se prend trop au sérieux, j'ai l'impression de suivre une fanfiction Wattpad d'un gamin tellement les dialogues et les effets spéciaux (qui n'ont aucun intérêt) sont grotesques. Ne perdez pas votre temps et regardez plutôt la version des années 70/80 avec Michael Yorke, qui elle ne se prend pas au sérieux et est excusable.

J'ai bien aimé cette version plaisante et sans prétention, dans laquelle la sorcellerie tient une place conséquente. Décors, costumes, ainsi que la représentation de la période, le 17éme siècle, sont sans fautes et sans anachronismes. Le jeu des acteurs brille par sa finesse et par sa sobriété. Une mini-série historique qui se laisse regarder comme une friandise.