Naissance d’une révolutionnaire. C’est sur le mode d’un long flash-back de plus de deux heures, basé sur le journal presque intime du club exclusivement féminin nommé Foxfire, que le film nous raconte comment s’est formé puis disloqué cette escouade d’amazones, crée dès le début du film par la réunion de Maddy (rédactrice donc) et Legs, cette dernière ayant parcouru plus de 150 kms à pieds (!), fuyant sa grand-mère (si bizarre) pour rejoindre son bon à rien de père (et on verra bien s’il me fout dehors). Il est fascinant de voir naître sous nos yeux le réveil d’une conscience féminine, initiatrice d’émancipation pour ce quarteron d’adolescentes, rejetant definitivement cette société américaine des années 50 si bien pensante et trop patriarcal, qui ne leur offre que pour seul horizon, la possibilité d’être soit dactylo, soit femme au foyer (Sucker Punch, Mad Men…). Dénominateur commun à toutes ces âmes perdues, une cellule familiale en total déliquescence, parents démissionnaires voir carrément absent (Elephant). Ajoutez à cela chômage, divorce et alcool pour finir de pousser cette jeunesse dans les marges d’un monde qui ne veut de toute façon pas d’elles. Comme il est si bien dit dans le métrage, Legs (cerveau du groupe) est la comète scintillante déchirant le ciel, abritant dans sa queue tout ses dévoués petits soldats de la cause féministe, ayant prêté serment au nom du collectif, quitte à y verser un peu de leur sang. Mais quand on crée une société matriarcale à seulement 16 ans, sans réelles règles ni lois, on se confronte vite aux limites du genre. Comment payer le loyer, les assurances, l’essence et la nourriture quand seulement trois travaillent sur les dix formant la petite collectivité ? C’est alors que Maddy quitte le navire, trop clairvoyante, au moment même ou le groupe décide de kidnapper un bon père de famille contre une rançon d’un million de dollars. La barrière irrémédiablement franchie, Laurent Cantet nous offre une des plus belle séquence du film lorsque le séquestré prend malencontreusement une balle dans le bide, filmant admirablement les jeunes rebelles détalant chacune de leurs cotés, disparaissant à tour de rôle dans les tréfonds de la nuit, nous laissant la désagréable sensation d’assister à la désintégration en plein vol d’un prototype mort-né. Comme le souligne la fin en demi-teinte, il n’y a malheureusement que deux échappatoires à cette impasse. Soit comme Maddy ou Rita, vous rentrez sagement dans le rang en ravalant amèrement votre salive. Soit comme Legs, qui après avoir réussi à prendre la fuite, restera Fidèl(e) à ses convictions, trônant quelques années plus tard à la une des journaux photographiée en uniforme de guérilleros Cubain.
Allez. je vais mettre la moyenne à ce film. Ce n'est pas le meilleur film de l'année, mais c'est trés trés loin d'être le plus mauvais. Ca reste du cinéma ! (ce qui est loin d'être le cas de tous les films....)
Partagée. Je ne sais pas trop, à dire vrai, si je le conseillerai ou pas. On attend pendant un long moment que l'histoire/le film commence (et je crois qu'en sortant de la séance, elle n'avait toujours pas commencé), mais l'ambiance du film est à voir, les actrices jouent plutôt bien et ne serait-ce que pour l'oeuvre de Joyce Carol Oates, il serait bienvenu de pousser la porte du cinéma. Film à voir pour se faire une idée (mais surtout bouquin à lire!)
Laurent Cantet illustre le parcours d'une bande de filles luttant pour ses droits dans l'Amérique des années 50. Après les grands espoirs suscités par la création du groupe et ses premières actions, les dissensions et les désillusions apparaissent peu à peu. Il a symbolisé, via cette histoire, d'autres combats idéologiques ayant connu la même issue fatale. Malheureusement, le film est classique dans son approche, il génère peu d'émotions et d'empathie envers ses personnages pas assez travaillé malgré la durée du film bien trop longue à mon sens (de nombreuses répétitions et des scènes trop illustratives et sans grand intérêt).
Non et non, les critiques aiment L Cantet quoiqu'il fasse .OK, mais encore une fois ils se mettent le doigt dans l'oeil.Evitez ce film long et ennuyeux.
Un film sur une bande de jeunes filles qui ne sont pas prête à se laisser écraser par cette société patriarcale. Elles montrent les crocs, et ça fait vraiment plaisir à voir. On a le temps de s'attacher à ces personnages complexes, on les suit dans leur révolte, dans leur soif de liberté. Vraiment touchant comme film.
Plutôt une bonne surprise que l'histoire de cette bande de filles en pleine adolescence et qui dans les années 50 aux USA décident de se rebeller contre la main mise des hommes. Cela préfigure des changements de société qui vont avoir lieu en occident dans les années qui vont suivre. Mais si le film est très bien durant la première partie, il devient long et ennuyeux ensuite, beaucoup plus plat, c’est dommage.
Malgré quelques longueurs et parfois un manque de rythme, on a la sensation d'être au sein de ce gang. Servit par de bon acteurs, ce film est bon dans l'ensemble.
Impression générale : un gros mic mac d'ambitions politiques... Mais où veut-il en venir? Si c'est une critique du féminisme, je crois que ça manque de fermeté!
Un film intense, rude, éprouvant, avec certes quelques longueurs mais pétri d'une authenticité et d'une rage impressionnantes. Les jeunes actrices sont très convaincantes. C'est "Thelma et Louise" mais sous forme "gang de jeunes", et de loin l'un des meilleurs films à voir en ces temps de disette cinématographique.
Lutte féministe ou repli dans la solitude autour de leur chef? Les petits méfaits de ce gang expriment plus de craintes face à leur vie de femme que d'aspiration à l'égalité des sexes. Laurent Cantet marque la détermination de chacune de ces "gang-woman" mais élude leurs émotions jusqu'à ce dénouement ou elles retrouvent la gravité des choix d'adulte.
Le film de Cantet ne manque pas de qualités mais ne convainc pas vraiment. L'évocation des années 50 est subtile, loin des canons hollywoodiens, soulignant (parfois un peu lourdement) les pulsions obscures qui sous-tendent cette période (racisme, sexisme, violence du patriarcat et du capitalisme) et dont certains traits n'ont pas disparus aujourd'hui. Le groupe de filles qui s'agrège autour de la fascinante "legs" est plutôt bien dessiné, même si on reste un peu trop à la superficie (seules Legs et Maddy possèdent une vraie complexité). Le rapport entre ces deux filles est d'ailleurs assez riche (fascination quasi amoureuse), même s'il est d'avantage esquissé que traité en profondeur. Quant à la dimension politique du film, il est multiple : le groupe Foxfire évoque autant les prémisses du mouvement féministe que le combat pour les droits de l'homme des années 60, voir les groupes d'extrême gauche des années 70. Mais tout cela est tantôt un peu lourdement évoqué, tantôt un peu évanescent. Le volet "polar", enfin, est à la fois bien tenu dans la montée de la tension, mais aussi très attendu (le récit demeure assez programmatique). Bref, on a l'impression que Cantet s'est perdu entre plusieurs pistes, se refusant à en adopter une franchement. Et le film semble se dissoudre tandis qu'il avance. D'où une impression de mollesse et d'inachèvement, malgré ses qualités.
Une magnifique brochette de jeunes femmes énervées des années 50, au destin de bobonne tout tracé, s'organise en société secrète pour régler des comptes avec les représentants principaux de la société qui les attend : des types de leur patelin, tous plus ignobles les uns que les autres et peu ou prou figures d'un pater familias dégénéré. Les nanas s'énervent, cognent, sous la houlette d'une meneuse (auto) désignée. Les filles persistent, et signent, avant qu'on ne se rende compte que, pétries de la même boue que pas mal de leurs ennemis, certaines se révèlent être assez hommasses ou racistes, ou les deux. Animées d'un fanatisme juvénile poussé à bout, les insurgées finissent par verser dans le crime de droit commun, le groupe éclate. L'embardée criminelle est vaguement décevante dans sa chute, ce meurtre, car on se dit qu'elles valaient mieux, ou auraient pu mieux faire, être plus subtiles mettons. Mais n'est-ce pas le risque, avec tout fanatisme, après tout, que de conduire à l'abjection tôt ou tard, se disait-on en sortant... Le fim est un peu long, aurait pu tenir avec une demi heure de moins sans doute. Mais il a le mérite d'exister, et la thématique reste fraîche, bien d'actualité. Tous les acteurs, pas seulement les nanas, sont excellents.